Tostaky
7.6
Tostaky

Album de Noir Désir (1992)


Tostaky (le monument)



Pour commencer, un petit tour de magie :


1) Répétez le plus de fois possible et assez rapidement "Todo esta aqui".


2) Arrivé à un certain moment, vous en aurez probablement marre, la langue va fourcher et paf... surprise : un magnifique "Tostaky" sortira de votre bouche.


Bref, tout ça pour expliquer l'origine du titre de cet album (effectivement, cela n'a rien à voir avec une personne qui demande à qui sont les toasts qui traînent sur la table de la salle à manger - rires enregistrés - )


Après l'échec (commercial) de l'album précédent "Du ciment sous les plaines", de la fameuse syncope de Bertrand Cantat sur scène lors de cette tournée et d'autres péripéties, ce dernier est parti séjourner en Amérique du Sud (Mexique) quelques temps afin de recharger les batteries et faire un "break". Il n'est pas revenu les mains vides car il a trouvé le nom du nouvel album avec pas mal d'idées en tête dont le fameux riff presque culte de la chanson éponyme "Tostaky (le continent)".


Cet album a vraiment bouleversé le paysage musical français et de manière objective, c'est l'un des plus mythiques et importants. Du reste, Tostaky marque l'apogée du groupe, c'est l'album le plus rageur, le plus brut, le plus [placer un superlatif mélioratif]. Le guitariste Serge Teyssot-Gay balance des riffs d'une puissance et d'une précision inouïes jusque là, le batteur Denis Barthe et le bassiste Fred Vidalenc sont en parfaite osmose et enfin Bertrand Cantat, poète quasi-confirmé ici, porte soit une voix tellement forte remplie de toute la rage du monde avec des paroles bien ficelées et engagées "Soyons désinvoltes n'ayant l'air de rien" pouvant raisonner dans toute la voie lactée, soit une voix calme avec une telle sensibilité à en faire pleurer comme dans la chanson "Lolita nie en bloc" qui est le morceau parfait pour clore l'album.


L'album s'ouvre par un morceau en anglais "Here it comes slowly", brut et franc, une sorte de chanson "miroir" de Tostaky le (continent) avec un riff inverse à celui-ci. (à titre personnel, je préfère la version de l'album live "Dies Irae" qui est joué à 1000 à l'heure) . Il se poursuit par un "Ici Paris" fort bien engagé à la ligne de basse bien ancrée dans la tête, voire addictive "Marianne rebelle me disait, que les plus jolis métissés "Ici Paris" ", et dont la dernière minute de la musique est un feu d'artifices avec le génie de Teyssot-Gay qui s'amuse sur sa guitare en coordination avec celle de Cantat, la batterie qui gicle et la basse de Vidalenc toujours aussi entraînante jusqu'au point final assez brutal de la chanson (qui pourrait s'éterniser sans une once de lassitude).


Après ces 2 premiers morceaux d'une telle énergie qui épuisent déjà nos tympans, une pause s'impose et justement s'en suit 3 morceaux plutôt calmes "Oublié" (j'admets que je n'ai jamais accroché à cette chanson, à oublier pour moi haha...), "Alice" (excellente, plutôt sombre et d'une poésie magique) et "One trip, one noise" morceau assez expérimental pour le groupe (ici, la version de l'album Dies Irae est meilleure à mes yeux).


Juste après s'être évadé avec "One trip, one Noise", le retour à la réalité de cette escapade est douloureux suite au morceau emblématique et éponyme de l'album "Tostaky le (continent)". Dès les 5 premières secondes de la chanson, on se doute que ça ne rigolera pas. Le riff rapide joué par le talentueux Teyssot-Gay est entêtant, le fameux "Soyons désinvoltes n'ayons l'air de rien" répété maintes fois à pleine voix est fracassant, jamais des paroles n'ont été si engagées de la part de Cantat qui se révolte du système (la vidéo porte tout son sens où l'on voit Cantat de dos avec des images de société qui défilent les unes après les autres s'adaptant aux paroles de la chanson) . Toute la rage, l'énervement, la volonté du changement etc..., sont concentrés dans ce morceau avec une apothéose magnifique où tous les instruments se déchaînent tels une tempête ravageant tout sur son passage en laissant une marque indélébile à la fin. On ne sort pas indemne après l'écoute de ce morceau.


Après ce tremblement de terre, il y'a l'alternance de morceaux ravageurs et calmes. Du côté "ravageur" il y'a "Johnny Colère" qui est une reprise électrique du groupe rennais "Les nus" et "It spurts", mi-doux mi-colère à l'image de la traduction de ce morceau "ça gicle". Et du côté "doux, sensible, etc" il y'a pour citer l'essentiel "Marlène" qui est un hommage à une certaine Marlène Dietrich décédée cette même année ; "Sober song" et enfin "Lolita nie en bloc" qui permet de mettre un terme à l'album sous une note touchante à l'opposée de son ouverture. Cette chanson est merveilleuse, où une forte sensibilité est exprimée, il y'a encore une fois la preuve que Cantat est un grand poète "Et alors elle s'absorbe dans la contemplation de ses....... pieds" . Belle chute!


Tostaky est l'apogée de Noir Désir, dans leur discographie il y'a un avant et un après Tostaky/Dies Irae. (les fameux virages déroutants avec "666.667 club" et "Des visages des figures" marqués notamment par l'arrivé du nouveau bassiste Roy aux lignes de basses moins compliquées). Ces gars-là n'ont même pas 30 ans à cette époque et réussissent à pondre un album d'une telle maturité que cela est déconcertant et bouleversant. Tout y est dans cet album : rage, sensibilité, paroles engagées ou poésie. Les 4 membres forment une cohésion d'une telle qualité : le guitariste Teyssot-Gay confirme qu'il fait parti des plus grands avec tout son talent et son génie, Cantat poète confirmé, le duo Barthe/Vidalenc en harmonie parfaite et très doués.


Oui je n'ai pas honte de le dire, cet album est l'un des meilleurs du paysage français toutes époques et tous genres confondus!


(Le seul point négatif qui ne tient qu'à moi est tout simplement l'absence d'harmonica dans les morceaux posés contrairement aux 2 précédents albums! *#jecherchelapetitebête )

Clochlo
9
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le 2 juil. 2016

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Clo Clo

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