V
6.6
V

Album de Karma to Burn (2011)

Des riffs qui pèsent des tonnes

Les Karma To Burn ont géré leur carrière de manière catastrophique. Au départ trio instrumental, les américains se sont vus contraints d'embaucher un chanteur pour pouvoir signer sur une maison de disques. Résultat, un premier album éponyme (1997) qu'ils conchient encore aujourd'hui, alors qu'ils y produisaient un rock stoner de haute facture. Le chanteur tant décrié y tenait d'ailleurs une place pour le moins anecdotique et assurait plutôt bien son rôle.


Une fois ce membre fantôme gentiment remercié (la classe !), on pouvait donc légitimement s'attendre à un chef d'œuvre, les trois ricains ayant désormais les mains tout à fait libres. Oui mais voilà Wild Wonderful Purgatory (1999) n'a clairement pas répondu aux attentes placées en eux : une collection de riffs sans âme, des morceaux se ressemblant tous... Un échec, ou presque. Et c'est seulement en 2001 que les Karma to Burn sortirent ce qui est à ce jour leur pièce majeure : Almost Heathen. Ou la puissance des riffs, la construction intelligente des chansons du premier album, mais sans la redondance du second. Une bombe.


Problème : en 2001, les rois du stoner, Kyuss, s'étaient mués en reines : les Queens Of The Stone Age enterraient définitivement le style pour renaître en maîtres de la pop (très) musclée. Cela fit sans doute beaucoup de mal à Karma to Burn, qui, certainement faute de succès, mit un terme à sa carrière. Ils revinrent en 2011 avec V, petit brûlot qui reprend les choses là où elles s'étaient arrêtées dix ans plus tôt : une guitare qui pèse une tonne, une basse souterraine et un batteur toujours inspiré. C'était inespéré, d'autant plus que, pour être tout à fait sincère, les américains avaient déjà amorcé leur come-back l'année précédente avec Appalachian Incantations... Avec du riff, du riff et encore du riff, sans malheureusement que ça ne fonctionne jamais. Comme si William Mecum et ses compères avaient voulu compiler leurs dix années de vaches maigres : c'était parfaitement indigeste et aussi vite oublié.


V évite cet écueil et condense en huit titres (dont une reprise) tout le savoir-faire mélodique et percussif du trio. L'album est d'autant plus agréable que sur trois chansons le chanteur de Year Long Disaster s'invite, ce qui aide l'ensemble à respirer. V s'écoute donc d'une traite, et talonne de près Almost Heathen. Qui l'eut cru ?

Créée

le 29 août 2018

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François Corda

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