Veneer
7.6
Veneer

Album de José González (2003)

Qui es-tu, José González ? Un concitoyen de Migala qui promène son spleen sur les microsillons du label Peacefrog ? Est-ce le soleil méridional qui réchauffe ainsi ta guitare, mais a asséché tes yeux ? Trêve de clichés sur l'autoroute des vacances et demi-tour vers le Nord : comme son nom et sa musique l'indiquent assez peu, José González vient de Suède, l'autre pays du folk. Et ça ne rigole pas des masses. Non qu'on tînt les excellents Mathias Hellberg, Christian Kjellvander ou Nicolai Dunger pour des petits marrants, mais l'ambiance est ici particulièrement austère. La faute à des chansons courtes et arides emmenées par une voix pleine qui laisse filtrer assez peu d'émotions. Le vrai réconfort vient d'un jeu de guitare libre et chaleureux, ouvert à des rythmes bossa, qui évoque immédiatement celui de Nick Drake (lumineuse Remain). La comparaison s'arrête là. Le Scandinave a laissé son romantisme au vestiaire pour délivrer en solitaire ces chansons sobres et rêches, volontiers répétitives, trop rarement assouplies par des mélodies accroche-coeur (Heartbeats et surtout Save Your Day, ballade enfin poignante). En bout de course, Hints ressemble à un blues primitif interprété par le fantôme de Tim Buckley. L'ensemble a suffisamment de tenue et de force pour y jeter une oreille attentive et garder en tête le nom de ce jeune homme qui n'a que vingt-cinq ans et finira bien par nous décrocher un sourire un jour. (Magic)


La pochette aussi élégante que sobre, évoque une relecture du diagramme topographique du Unknown Pleasures de Joy Division. Musicalement, la comparaison s'arrête ici, mais la tristesse et la violence de chaque seconde de cet album ne sont pas si éloignées de celles que Ian Curtis portait de sa voix sépulcrale.L'inconnu José Gonzalez, norvégien d'origine argentine, a choisi le dénuement le plus total pour livrer de splendides folk songs, portées par un jeu de guitare élégant, regorgeant d'arpèges magnifiques et pourtant sans grandes fioritures ni envolées virtuoses, un jeu subtil et incroyablement expressif. Une guitare, une voix (parfois doublée) : c'est tout ce que l'on entendra (mises à part quelques notes de trompette sur le morceau de clôture) sur ce disque court et bouleversant. Ce dénuement volontaire, et le désespoir tangible qui émane de chaque note, évoquent bien entendu l'inévitable Pink Moon de Nick Drake ; une référence qui serait écrasante pour la quasi-totalité des disques, mais qui n'empêche à aucun moment "Veneer" d'exister par lui-même. Alors, parce que "Veneer" fait partie de ces disques dont on devine dès la première écoute qu'ils vous hanteront longtemps, de ces oeuvres planant au-dessus de la mêlée, de celles dont on pressent déjà qu'elles seront à l'épreuve du temps, et parce qu'on espère utiliser le terme de chef-d'oeuvre avec assez de parcimonie pour qu'il ait encore un sens quand on souhaite l'employer, on prefère clore cette chronique par un silence admiratif. (indiepoprock)
José Gonzalez est le songwriter que vous devez tous découvrir. Au même titre que Gravenhurst (Warp), le Suédois mérite que l’on porte beaucoup plus d’attention à sa musique. Le folk de José Gonzalez peut rappeler l’Anglais signé chez Warp, et est évidemment sous influences folk, mais il est une pièce magnifique qui sait aussi se rendre unique par sa personnalité intrigante et séduisante. Peu de songwriters écrivent de si belles chansons, peu manient aussi bien les arpèges de guitares et peu rendent tout simplement une guitare folk aussi hypnotique…La mélancolie et la douceur qui habitent ce « Veneer » sont si attirantes qu’elles font de son auteur un (jeune) maître de la musique folk des années 2000. Sur « Crosses », le Suédois trouve des mélodies inoubliables, et lorsqu’il adapte le tube « Heartbeats », de The Knife (Suédois aussi), à sa guitare, on a presque envie de crier au génie. Au fil des titres, José Gonzalez montre sa personnalité, et évolue dans un style qui lui est bien propre. Toujours en douceur, avec cette dose suffisante de moments moins « faciles », il tisse un album somptueux qui sera le meilleur compagnon de chevet des cœurs brisés. (liability)
bisca
7
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le 27 mars 2022

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bisca

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