Depuis des années, fidèle à une géométrie variable et à une ligne de conduite strictement en zigzag, Fujiya & Miyagi est l'un des petits secrets les mieux gardés de l'électronique anglaise. On a connu les Brightoniens en émules torrides des Talking Heads, en funksters glaciaires à la A Certain Ratio, en krautrockers obstinés, évoquant avec la même ferveur, la même autorité et la même gourmandise les disques de RZA, des Beach Boys, d'Aphex Twin, de Smog, de Beck ou des Dexy s Midnight Runners.
On les a ainsi vus strictement électriques, langoureusement électroniques, jouant avec des DJ hip hop ou avec des machines analogiques. Une seule constante : les danses robotiques et pourtant sensuelles de leur chanteur David Best, que quelques veinards découvrirent l'an passé lors de la fermeture du Festival des Inrocks au Paris Paris. Avec un fan-club désormais étendu à LCD Soundsystem, Tiga ou Andy Weatherall, Fujiya & Miyagi fait partie de cette génération de musiciens anglais obstinés et farfelus (avec Hot Chip, Mylo ou les merveilleux Klaxons) qui attendent patiemment la chute de la dictature des guitares pour proposer à la scène locale de retrouver, dans une électronique débraillée, la joie hardie de la marche avant, après plus de cinq ans de marche arrière. Car même si Fujiya & Miyagi connaît parfaitement les grimoires de la musique répétitive (de Can à Kraftwerk) et les fondements de l'electro (de Wire à Byrne/Eno), son écriture reste trop espiègle et indocile pour trembloter face à ces évangiles : on ne va quand même pas troquer un revival confit dans la bigoterie pour un autre. Pas question, de toute façon, de rester agenouillé quand Collarbone ou In One Ear & out the Other invitent avec une telle insistance aux déhanchements langoureux, quand les oniriques Conductor 71 ou Cassettesingle donnent des ailes pleines de plumes roses à l'imagination. Fujiya & Miyagi est, au Japon, une marque de chaînes hi-fi. En Europe, en connaît mieux Pioneer. "Pionnier" aurait aussi été un nom parfait pour ce groupe.(Inrocks)


