The Unforgettable Fire
6.7
The Unforgettable Fire

Album de U2 (1984)

"Dors cette nuit; Et que t'es rêves se réalisent."

En parfaite continuité avec War, tant par la rapidité avec laquelle l'album est sortie, que par son style, The Unforgettable Fire s'écoute sans coupure à la suite de son prédécesseur. Parmi les compositions les plus célestes du groupe, et pour cause, l'enregistrement s'effectuera principalement dans une tour de défense réaménagée datant du XIXème siècle. La photo de l'album sera faite guère plus loin d'ailleurs...


      Bien qu'anecdotique pour beaucoup à ce jour, le premier morceau identifie le groupe au sons inédits des les premières notes. Beaucoup de sujet et d'interprétations possibles dans "A Sort of Homecoming". Du soldat parti en guerre, à la recherche de soi, il est principalement question d'immigration, d'amérindiens et de frontières dont on ne veut pas. On parle de fuir les murs, de les franchir ou de les faire tomber, l'hommage aux chants traditionnels indiens est présent tout du long. Il est amusant de constater que certains couplets sont capables d'annoncer la chute du mur de Berlin qui subviendra 5 ans plus tard.

[...]
the city walls are all come down
the dust, a smoke screen all around see
faces ploughed like fields that once
gave no resistance

[...]
De cette constatation, il est évident que U2 cherche à transmettre des messages intemporelles, valable pour tout conflit socio-politique passé, comme à venir.


      Inimitable partie instrumentale, hommage vénérée du révérend Martin Luther King, "Pride" est l'étendard de ce disque. Le texte est uniformément interprétable, à la base inspiré après la lecture de la biographie du dit monsieur. Mais quelque chose de divin se produit chez les trois autres membres. La batterie réveille l'auditoire, et la basse accompagne le génie des 6 cordes pincées de The Edge. Avec un delay en canon, une distortion dosée juste comme il faut et des arpèges qui emporteront à jamais les dires du chanteur vers les cieux, c'est en dansant et en priant que le groupe rend hommage à un homme qui sera venu, aura combattu et aura péri au nom de l'amour.

- 1987 : Bono reçoit une menace de mort avant son concert en Arizona. On lui demande de ne pas chanter "Pride (In The Name Of Love)". Trouvant cette situation assez terrifiante, il finit quand même par se dire que s'il reçoit ce genre de courrier, à des milliers de kilomètres de sa région natale, c'est que la chanson à toutes les raisons d'exister. Il chantera donc, malgré les menaces. A la fin des quatre représentations de la ville, Bono remerciera Adam Clayton d'avoir "veillé sur lui" durant les lives. Aucune nouvelle du messager, durant, et après les dates.


      "The Unforgettable Fire" sait être visionnaire et rend la sonorité plus moderne (de nos jours) qu'il n'y parait. Jeune fan du groupe que je fus il y a quelques années, j'ai cru à ma première écoute que le morceau provenait d'un album bien plus récent. En témoigne, le tout premier son, la guitare flottante, qui rappel des effets par ordinateur beaucoup plus commun à ce jour, ainsi que le piano introduisant la suite, lui aussi très suave. La basse qui suivra me rappellera vite à l'ordre pour me confirmer l'époque. Le texte sera doublement référencé, Bono réfléchi durant l'écriture, à la ville de Tokyo bombardée durant la seconde guerre mondiale, tandis que tout auditeur y verra une chanson d'amour. On pourra aller jusqu'au sens du titre du morceau, on peut y voir les yeux d'une femme, comme l'explosion d'une bombe atomique.
Relayée au rang d'anecdote, "4th of July" sera utilisée pour introduire et clôturer des morceaux durant les représentations live encore aujourd'hui. Cette expérimentation nait d'une improvisation d'Adam qui interpellera son acolyte guitariste. Ensemble, ils jouent plusieurs dizaines de minutes, pendant que le producteur les enregistrera à leurs insu. Après quelques arrangements à l'écart du groupe, il présentera le morceau tel quel. Les quatre membre approuvant, il sera ajouté à la setlist.

Le 4 Juillet 1984 est la date de naissance de Hollie, fille de The Edge.


      Aussi spirituel que puisse être le groupe et ses compositions, je pense qu'à ce stade la carrière, on ne peut pas encore parler "d'adultes" mais de jeunes en colères contre le monde, comme War nous le démontre. En particulier pour la personne de Bono. D'une très grande douceur, "Bad" n'est autre qu'un cri d'adolescent, triste de voir qu'au delà des guerres, certaines personnes en vienne à souffrir de leurs propre faits. Le morceau est introduit par la guitare de The Edge qui nous emporte et nous apaise. Ces quelques notes nous rendent attentif à l'histoire qu'on s'apprête à entendre. On parle ici de la surconsommation d'héroïne dans un Dublin en pleine récession. Rien en ce monde ne soutient ni n'apaise le personnage qui se voit obliger de s'évader de la pire des manières. A mesure que le texte progresse, on nous convainc que le monde est plus beau "quand on en disparait", moins complexe, plus coloré. On nous invite même à tenter l'expérience. Durant le premier refrain et le final, Bono hurle de soulagement et de douleur après "avoir pris la dose". La chanson est une alarme. L'alarme d'un irresponsable et d'un lâche. Rien de méprisant ici, au contraire, le chanteur admettra que durant la composition et le chant, le titre lui aura prouvé selon lui qu'il n'est pas un exemple du tout et appel donc à le soutenir dans son parcours.

Il y a quelque chose en moi qui a envie de fuir..., dira Bono dans une interview.


      Second hommage à Luther King, "MLK" est une véritable prière (et berceuse) qui saura nous rappeler à jamais qu'une idée est puissante.

Puisse les rêves de ceux qui sont morts pour nos vies et nos droits se réaliser et perdurer. Puisse l'amour et l'art continuer à faire vivre et revivre les idées des anciens.


A Simone Veil, celle qui comme un autre, avait un rêve.

Maxime_Pointud
8
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le 8 août 2017

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Eddy Baker

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