Vérité
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Vérité

Album de Homs (2022)

On ne va pas se mentir : c’est toujours délicat de rédiger une critique sur une œuvre sérieuse de quelqu’un qu’on connaît de près ou de loin. Ici l’œuvre en question est un album, signée par notre giannihoms, qui s’appelle Vérité. E̶t̶ ̶l̶a̶ ̶V̶é̶r̶i̶t̶é̶,̶ ̶t̶u̶ ̶l̶a̶ ̶s̶a̶i̶s̶,̶ ̶c̶’̶e̶s̶t̶ ̶q̶u̶e̶ ̶l̶e̶s̶ ̶b̶l̶a̶n̶c̶s̶ ̶n̶e̶ ̶s̶a̶v̶e̶n̶t̶ ̶p̶a̶s̶ ̶d̶a̶n̶s̶e̶r̶.̶ Et la vérité, comme dit Palpal, c’est important.


C’est pas parce qu’il s’acharne que c’est bien / Le flatter pour être sympa, ça ne mène à rien.

Je balance des 5 à PNL car c’est éclaté au niveau des textes. Je balance des 3 à Hamza car ça fait passer PNL pour des plumes. Malgré le petit lien senscritiquien qui nous unit, Homs sera évalué sur la même échelle.


Avant l’écoute j’appréhendais. Je m’imaginais justifier une mauvaise note puis, pire, faire le tocard en ne notant pas pour ne pas vexer. Et en fait c’est crédible.


C’est crédible sur tous les aspects bien qu’il manque un petit quelque chose pour que la sauce prenne complètement ̶c̶o̶m̶m̶e̶ ̶u̶n̶ ̶b̶u̶k̶k̶a̶k̶e̶ ̶s̶u̶r̶ ̶t̶a̶ ̶d̶a̶r̶o̶n̶n̶e̶. L'album est homogène dans la forme, bien que linéaire, et révèle une certaine maîtrise des codes. C’est du rap de passionné qui, pour l’instant, reste pour les passionnés comme moi qui y retrouveront l’âme des débuts maladroits de nombreux jeunes artistes de l’underground des 10’s. En 2022.


Et en 2022, c’est un kiffe de retrouver des samples communicatifs tels que Les Miens de Shurik'N ou de Retour aux Pyramides des X-men sur Journal. Cependant c’est jouer à un jeu aussi courageux que dangereux que d’aller sur ce terrain. Et on évitera pas les fautes de goûts qui n’en étaient pas il y a quelques années telles que tacler Zemmour sans être granguignolesque.


Force est de constater que les morceaux convainquent. Timidement mais convainquent. On se livre sur l’intro’, l’ambiance renvoi aux indépendant de l’ancienne école, ça sample les téléportations de DBZ et il n’y a pas de place à la chansonnette. Ça kick en mode rappeur conscient. C'est propre.


Et si globalement ça me plait, il faut faire attention à l’abus de 1er degré. Transmettre un message est une gymnastique périlleuse et nous ne sommes pas tous Hermès ou Keny Arkana.


Les meilleurs exemples étant Balivernes et Ineptie où sont notamment prônées les valeurs du véganisme. C’est casse-gueule. Il est préférable, à mon sens, d’en parler au détour de quelques lines ou phases sur des morceaux freestyles où on cherche la punchline, la réaction. Malgré tout, c’est bien dosé, il y a un vrai recul maîtrisé et nécessaire pour notre public rap qui peut être à tendance boomer-réac-wesh-les-carences-osef-des-animaux.


On perpétue la cruauté sous motif de tradition

Homs sait écrire des lignes fortes. Les multisyllabique sont tenues, bonnes, mais c’est trop « à l’ancienne » dans la plume. Si c’est toujours bien posé, avec de bonnes variations de flow, avec de bon temps de pauses, il manque un tuc. Par exemple, dans Retour, il "s'excuse de ne pas être à la mode" : Certes, maintenant il faut casser la porte et proposer quelque chose avant de s’excuser.


Plutôt que d’avoir des postures revendicatives qui risquent de faire paraître condescendant, je préfère qu’on me dévoile ce que l’on ressent par rapport à ces injustices.


Quant à la forme pure, c’est clean, linéaire mais ça se permet quelques folies. Notamment avec un Orwell avec une vibe plus actuelle, rafraîchissante, où nous retrouvons de l'auto-tune qui dénote et pas en mal. Car utilisée avec parcimonie. J’y ai entendu du Louvar en plus maîtrisé. C’est très bien placé sur la tracklist et témoigne d’une bonne construction d'album.


Autre morceau qui ressort : 142 BPM qui donne envie de flex malgré quelques fautes de goût pardonnables. Mais il fait particulièrement plaisir quand il est en confiance avec son pote, ça kick ! Ça en jette ̶c̶o̶m̶m̶e̶ ̶u̶n̶ ̶m̶é̶c̶h̶a̶n̶t̶ ̶c̶l̶o̶w̶n̶ ̶d̶a̶n̶s̶ ̶u̶n̶ ̶a̶v̶i̶o̶n̶-̶t̶a̶x̶i̶.


Tourments est également prometteur. Il parle dans le sens noble. Mais ça manque d'anecdotes personnelles pour qu'on s'identifie. Le discours tire tous les mots des artistes torturés sans qu'on ne apprenne vraiment ce qui torture.


Je te gifle à PES, tu me fais découvrir le rap. 20 ans après regarde moi je suis en train d'écrire ce track

Traque, c’est ce qu’on peut ressentir à l’idée d’écouter d’un album d’un pote. Traque, c’est aussi ce qui se trame pour le second projet. Je l’attends. Et mon seul vrai conseil serait concernant l’écriture, tant je n’ai rien à lui apprendre sur le reste : il faut se laisser aller. Avoir conscience d’être en marge, se confier davantage, quitte à user d’auto-dérision ou d’auto-déconstruction. Que le passionné devienne passionnant.

Alex-La-Biche
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le 23 nov. 2022

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Alex La Biche

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