Time & Space
7.4
Time & Space

Album de Turnstile (2018)

Soyons francs : je découvre sur le tard Turnstile, et il ne s'agit pas ici de faire semblant de les connaître depuis fort longtemps, encore moins de prétendre les avoir déjà vus sur scène (même si, à l'écoute de cet album, l'envie monte encore d'un cran). Cependant avant d'écouter leur nouvel album, j'ai trouvé judicieux de me pencher sur leurs premières sorties.


Turnstile s'est donc fait connaître avec leur EP Pressure To Succeed, sorti en 2011, petite bombe hardcore d'à peine un quart d'heure et dont l'objectif premier semble être de provoquer des envies immédiates de patater son voisin de pit en renversant éventuellement sa pinte au passage. D'ailleurs, même s'ils n'ont pas tardé à sortir cet EP puis leur premier album Step To Rhythm (le groupe s'est formé en 2010), c'est pourtant la scène qui semble l'alpha et l'omega de leur musique : leurs titres sont taillés pour les concerts, et de magnifiques pogos ornent chacune de leurs pochettes.


En 2016, pourtant, leur deuxième album Nonstop Feeling propose déjà un tournant dans leur carrière : l'album est plus mélodique, plus rock, plus long aussi. Ce n'est pas pour me déplaire, le punk étant mon dada encore plus que le hardcore, mais cela amenait tout de même un défaut majeur : le groupe, débordé par les idées, se dissipait un peu. Nonstop Feeling était moins intense, certains passages moins violents, et beaucoup de titres moins mémorables. Ça n'a l'air de rien, mais dans un style aussi expéditif, une trentaine de minutes suffit à s'essouffler.


C'est donc avec Time & Space que Turnstile décide de mettre tout le monde d'accord. Hors de question de laisser tomber le virage punk rock, après tout quoi de plus rafraichissant qu'un refrain accrocheur, mélodique mais simple, hurlé à pleins poumons. Mais les fans de la première heure pourront aussi être réconciliés : le temps et l'espace évoqués par le titre sont ici condensés. Le temps car l'album ne dure que 24 minutes, et enchaîne les tueries à une vitesse folle. L'espace, car le son est écrasant, compactifié, comme une grosse brique dans la gueule, si bien que l'efficacité de l'album se vit aussi bien à la maison que sur scène.


Vous l'aurez compris, la violence est de retour, les titres étant tous radicalement puissants, et l'envie de pogoter difficile à contenir. Et on va pas se mentir, réussir à maintenir ça tout en proposant des mélodies intéressantes et mémorables, cela n'a rien d'évident, et l'exploit mérite d'être salué. Cerise sur le gâteau, Turnstile continue d'élargir son répertoire, en tentant des excursions dans d'autres genres musicaux (mais seulement le temps d'interludes, tant il semble qu'un virage trop radical aurait froissé le coreux pur jus) : un peu de pop sur Bomb, un peu de jazz sur Disco... Résultat, le disque est dense mais satisfaisant. Très court et finissant brutalement, il ne nous laisse pourtant pas sur notre faim. En faisant abstraction, bien entendu, de l'envie urgente de prendre le premier avion pour les USA ou l'Australie, puisqu'ils n'ont pas prévu de tourner en Europe pour l'instant.

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le 27 févr. 2018

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heudé2

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