Ce qui rend Dream Theater vraiment exaltant, c'est la pensée de ces musiciens exceptionnellement talentueux répétant et jouant ensemble, formant un collectif de titans musicaux qui se partagent volontiers la vedette et se poussent mutuellement vers de nouveaux sommets. J’aime toujours imaginer un génie comme Petrucci accepter de laisser son égal aux claviers, Rudess, se battre en duel contre lui, il y a ce côté « oui t’es à la hauteur, vas-y. » qui m’a toujours plu dans ce groupe.

Dream Theater a toujours été connu pour sa musicalité impeccable et ses prouesses techniques, et Train of Thought ne déçoit certainement pas à cet égard, même s’il souffre des mêmes maux que sur son prédécesseur. L'album est rempli de compositions complexes et inégales qui mettent en valeur les compétences exceptionnelles du groupe par un truchement assez original : l’ennui.

Les longs passages instrumentaux viennent récompenser l’auditeur qui s’est tapé un énorme ennui avec des compositions mollassonnes et proches de la pop fade, et la claque dans la gueule n’en est que plus grande ! On est englués dans une marre de mièvrerie et, d’un coup, le ciel s’assombrit et la foudre tumultueuse répond au rafales de vent surpuissantes, toute la vase s’en va et on en reste pantois.

Les va-et-vient en solo entre Jordan Rudess et John Petrucci sont, encore une fois, tout simplement époustouflants. Ces moments permettent aussi à chaque musicien de mettre en valeur son style unique et sa virtuosité, créant une dynamique palpitante entre eux, une synergie de technicité. C'est un vrai régal pour les amateurs de maîtrise technique et de démonstration instrumentale, les adeptes du prog, en somme.

Mais, comme mentionné, il faut souvent se taper une longue attente avant de pouvoir augmenter le volume quand vient enfin le moment des solos. Par exemple, sur This Dying Soul, il faut quand-même se taper environ neuf minutes de morne grisaille avant l’énorme tempête instrumentale. De même, sur Endless Sacrifice, il faut endurer des couplets pops nuls dignes de Nickelback et un refrain mièvre digne de Red Hot Chili Pepper avant d’être enfin récompensés par les solos, absolument monumentaux.

Pour As I Am, ce morceau ressemble à un mauvais Metallica, post Justice for All, mais, encore une fois, les échanges instrulentales sauvent le navire de la noyade, parvenant même à le faire voguer à toute vitesse. Dream Theater a forgé son identité avec ça : la transformation et l’élévation de morceaux nuls et simples en morceaux captivants et entraînanhs grâce à leurs prouesses musicales impressionnantes.

Si James LaBrie a un rôle ingrat, parce qu’il incarne ces passages nuls et chiants chantés, son interprétation émotionnelle et intense sur In the Name of God redore son blason. La fin du morceau lui permet de prouver qu’il est un très bon chanteur, capable d’émouvoir. J’aime vraiment ce morceau.

Un très bon cru donc, qui me pousse à me poser cette question : est-ce que traverser l’ennui est nécessaire pour apprécier pleinement la jouissance esthétique ?

Ubuesque_jarapaf
8

Créée

le 10 août 2023

Critique lue 9 fois

Critique lue 9 fois

D'autres avis sur Train of Thought

Train of Thought
AmarokMag
6

Signé Furax

Dream Theater à l'ouvrage. Deux ans après le hargneux mais décevant "Six Degrees Of Inner Turbulence", le combo new-yorkais revient à la une de l'actualité avec ce nouvel album à la pochette...

le 15 janv. 2012

1 j'aime

1

Train of Thought
Ubuesque_jarapaf
8

L’importance de l’ennui

Ce qui rend Dream Theater vraiment exaltant, c'est la pensée de ces musiciens exceptionnellement talentueux répétant et jouant ensemble, formant un collectif de titans musicaux qui se partagent...

le 10 août 2023

Train of Thought
Strangueloop
3

Metal progressif démonstratif pédant.

Le groupe se complaît désormais dans son Metal progressif démonstratif pédant. Les titres sont longs, ultra-techniques et sans aucune cohésion. Çà fait du bruit et çà donne mal à la tête.

le 14 nov. 2022

Du même critique

Considérations sur la France
Ubuesque_jarapaf
9

Remettre l’église au centre du village

Quel intérêt d’être royaliste légitimiste aujourd’hui ? Aucun, si ce n’est pour le folklore et pour se mettre en marge de la société de la consommation sans être un saltimbanque qui se drogue. Quel...

le 25 sept. 2023

2 j'aime

Leftoverture
Ubuesque_jarapaf
9

Pain de grande qualité

Tout le monde connaît Carry on Wayward Son, c’est un morceau mythique qui donne forcément envie de découvrir ce que Kansas sait faire d’autre. C’est dans cette optique que j’ai écouté Leftoverture,...

le 22 sept. 2023

2 j'aime

Kleo
Ubuesque_jarapaf
1

Belmondo, Seagal, Norris et Bruce Lee ne font pas le poids.

J’aurais pu mentionner Popeye aussi, mais celui-ci ne devient invincible qu’une fois après avoir ingurgité des épinards, faiblesse qui l'exclut donc de la perfection. Bugs Bunny, j’y ai pensé aussi,...

le 21 oct. 2022

2 j'aime

2