Il y a dans le rock (qui paraît pourtant si « universel ») des groupes, des albums, qui semblent ne pas réussir à passer totalement les frontières, qui sont des institutions dans leur pays d’origine sans vraiment convaincre ailleurs. "The Stone Roses" en est un parfait exemple, puisque nombre de Britons le désigneront comme le « meilleur album » de tous les temps, alors que chez nous, il suscite plus d’indifférence que d’excitation. Réécouter les Stone Roses aujourd’hui, alors que les mornes années 80 sont oubliées – et aussi parfois ressuscitées, malheureusement – permet de relativiser l’enthousiasme de nos voisins d’outre-Manche : Ian Brown chante vraiment mal, et il y a un bon paquet de chansons ici qui sombrent dans l’insignifiance ; quant au fameux "coup de génie" de réactualiser la pop sucrée du début des sixties pour la lancer sur les dance-floors drogués de Manchester, il a émulé depuis trop de groupes médiocres pour encore impressionner. D’un autre côté, il y a aussi sur "The Stone Roses" une bonne poignée de morceaux brillants, propulsés par une section rythmique titanesque et transcendés par la guitare toujours inspirée de John Squire – une sorte de jeune frère de Will Sergeant, dans le genre psychédélique enrubanné... Et ces morceaux-là, suscitent toujours autant d’enthousiasme aujourd’hui, garantissant à l’album une longue vie au-delà des modes et des fanatismes tribaux. [Critique écrite en 2009]