Trône
6.1
Trône

Album de Élie Yaffa (Booba) (2017)

Booba est une monstruosité. La haine qu'il attise est naturelle. Il synthétise tout ce qu'on peut reprocher au rap d'aujourd'hui, d'hier et de demain : une utilisation abusive de l'auto-tune, de l'égo-centrisme à en cracher sa bile, une image profondément méprisable, et surtout une réussite qui ne se dément plus, album après album.


Booba, c'est donc la synthèse de tout ce que les "puristes" (ce mot me donne envie de me tailler les veines avec des feuilles de papier) regrettent dans le hip-hop : une absence pré-supposée de fond, une forme déplorable, bref : de la bolossitude à l'état pur.


Alors oui, il y a un peu de vrai dans tout ça et Trône ne fait qu'enfoncer le clou. Pourquoi ? Parce l'auto-tune fait désormais partie intégrante de la musique de Booba (déjà précurseur en France avec 0.9). Parce que Booba restera Booba et qu'il est le roi pour te montrer à quel point il peut baiser ta mère, ta soeur, ta grand-mère et te monter en l'air, sans jamais se froisser un muscle.


Trône n'est donc ni plus, ni moins que la suite logique des choses dans sa carrière : Booba est intouchable. Ce qu'il fait, il est le seul à le faire avec autant de maîtrise. La concurrence a vogué dans des niches, des sous-genres. Personne ne l'émule, aucun ne prend le risque de le faire parce que : à quoi bon ? Suffit d'écouter Centurion, l'introduction pharaonique de l'album, pour s'en rendre compte : des décennies de carrière, et le mec a toujours une hargne contagieuse.


Entre deux fournées de testostérone, Trône est béni pa Twinsmatic. Le duo signe tout simplement les deux meilleurs titres du projet (Drapeau Noir et Ridin'), ce qui soulève une question d'envergure : qu’adviendrait-t-il si les deux producteurs collaboraient avec le rappeur sur tout un album, de la même manière que Therapy a plus ou moins façonné l'album Futur ? Sérieusement, l'alchimie de ce trio a le potentiel de bousculer une fois de plus ce gros bordel qu'est le rap français. Plus de 20 ans de carrière, toujours d'actualité : ça force le respect.


Nero Nemesis avait déjà marqué un tournant dans la carrière du rappeur : plus abrupte, plus concis, on le sentait toujours plus libre dans la création et dans ses choix artistiques. Deux années plus tard, Trône ne change pas la donne : Booba fait ce qu'il veut. Ça ne fonctionne pas à tous les coups, mais quand la sauce prend, l'effet est immédiat, indiscutable : il est indétrônable.


Note :
Échec et Mat / 10


S09E03 - Celui qui était drôle :
"Depuis Wu-Tang je suis le parrain / Je suis Bruce Wayne, t'es le Pingouin" - Drapeau Noir


S09E08 - Celui qui était vraiment prêt à tout :
" J'baise vétérans et les rookies / J'nique tout, les naines et les rouquines" - Nougat


S09E09 - Celui qui était un peu trop honnête :
" J'suis venu te défenestrer le cul / J'suis pas venu m'ambiancer" - Terrain


S09E03 - Celui qui exécutait un acte patriotique :
"Je suis un Macaque selon Darwin / J'ai une grosse bite selon Marine" - Drapeau Noir


S09E11 - Celui qui planait au dessus des autres :
2017 était déjà son année avec Ipséité. Damso continue de voler au dessus de tout ce rap jeu avec son couplet sur 113.

Jonathan_McNulty
8

Créée

le 13 déc. 2017

Critique lue 1.2K fois

8 j'aime

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