Il y a des groupes comme ça. Pas antipathiques, loin d'être inintéressants, mais pas vraiment passionnants non plus. Se pencherait-on sur le nouvel album de Coldplay, le quatrième, si le groupe anglais ne connaissait, dans de nombreux pays du monde, dont la France, un si vaste succès populaire ? Se sentirait-on appelés par ces chansons, exhortés à les écouter, si le quatuor n'était encore, à qualité égale, qu'un attirail pop-rock de sang anglais parmi tant d'autres ? Depuis la fin des années 90, Coldplay, et son chanteur Chris Martin, vit une carrière presque tranquille, à l'écart du peloton. Ni au-dessus ni au-dessous, à côté. Ses disques sont souvent inégaux, notamment à cause de textes parfois un peu plats. Et pourtant, à chaque album, Coldplay trouve le moyen, musicalement, mélodiquement, de sortir du lot avec panache, le temps de deux ou trois chansons porte-drapeau. Appelons ça un « savoir-faire ». Ce sera encore le cas en ce début d'été, avec l'impeccablement raide et fier Violet Hill, vrai beau tube de rock radiophonique, avec guitares au garde-à-vous et batterie martiale, pendant que Chris Martin se réinvente en David Gilmour du XXIe siècle sur une mélodie vocale à l'efficacité garantie sur facture. Excellente chanson, comme le furent dans le passé Yellow, In my place, What if et une poignée d'autres - notamment toute la fin du troisième album, le sous-estimé X&Y. Coldplay fait partie de ces groupes pour qui l'écriture du « single qui tue » (en douceur ou d'un coup sec) reste un objectif majeur - noble cause ! - et la condition, bien souvent, d'une large reconnaissance de la part du public, des médias et des critiques.Pas d'inquiétude, donc, cette fois encore, même si c'est autre chose qu'on retiendra de ce Viva la Vida or Death and All His Friends produit par l'ami Brian Eno : bien plus que dans le passé, Coldplay semble avoir voulu renouveler sa palette de couleurs, se plongeant (manifestement avec beaucoup de plaisir) dans l'océan des possibles, d'arrangements baroques en longs instrumentaux échevelés, quitte à se perdre un peu en route. Ces chansons nouvelles sont plus complexes, plus variées, plus fouillées qu'avant, et Chris Martin a clairement décidé d'arrêter de faire du Chris Martin. Certains regretteront sans doute la tranquille cohérence des trois premiers albums, mais au moins, cette fois-ci, Coldplay surprend. Et plutôt en bien. (Télérama)


Pour interviewer Chris Martin, le chanteur de Coldplay, il ne faut pas montrer patte blanche, mais chaussette propre : on n'entre dans l'antre du groupe, un complexe de studios, salons et bureaux, dans le quartier londonien de Camden qu'à condition d'enlever ses chaussures. Dans un cirque rock'n'roll et destroy propre au groupe (dont le frigidaire n'accueille aucun alcool mais beaucoup de smoothies), il faut sans doute préserver les bois - on parle des planchers. On soupçonne donc le groupe de répéter en chaussettes (en chaussons ?). Aucune paire de santiags ou de Doc Martens n'attendent sagement leur propriétaire dans le hall. Nous sommes bien chez Coldplay.Pourtant, quelques détails ont changé dans cet intérieur autrefois si comfy-cosy, si douillet, si lisse - on parle-là de musique. La voix se fait plus rocailleuse, inquiète, quitte le molleton douillet de sa couette mélan-cosy. Probable conséquence de la nomination de Brian Eno au poste de producteur, les mélodies abandonnent aujourd'hui les chichis et dentelles, pour des expériences plus intenses, à l'image de l'introductif et instrumental Life in Technicolor : un grand morceau enchanteur qui, en une poignée de secondes, résume parfaitement dix ans de songwriting de Martin : des mélodies supérieures sous haute influence Echo & The Bunnymen, et une écriture ample qui, chose rare dans le paysage anglo-saxon, parle le langage des stades sans vraiment sombrer dans le pathos. Car il faudrait être bébête, borné ou snobinard pour ne voir en Martin que le grand blondinet upper-class amoureux de soja et de comptines commodes que ses détracteurs se plaisent à décrire chaque semaine dans les journaux britanniques, le faisant même passer récemment pour le représentant du rock mou du genou des années Tony Blair - ils confondent, celui-ci s'appelle Oasis. Et ce quatrième album, plus sinueux qu'il n'y paraît, confirme les nœuds, les boucles et les esprits qui habitent depuis toujours l'encéphale de Mister Paltrow : qu'il se dévoile en perdant magnifique (Lost!), raconte ses fantômes (42, ballade qui rappelle à notre souvenir l'inoubliable Everything's Not Lost), ouvre ses oreilles, sur les conseils de Brian Eno, aux albums de Tinariwen, ou continue d'allouer à la FM son lot de gros tubes pour l'hiver (l'irrésistible Viva La Vida, prêt à démonter la baraque), Chris Martin mérite, sinon l'amour fou, du moins le respect. (Inrocks)
