Trouble
7.5
Trouble

Album de Ray LaMontagne (2004)

Pourtant, que LaMontagne est beau", aurait pu chanter Jean Ferrat s'il avait eu l'occasion d'écouter Trouble, premier album de Ray LaMontagne. Ce jeune homme originaire du New Hampshire explique avoir grandi sans son père. Ce qui lui a sans doute définitivement brisé le cœur, mais aussi permis de s'inventer d'autres figures paternelles : Neil Young, Van Morrison, Bob Dylan, Willie Nelson, Otis Redding, Terry Callier, Scott Walker. Le disque de Ray LaMontagne est un anachronisme brillant et patiné. On dirait la réédition d'un trésor caché de la fin des sixties, une perle folk-soul repêchée dans l'océan de l'oubli.
Ray LaMontagne creuse une veine folk, mais on ne saurait le confondre avec les jeunes voyous de l'antifolk, du néofolk ou du postfolk. Chez Ray, les instruments sont tous très bien accordés. La basse a des cordes en soie, le piano est peut-être blanc, des violons passent comme une averse. Là-dessus, Ray LaMontagne chante comme un vieux pull en cachemire. Il est tout usé, mais il tient chaud et c'est celui qu'on préfère. Il y a dans sa voix la puissance soul de Van Morrison et la douce fragilité de Neil Young. Il y a de l'écho, et c'est normal dans LaMontagne. Troublant Trouble, qui pourrait emmener LaMontagne au sommet. Doux et austère, c'est plus le Massif central que les Alpes. Jean-Louis Murat pourrait adorer ce disque. Seule déception : le morceau titré Jolene n'est pas une reprise de l'éponyme chef-d'œuvre de Dolly Parton. Et c'est regrettable, car on ne rend jamais assez hommage au talent de Dolly Parton. (Inrocks)


L'Américain Ray Lamontagne est un type sérieux et appliqué. Son premier disque témoigne d'une vibrante fascination pour le folk rayonnant de Van Morrisson sans oublier les côtés les plus conventionnels des premiers Tim Buckley ou encore les circonvolutions introspectives d'un John Martyn. Trouble est ainsi une jolie collection de chansons à l'acoustique pastorale et mesurée, où un quatuor à cordes vient de temps à autre étoffer une production par ailleurs fort mesurée et discrète. Pourtant, ce disque manque trop souvent de souffle et de passion pour convaincre totalement. Car là où ses maîtres parviennent toujours à emporter des compositions parfois légères par une interprétation sans faille et totalement habitée, Lamontagne fait preuve d'une trop grande application et timidité. Ce premier effort ne manque néanmoins pas de bons moments et de jolies ballades (Narrow Escape ou All The Wild Horses), qui laissent entrevoir un avenir autrement plus passionnant, une fois que leur auteur aura réussi à passer outre l'ombre impressionnante de ses glorieux aînés. (Magic)

L’histoire de Ray Lamontagne est touchante. Elle pourrait donner lieu à un film. Bringuebalé et élevé avec cinq autres frères et sœurs (tous de pères différents) par une mère courage, il n’a, déclare-t-il, parlé à son père en tout et pour tout qu’une minute trente... Et pourtant il marche sur ses pas puisque ce dernier est musicien. Ayant connu une véritable vie de bohème, Ray se résumera pour sa mère à un mot, qui est aussi - du coup - le titre de son premier album : Trouble.Vivotant comme ouvrier dans une usine à chaussures, ne voyant jamais la lumière du jour... Un jour cependant, au gré du hasard, il entend dans son radio-réveil une chanson qui va bouleverser son train-train ennuyeux : "Tree Top Flyer" de Stephen Stills lui sonne aux oreilles comme une révélation. A tel point qu’il n’ira pas travailler ce jour-là, préférant faire les magasins de disques à la recherche de Stills Alone, qu’il écoutera ad nauseum.. Il a trouvé sa raison de vivre : la musique, en faire surtout. A partir de là, il consacre son temps et son énergie à la musique et au chant, qu’il doit impérativement perfectionner. De fil en aiguille, avec quelques coups de main de gens qui succombent à sa musique (dont le gouverneur du Maine qui le présentera à un ponte de la maison de disque Chrysalis), il finira par percer. Véritablement sous le charme, le label lui donne carte blanche et lui offre le services d’Ethan Jones, producteur de Ryan Adams et des Kings of Leon. Le processus d’enregistrement se déroule alors selon un processus très simple : Ray joue de la guitare et chante, puis Ethan Jones rajoute tous les instruments, dont un ensemble de cordes absolument prodigieux. On peut souligner deux constantes, une soul et une folk-country sur cet album : d’abord, les disques que Ray a découvert à la suite de Stills Alone, comme Otis Redding, Ray Charles d’un côté, Neil Young et Bob Dylande l’autre, ont véritablement marqué et influencé le bonhomme car leurs ombres sont nettement perceptibles. Comme ces rois de la soul, la voix de Ray y est d’une beauté naturelle, tout en émotion. Et comme ces rois du folk-country, les textes y ont aussi leurs lettres de noblesse (il y est beaucoup question de rêves brisés et d’amour). Les violons sur certains titres (comme "Hold you in my arms") y sont d’une beauté fracassante : on pense aux Tindersticks aussi, dont on connaît également l’admiration pour les grands noms de la soul. Pour la voix, à Terence Tren d’Arby parfois. Ensuite, la patte d’Ethan Jones est en effet largement perceptible car on songe très souvent aux deux premiers albums de Ryan Adams, et notamment à ses ballades sirupeuses si bien fichues, comme "Narrow Escape" et son harmonica, ainsi que son choeur féminin (Jennifer Stills). Il y est question d’une certaine Rosemary, dans un bled paumé du Tenessee...See the picture ?"Shelter" y est superbe. Le disque est excellent. Voilà, c’est dit. (pinkushion)
bisca
7
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le 3 avr. 2022

Critique lue 35 fois

bisca

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