Après des années d'activisme souterrain, le secret le mieux gardé de la pop moderne aborde tranquillement nos contrées. Trois coéquipiers d'une équipe de football mineure de la ville de Brighton mettent à profit leur temps libre pour bidouiller leur Moog. L'alchimie particulière du trio reflète leurs amours pour la musique électronique, depuis les rythmiques répétitives de l'Allemagne des années 70 jusqu'aux circonvolutions agiles de l'electronica anglaise du début des années 90. David Best (Moog), Steve Lewis (claviers) et Matt Hainsby (basse) s'appelleront Fujiya & Miyagi, en hommage au professeur de karaté du film Karaté Kid et à un catcheur qui n'avait de japonais que le nom. Trois singles successifs définissent leur krautpop élastique et dansante. Trois autres inédits complètent le tracklisting de ce deuxième faux album, au son si particulier. Ankle Injuries ouvre le bal, et sa mélodie chuchotée prouve qu'il n'y a pas que The Notwist qui puisse marcher sur les terres de Neu! ou de Can. En formidable hymne baggy, Collarbone balance comme un vieil Happy Mondays repris par Whomadewho. La suite de Transparent Things oscille entre douce ironie et mélancolie contagieuse, au gré d'instrumentaux métronomiques entêtants (Conductor 71 ou Cassettesingle) et de balancements groovy imparables (In One Ear & Out The Other, brouillon génial de Collarbone). En une pirouette désinvolte, Fujiya & Miyagi réussit le tour de force de réconcilier toutes les chapelles, des enfumés Allemands aux Américains disco, en passant par les popeux Britanniques. (Magic)
Amateurs de bizarreries, Fujiya & Miyagi est pour vous. D'abord, et comme leur nom ne le laisse pas franchement supposer, il s'agit d'un trio anglais (de Brighton) dont les membres, piètres footballeurs, auraient sympathisé sur le banc des remplaçants le dimanche matin. Ensuite, ce qu'on nous présente comme leur premier album, et qui sort en France ces jours-ci, date en fait de l'année dernière et n'est pas vraiment leur premier album (ils avaient sorti en 2003 "Electro Karaoke in the Negative Style", épuisé mais qu'on peut écouter sur leur site). Enfin, "Transparent Things" est en réalité la compilation de trois singles 25 cm (format quelque peu désuet à l'heure du numérique), auxquels a été adjointe une poignée de nouveaux morceaux pour atteindre la durée adéquate. Vu ces prémices, on ne s'étonnera donc pas de trouver ici des titres de chansons aussi absurdes que "Collarbone" ("clavicule"), "Photocopier", "Cassettesingle" ou "Reeboks in Heaven". Et la musique, dans tout ça ? Pour aller vite, c’est une sorte de mix entre le groove funky des Stone Roses période "Fool's Gold", les (bons) morceaux d’Underworld et, surtout, les rythmiques inflexibles à l’allemande. Le groupe a d'ailleurs joué à la même affiche que Damo Suzuki (membre historique de Can), qui ne tarit pas d'éloges sur eux, et un rédacteur du site Pitchfork a écrit que Fujiya & Miyagi avaient réussi l’exploit de rendre le krautrock fun, ce qui est une assez bonne formule. James Murphy (DFA, LCD Soundsystem) et Tiga sont fans, évidemment. Bref, top credibility et hype en construction, ce qui ne doit pas détourner de l’essentiel : ces jeunes Anglais sont bons, très bons. Si les ingrédients ne sont pas tous de la première fraîcheur (batterie métronomique, basse caoutchouc, synthés Kraftwerk/Bowie/Eno et textes susurrés plutôt que vraiment chantés), les recettes sont variées et les plats toujours réussis, mariant la science sonore de Tarwater et l’efficacité dance-floor de !!!. On finira peut-être par se lasser au bout de trois ou quatre albums du même tonneau (les formes circulaires dont ils ornent la plupart de leurs pochettes laissent craindre qu’ils tournent vite en rond), mais pour l’instant la musique de F&M s’avère furieusement addictive. Vikash Dhorasoo l’avait déjà prouvé : ceux qui réchauffent le banc de touche pendant les matchs ne sont pas forcément les moins doués. (Popnews)
Qui l’eût cru ? Fujiya & Miyagi est un trio originaire de Brighton. Certes, Steve Lewis et Davis Best ont longtemps officié à deux, ce qui permet de mieux comprendre cet étrange patronyme, mais le fait demeure : ce groupe aime les mystères et les fausses pistes, et n’hésite pas à semer des indices pour titiller la curiosité de l’auditeur – une approche ludique très pince-sans-rire que l’on retrouve dans leur musique. Ainsi, on apprend que "Transparent Things", en fait un recueil basé sur les singles parus depuis le premier album du groupe ("Electro Karaoke"), tire son nom d’une référence à un roman de Vladimir Nabokov. Intellectuels et fins lettrés, Fujiya & Miyagi ? Peut-être, mais leur musique, physique et rythmique, ne nous en donnera pas beaucoup plus de preuves ! Ankle Injuries donne le ton de l’album : une basse obstinée impose un rythme de locomotive, d’une régularité quasi-hypnotique, que viennent renforcer quelques murmures scandant le nom du groupe. L’ambiance, très seventies, évoque aussi Kraftwerk que quelques grands noms du krautrock. Collarbone, petite bombe funky basée sur une ligne de basse rebondissante et un gimmick de guitare aussi discret et minimaliste qu’addictif, vient ajouter une touche de groove bienvenue.La suite est à l’avenant, on se délecte de quelques r roulés, on savoure des parties de guitares matoises qui cisaillent les rythmiques, métronomiques et implacables. On repère encore clairement quelques sonorités synthétiques directement héritées des grandes heures du Kraftwerk de "Trans-Europe Express" ou "Autobahn". Malheureusement, on se laisse aussi parfois gagner par un léger ennui face à une approche trop linéaire sur la longueur. Fujiya & Miyagi livrent une très savoureuse synthèse d’influences qu’il est pourtant difficile de rendre accessibles. Leur formule, qu’on pourrait penser très cérébrale, donne lieu à une musique au contraire ludique, inspirée, ouverte, à des lieues d’un travail de laborantin. On espère pour la suite qu’ils sauront varier leur style pour échapper à la monotonie, et peut-être mettre un accent plus prononcé sur ce côté funky qui leur va si bien, comme le prouve In One Ear & Out The Other. (indiepoprock)
bisca
7
Écrit par

Créée

le 27 mars 2022

Critique lue 2 fois

bisca

Écrit par

Critique lue 2 fois

Du même critique

Le Moujik et sa femme
bisca
7

Critique de Le Moujik et sa femme par bisca

Avec le temps, on a fini par préférer ses interviews à ses albums, ses albums à ses concerts et ses concerts à ses albums live. Et on ne croit plus, non plus, tout ce qu'il débite. On a pris sa...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Santa Monica ’72 (Live)
bisca
7

Critique de Santa Monica ’72 (Live) par bisca

Ça commence avec la voix du type de KMET, la radio de Santa Monica qui enregistre et diffuse ce concert de Bowie, le 20 octobre 1972. « Allez hop on va rejoindre David Bowie qui commence son concert...

le 27 févr. 2022

3 j'aime

Taormina
bisca
7

Critique de Taormina par bisca

Taormina, perle de la Méditerranée, disent les guides touristiques à propos de cette belle endormie sicilienne, bordée par le volcan Etna. Taormina, perle noire dans la discographie de Murat, dira la...

le 5 avr. 2022

2 j'aime