There and Back
7.3
There and Back

Album de Jeff Beck (1980)

Après une carrière déjà bien remplie, Jeff Beck a enregistré une série d’albums avec des artistes choisis par ses soins. Sa période Yardbirds (1965-1967), groupe au sein duquel il succéda à un autre guitariste très réputé (Eric Clapton adepte inconditionnel du blues), a valu à Jeff Beck le statut de guitariste légendaire. Plus porté sur le rock voire le hard rock, Jeff Beck reste étrangement méconnu des non-initiés. Pour donner une idée de sa réputation et de son talent, Nick Mason aurait expliqué qu’à l’époque où Pink Floyd cherchait un guitariste pour remplacer Syd Barrett, le groupe aurait bien aimé Jeff Beck, mais ils n’avaient pas osé lui faire la proposition. Ce fut donc David Gilmour et on ne refait pas l’histoire (somptueuse, de toute façon).


Jeff Beck a mis au point une technique très audacieuse, mettant notamment à profit les défauts acoustiques des endroits où il jouait (effet Larsen indésirable par exemple), pour tirer de sa guitare des sonorités incroyables. Mais la technique n’est pas tout et il le met ici en évidence de façon lumineuse.


En 8 titres dont aucun n’atteint les 6 minutes, il montre l’originalité de son inspiration en compagnie de ceux qui sont en mesure de l’accompagner suivant ses idées. Dans le même genre, enregistrés quelques années auparavant on peut écouter Blow by Blow (1975) ou Wired (1976) qui furent des succès critiques et publics. Mais There and Back (enregistré à Londres en 1980) m’inspire davantage pour présenter Jeff Beck. Les compositions sont dues à Jan Hammer (pour les 3 premiers titres), Simon Phillips (titres 4 à 7), Tony Hymas (titres 5 à 8) et Jeff Beck pour le dernier titre. Le style annoncé tient du Jazz-Rock, de la Fusion et du Rock progressif. En fait, c’est intéressant car personnel. La guitare de Jeff Beck (et son jeu) sont reconnaissables entre mille sur cet album, dès les premières notes.


Premier élément à savoir avant d’envisager d’écouter cet album (comme les deux autres déjà cités), c’est qu’il est entièrement instrumental.


Deuxième élément, s’il met parfaitement en valeur la guitare de Jeff Beck, il est d’une musicalité remarquable. En d’autres termes, Jeff Beck y est musicien bien avant d’être virtuose de son instrument.


Troisième élément, la guitare de Jeff Beck résonne ici de manière bien particulière. La qualité de l’enregistrement y est certainement pour beaucoup. Mais cette guitare est ici merveilleusement mise en valeur, chantante et entrainante.


Quatrième élément, Jeff Beck ici se laisse complètement aller à son inspiration. On note par exemple que le son baisse progressivement dans The Pump alors que le guitariste est sur une très belle lancée, comme s’il jouait uniquement à l’improvisation. Peut-être avait-il la consigne de ne pas dépasser les 6 minutes d’enregistrement, car on se prend à rêver de ce que cela donnerait si le preneur de son s’était endormi.


Cinquième élément, peut-être le plus important, dans cet album tout est d’un niveau incroyable. Après chaque titre, on se dit que le meilleur est passé. Pas du tout, la suite reste incroyablement enthousiasmante. D’ailleurs, l’album a une remarquable unité de style et aucun titre ne fait de l’ombre aux autres. Tout l’album mérite d’être écouté avec attention pour le découvrir, puis avec volupté quand on le connaît. Petite subtilité intelligente, la sixième position sur l’album pour The Golden Road, titre plus lent que les autres qui, tout en restant agréable, donne une certaine respiration à l’ensemble. Non, le style de Jeff Beck n’est pas de jouer toujours sur un rythme d’enfer. Il enchante l’auditeur en l’embarquant dans son univers musical où la guitare a la part belle, mais ne donne sa pleine mesure que parce qu’elle est bien accompagnée. Les musiciens ayant contribué à l’album sont Mo Foster (guitare basse, titres 4 à 7), Jan Hammer (à la batterie sur le premier titre et au clavier pour les titres 1 à 3), Simon Phillips (batterie, titres 2-3-5-6-7) et Tony Hymas (clavier, titres 5 à 8).


L’ensemble dégage beaucoup d’énergie. Et Jeff Beck sait attendre son moment en réservant de belles introductions pour chaque titre. L’intervention de la guitare, aérienne, incroyablement musicale et chantante n’en est que plus agréable. Souvent grâce à un puis plusieurs thèmes pour chaque titre. Les variations sont toujours un régal.


Mes titres préférés de l’album :


Electron
8
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Créée

le 27 mars 2015

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Electron

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