Las de ne pas se reconnaître dans le reflet du miroir que leur tendait leur époque, pris en étau entre les midinettes et le fond de pension, il ne restait à Coldplay qu’une option viable : retenir son souffle, prendre son élan et foncer. Et après, on verrait bien. C’est donc dans les meilleures dispositions que la formation entame sa collaboration avec l’immense Brian Eno : déstabilisé, humble, mais ambitieux. Le résultat dépasse de loin tout ce que l’on pouvait attendre. Viva La Vida Or Death And All His Friends est le grand œuvre d’un groupe qui s’est surpassé et d’un musicien producteur à qui l’histoire du rock doit décidément une fière chandelle. Eno n’est pas juste un type derrière des manettes, mais un formidable passeur, un prescripteur de curiosité qui, avant même d’entrer en studio, a simplement dressé pour Chris Martin et les siens une liste de disques à écouter, de films et d’expositions à voir. Bien se nourrir avant d’aller au charbon, c’est élémentaire, mais il fallait y penser. Coldplay récolte les fruits de cette méthode sur son quatrième album. On y entend distinctement les influences et les citations (Arcade Fire, My Bloody Valentine, John Lennon, Radiohead, Velvet Undergound), mais elles sont toujours transcendées par une inspiration et un souffle inédits. Parcourues par un fourmillement d’idées magnifiques, les nouvelles chansons du groupe sont si puissantes, leur mise en son si originale, qu’elles semblent à la fois neuves et familières. Les guitares de Cemetries Of London strient l’espace sans emphase ; les orgues de Lost! surplombent une rythmique impressionnante ; les cordes somptueuses de Yes s’enroulent en arabesques sur un épais tapis de guitares. Un travail particulier sur les chœurs donne au disque un aspect tribal : Eno a insisté pour que chacun chante et donne lui-même de la voix sur quasiment tous les morceaux. Sur Chinese Sleep Chant, les voix sont complètement en retrait, noyées sous une avalanche de guitares et une rythmique roulante. Une attention remarquable est portée aux rythmiques, avec des percussions très présentes. Des morceaux à tiroirs recèlent des mélodies brillantes, souvent portées par un piano irrésistible (les immenses Lovers In Japan et Viva La Vida). On remarque aussi cette capacité nouvelle chez Coldplay à tenir en apesanteur, à broder sur des motifs répétitifs des chansons gracieuses (entrelacs d’arpèges de guitare électrique et de piano sur Reign Of Love, boucles entêtantes d’une guitare africaine sur l’extraordinaire Strawberry Swing). Les ventes phénoménales de Viva La Vida Or Death And All His Friends ne sont pas uniquement un soulagement pour EMI, elles sont une bonne nouvelle pour notre époque. La planète a besoin d’un grand groupe pop fédérateur, capable de produire des disques beaux, amples, populaires et ambitieux. Qui d’autre que Coldplay ? (Magic)
Le Front National a beau reculer dans les sondages, Coldplay est victime en France, d’un délit de faciès. La gent rock n’aime pas Chris Martin et sa clique (pas assez cool) et refuse de s’encombrer de sa musique. Qui plus est, Coldplay, malgré le contexte assassin, vend des millions de disques... Quelle horreur ! C’est vraiment trop con, car ce quartette anglais parachuté par Capitol début 2000 et dont on suit l’évolution ici depuis ses débuts, continue de grandir, au plan artistique s’entend. Enregistré en partie dans son nouveau QG londonien (The Bakery), “Viva La Vida” pète à la gueule et badigeonne les oreilles d’un coulis de chansons rouges comme le sang. Oui, il y a du U2 version stade dans celles, aux arrangements enchevêtrés, qui ouvrent ce quatrième album (“Life In Technicolor”, “Cemeteries Of London”). Une même démesure dans “Lost !”, compo qu’on jurerait détournée du répertoire de Tom Petty, produite bien plus grandeur nature, avec son tapis de percussions déroulés sous un orgue martial. Si “42” commence par creuser le même sillon que “Fix You”, elle se laisse finalement enrober par des cordes qu’il a fallu inventer, avant de muer en un carambolage rythmique et harmonique dont jaillit un pont pop aux accents kaléidoscopiques, soutenu par des guitares que n’aurait pas reniées feu George Harrison. “Lovers In Japan/ Reign Of Love”, doublé dansant puis tintinnabulant, profite de la production associée des ingénieux Brian Eno et Markus Dravs que le groupe n’a pas eu à solliciter : les deux, presque simultanément, ont frappé à sa porte pour extraire le meilleur