[...] Cradle, c’est un peu l’enfant bâtard du metal extrême. Le vilain petit canard qui se prend les foudres de beaucoup tout en suscitant l’admiration chez d’autres. Et on constate toujours la même chose. Bonne carte de visite pour ceux découvrant le metal plus radical puis totalement dénigré par la suite par simple argument : «bonne musique à écouter au bahut, quand on a un âge sans goûts et capable d’écouter une musique totalement ridicule, tout ça parce que le frontman est extravagant, sauf que c’est qu’un bouffon». Que voulez-vous les petits ados rebelles deviennent des true qui connaissent tout sur tout dans le metal extrême, et c’est encore plus vrai dans le petit monde du black metal. Personnellement, au risque de me faire des ennemis (quitte à avoir la base de fans d’Epica sur le dos, je ne suis plus à ça près), j’ai passé l’âge de rentrer dans ce genre de considérations. J’ai passé un stade de maturité où j’ai stoppé cette philosophie de dédain aussi stérile. J’assume tout ce que j’ai pu écouter et que j’écoute toujours d’ailleurs, même si je m’aperçois que ce n’était pas aussi bon que cela paraissait à une époque. Non, depuis un temps, je ne renie plus mes racines dans le seul but de suivre une communauté d’oreilles bouchées à grande gueule. Qu’est-ce qu’ils s’y connaissent en musique de toute manière ? Autant que moi je suis sûre, on n’a juste pas les mêmes sensibilités sauf que j’ai le bon goût d’éviter de le crier haut et fort comme une vérité générale (quels merdeux!).

Tout ça pour dire (non, ceci n’est pas une tribune pour règlement de compte) que Cradle Of Filth n’était pas pour moi qu’une phase d’adolescence en recherche de sensations fortes. Même si je ne porte plus le même regard sur les productions récentes du combo (j’en viendrai pourquoi à la fin), réécouter ce disque m’a fait vraiment plaisir. Et pour cause, il s’agit de mon opus préféré des Britanniques. Et autant dire, au-delà de la réputation plus que tumultueuse de Cradle, il s’agit d’un des albums les plus décriés de sa discographie, en compagnie du précédent, Nymphetamine (2004). Tout ça parce que Dani Filth a décidé, comme une envie de pisser, de revoir un peu la recette de base. Le black metal symphonique, tantôt violent, tantôt grandiloquent, deviendrait plus direct et heavy, une sorte de black rock’n'roll symphonique. J’ai beau beaucoup apprécier un Cruelty And The Beast (1998) par exemple, j’avais tout de même un reproche à faire à leur musique. Celui de toujours faire des albums inégaux. En effet, avant Nymphetamine, j’ai toujours trouvé que des passages beaucoup plus dispensables trônaient aux côté de pièces maîtresses de chaque disque. Nymphetamine aura apporté pour la première fois un album qui se tenait dans son intégralité, où toutes les compositions arrivaient à un niveau égal, où rien n’était à jeter. Mais pour ça, il fallait faire le compromis de l’évolution qui ne mettrait pas tous les fans d’accord (ou même les simples sympathisants). Des titres bien plus directs et accessibles mettant l’orchestration plus au second plan au profit de refrains bien plus facilement mémorisable, tel la bonne vieille recette d’hymnes heavy metal ou rock’n'roll version extrême. [...]
Margoth
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le 3 août 2012

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