Pour être totalement honnête, on doit signaler que These Were The Earlies, le premier album de The Earlies, est sorti en import en 2004 et fut d'ailleurs encensé dans ces pages. Penser qu'il s'agit d'un disque de 2006 est donc une erreur. En fait, il pourrait même s'agir d'un album enregistré en 1969 avec les Byrds, et leur fidèle Gary Usher dans le studio, puis mixé en 1998 avec le producteur des New-Yorkais Animal Collective. Pour leurs mélodies joliment tordues et leurs cordes élégantes, les morceaux de The Earlies évoquent en effet autant le psychédélisme west coast de la fin des sixties que la pop bricolo-symphonique de ces dix dernières années. Et, parce que ses membres ont grandi entre le Texas et Manchester, The Earlies est, sans doute plus que n'importe quel autre groupe dans le monde aujourd'hui, le cul entre deux chaises : celle, complètement bancale et donc fascinante, de l'Amérique libérée (Grandaddy, Mercury Rev, Flaming Lips) et celle de la Grande-Bretagne passionnante (Spiritualized, Brian Eno ou encore les regrettés The Beta Band, qu'on jurerait présents sur la moitié des titres). Regroupant les premiers singles autoproduits du groupe et les maxis sortis sur l'éminent label Names, These Were The Earlies présente onze titres divinement imparfaits : une pop sophistiquée mais jamais prétentieuse, bien trop incohérente pour les bars lounge, trop complexe pour les oreilles de chipies à Converse. A plusieurs reprises, le disque fait penser à une messe, dont les seuls dieux seraient ceux de la pop artisanale ? ces mêmes qui savent très bien que virtuose est un gros mot et que Robert Wyatt, du fin fond de son lit d'hôpital, a écrit des merveilles. Au final, l'ensemble constitue un fouillis déraisonnable, démontable et idéalement maladroit ? à l'image du monumental Morning Wonder qui devrait sauver un paquet de matins. (Inrocks)


Né de l'improbable rencontre entre quatre musiciens anglo-américains, The Earlies est parvenu à surmonter les obstacles de la distance géographique pour construire, depuis déjà trois ans, des chansons en forme de ponts entre les deux continents. Déjà reconnus pour leurs compétences de producteurs, exercées récemment aux côtés de Leona Ness ou Micah P. Hinson, ces explo-rateurs de territoires sonores ont brillamment mis leur savoir-faire au service de leurs propres com-positions. Unis par une passion commune pour une musique à la fois psychédélique et exigeante, les treize membres de The Earlies réaniment le folk planant à la Donovan et les paisibles climats vapo-reux de l'electronica britannique, en leur insufflant l'esprit d'aventure et de liberté qui traversait les grandes oeuvres de Mercury Rev et The Flaming Lips. Superposant les sons et les ambiances musica-les avec une maîtrise technique qui n'a d'égal que leur goût pour l'éclectisme, ils ont ainsi accumulé une poignée d'Ep's aujourd'hui compilés pour cette première sortie française. À la fois lumineux et mélancoliques, ces onze titres chantés sur le ton de la plainte mélangent subtilement l'évocation de la douleur (l'oraison funèbre de la grand-mère de Christian Madden, samplé sur One Of Us Is Dead) et les perspectives d'évasion vers un au-delà musical radieux. Une ascension que l'on brûle de pour-suivre en leur compagnie. (Magic)
Amateurs d'odyssées planantes dans la galaxie des sons XL, soyez les bienvenus à bord du vaisseau des Earlies qui s'apprête en 11 titres à vous mettre en orbite dans votre salon. Paru sur l'excellent label américain Secretly Canadian (Antony and The Johnsons, Jens Lekman, Richard Swift...), "These Were the Earlies" constitue l'acte fondateur de ce quatuor de musiciens et producteurs mi-anglais mi-texan qui a longtemps œuvré pour les autres (Micah P. Hinson, Leona Ness, King Creosote…). Plus accroché à la musique qu'au succès volage, le groupe a pris le temps de sortir quelques Ep's autoproduits (formant la trame de l'album) puis de partir en tournée en 2004, histoire de roder une formule pouvant compter jusqu'à 11 musiciens sur scène, avant de sortir un disque ample, aux mélodies fluides, habillées d'harmonies vocales sous acide et d'arrangements mille-feuilles.Avec "One of Us is Dead", le début de l'album reprend les choses à peu près là où "Deserter's Songs" de Mercury Rev les avait laissées en 1998 : mélodie languide menée crescendo, même timbre de voix étrange que celui de Jonathan Donahue. On se sent vite en terrain familier, bercé par un doux rythme de croisière qui nous transporte imperceptiblement jusqu'aux portes du désert de Mojave. Progressivement, le disque remonte l'échelle du temps et vient flâner vers le rock progressif de Pink Floyd, dans l'univers de Brian Eno, dans la pop psychédélique des Beach Boys et des Byrds avec juste ce qu'il faut d'électronique pour nous rappeler que l'on est en 2006 et que Air est passé par là entre temps. Ici pas de mélodies en chausse-trappe ni de contrepoints harmoniques savants, à peine quelques coups d'accélérateurs bien sentis pour relancer la machine ("The Devil's Country" par exemple, avec son sax énervé comme si Albert Ayler se tenait en embuscade). En vrais piliers de studio, les Earlies laissent s'épanouir les mélodies naturellement, les habillant ou les déshabillant au gré de leurs envies. Cela donne un album ouaté, difficile à morceler où les plages instrumentales s'imbriquent aux passages chantés. Une impression bucolique domine l'ensemble, nourrie de paroles naïves louant les bienfaits de dame nature ou de la Vierge Marie ("Morning Wonder"). Cette ode new-age (qu'on espère second degré) flirte parfois dangereusement avec de la musique ambient pour documentaire aquatique (sur "Lows" notamment) mais le groupe est suffisamment malin pour ne pas s'éterniser quand il sent une faiblesse pointer à l'horizon. Et c'est finalement au terme de 50 minutes contemplatives, et après quelques étirements, que s'opère un choix crucial : appuyer derechef sur la touche play ou passer le dernier Strokes ? Personnellement, je rempile. (Popnews)
Anglais et Américains main dans la main comme en temps de guerre. C'est beau. Cependant, le quartette intercontinental des Earlies se rapproche plus d'un mouvement peace&listen à sandales que d'une guerre chirurgicale à grands coups de missiles sur civils. Les Earlies embrassent une pop légère et gentiment sixties. Les nombreux instruments à vent (clarinette, basson, flûte, trompette,etc.) procurent de larges espaces sonores verdoyants où les troupeaux d'oreilles sauvages pourront brouter à loisir. Les trente secondes d'intro nous fourrent directement une petite pilule qui fait planer dans le gosier. Mou et souriant comme un parlementaire qui revient du café, on est fin prêt pour One of Us Is Dead. Une plage emplie de quiétude faisant penser à des Grandaddy sous prozac qui auraient éteint la touche « démo » de leurs synthés. La suite reste champêtre, avec un Wayward Song à vent et à vapeur, Song For #3 qui vous caresse le museau et un Dead Birds bercé dans le psychédélique. Et dire que ça fait un an qu'ils en profitent aux USA et qu'il vient seulement d'être distribué en Europe ! « These Were The Earlies » charme avant tout par sa modestie. A l'inverse de son instrumentation riche et malicieuse, qui rappelle les débuts de Alfie. Un bon disque qui vous picore la pop dans le creux de la main. (indiepoprock)
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le 24 mars 2022

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