de ce type de ballade inclassable. “Yes/ Chinese Sleep Chant”, psychévolutive, ressemble à ce qu’auraient pu faire les Beatles aujourd’hui si le sort ne les avait pas décimés, et si quelqu’un osait, tout simplement, l’imaginer. Sans même savoir s’il en sera un, on affirme que “Viva La Vida”, agité par des violons étourdissants et servi par une mélodie courtisane mais jamais putassière, est un des singles les plus intelligents et attachants de la décennie. “Violet Hill”, pas du genre à coucher le premier soir non plus, se laisse finalement convaincre et offre toutes ses trouvailles sonores, rassemblées dans une corde d’abondance : de quoi propulser vers Vénus et Mars, une mélodie à cœur vaillant pour qui rien n’est impossible. Offerte en pâture il y a quelques semaines, la chanson aux deux clips a battu tous les records de téléchargement (Radiohead compris). Incapable de modération cette fois, Coldplay ouvre toutes les vannes de son exubérance avec “Strawberry Swing” et “Death And All His Friends/ The Escapist” qui panachent des ambiances luxuriantes et rappellent le déluge du premier Peter Gabriel, rendu plus dévastateur encore, par Bob Ezrin. Comme pour boucler ce tour de grand huit, le titre final est une invitation à remettre au début “Viva La Vida”, disque certainement trop évolué pour son époque, mais qui s’imposera parce que la machine Coldplay est en marche (trois dates en France en septembre). Il y a encore trente ans, reconnaître qu’il est excellentissime aurait suffi à le faire aimer et vendre. (Rock n folk)
Alors, il est comment le nouveau Coldplay ?" Voilà la question que tout fan ou détracteur du groupe d’Oxford est en droit de se poser à l’approche de la sortie de "Viva La Vida". Après avoir bouclé un cycle avec trois albums dont on retiendra surtout les deux premiers, le groupe aux millions de disques vendus revient avec un album surprenant riche en expérimentations nous dit-on. Voilà de quoi intriguer plus d’un auditeur. Mais là où ils diffèrent de leurs ainés et influence principale Radiohead, c’est par le choix de leur producteur, en effet pas de Nigel Godrich ici mais bien Brian Eno épaulé par Monsieur Arcade Fire Markus Dravz. Après une première écoute voici ce que nous pouvons dire: Life in Technicolor dont le titre (mais peut-être pas seulement le titre) résume bien l’état d’esprit du groupe sur cet album, à savoir passer du noir et blanc à la couleur. Il s'agit d'un morceau instrumental charmant et aérien qui prend un peu de temps pour démarrer, mais une fois qu’on le croit capable de voler de ses propres ailes retombe un peu bizarrement. Les couleurs ça a du bon, ça donne de la gaieté aux titres les plus sombres mais par contre, ça ne fait qu’accentuer les inégalités. Le single Violet Hill avec son refrain accrocheur fonctionne très bien et risque de cartonner dans les grosses salles lors de la future tournée. Cemeteries of London, tout en contrastes ne cesse de surprendre dans le bon sens du terme. Si on reconnaît des détails qui nous avaient fait aimer le groupe notamment la voix de Chris Martin, on est frappé par cette atmosphère sombre et froide sur fond de musique chaude et entraînante, une réussite. Plus fort encore 42, très certainement LE morceau le plus trompeur de l’album et celui qui recueille nos faveurs, avec son introduction toute simple piano-voix teintée d’une mélancolie belle à pleurer qui cache différents mouvements plus ou moins rythmés, une véritable curiosité. Après un tel sommet, les titres se suivent et rien ne capte plus trop notre attention tant ils se ressemblent tous : mélange de tubes radio et d’arrangements luxueux et faussement recherchés. On notera quand même des qualités aux deux morceaux qui ont donné son titre à ce quatrième effort des anglais: Viva La Vida à la limite du kitsch tant il transpire le son 80’s et Death and All His Friends qui clôt bien l’album avec son rythme très martelé, on se dit que quitte à partir un jour, autant que ce soit comme ça. Chers messieurs de Coldplay, la mort vous va si bien… Une chose est sûre, on ne nous a pas menti. "Viva La Vida" regorge d’expérimentations en tous genres: orgue d’église, rythmes groovy, disco ou world, clochettes, cordes dignes du meilleur mélo, claquements de mains flamenco… mais on finit par se demander si tous ces sons inattendus sont là pour servir les morceaux ou simplement pour "faire genre". En effet, trop d’expérimentation tue l’expérimentation et le fouillis prend la place de l’originalité. (indiepoprock)
bisca
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le 19 mars 2022

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