The Stand Ins
7.4
The Stand Ins

Album de Okkervil River (2008)

Des albums comme The Stand Ins ou Black Sheep Boy, aux arrangement aussi sophistiqués, aux textes aussi finement ciselés, un groupe de rock habituel n'en sort généralement qu'un tous les trois ou quatre ans, voire un dans une vie –et pour beaucoup : aucun dans une carrière entière. Mais l'inspiration de ces Américains ignore tout du rationnement, du raisonnable, et c'est désormais chaque année qu'Okkervil River revient, en crue d'idées, irriguer l'Americana. Un état de grâce qui permettait même à Jonatahn Meiberg d'alimenter en mélodies de cristal et mélancolie délicieuse deux groupes : Okkervil River (dont il vient de démissioner) et Shearwater. On frise l'insolence, l'humiliation pour tant de songwriters orpaillant eux aussi, mais en ne récoltant que des pierres et peu de pépites, sur les mêmes rivières parties de quelques sources en altitude – de Neil Young à Tim Hardin, de Scott Walker à Gram Parsons. Suite (et chutes) de The Stage Names, un des chef-d'œuvres oubliés de 2007, The Stand Ins rappelle à quel point le storytelling est ici une affaire d'état. Mais là où, dans le passé, Okkervil River jouait de la pop de chambre un peu funèbre, où beaucoup d'anges (cette voix…) passait, il abandonne ici définitivement sa solennité, mais aussi un de peu de la singularité de Will Shelf, soudain démocrate. C'est donc logiquement dans les moments où les musiciens ne se sentent pas obligés de jouer systématiquement ensemble, avec cette santé et cette vigueur pour auto-radio de tracteur John Deere, que l'on retrouve, intactes et fascinantes, toute la gravité, l'intensité et le lyrisme forcené du groupe (Arcade Fire a forcément nagé, plus jeune, dans les remous d'Okkervil River). Les paroles sont imprimées sur la pochette : une fois encore, pour le prix d'un album, vous gagnez aussi un des meilleurs romans gothiques américains de l'année. (Inrocks)
Enregistrés au cours des mêmes sessions que celles qui donnèrent naissance, il y a un peu moins d’un an, au remarquable The Stage Names (2007), ces onze nouveaux titres apparaissent comme une pierre supplémentaire ajoutée au solide édifice folk rock dont Will Sheff et ses camarades ont entamé la construction en 2002. Désormais reconnu comme l’une des valeurs les plus sûres de la scène indépendante américaine, Okkervil River y déroule donc avec une sérénité bienvenue une musique souvent brillante et contrastée, entre ombres et lumières, où les considérations mélancoliques et poétiques servies par la voix délicatement modulée de Sheff prennent tout leur relief dans un contexte musical enjoué et même, parfois, franchement pop. Particulièrement à son aise dans les rythmiques les plus enlevées, Okkervil River se permet, par exemple, de subtiliser avec grâce la ligne de basse de You Can’t Hurry Love des Supremes pour un Lost Coastlines de très haute volée ou de rehausser de saveurs cuivrées le refrain du non moins sublime Starry Stairs. Hélas, même publié en deux volets distincts et à douze mois d’intervalle, un double album reste un… double album ! Et l’inspiration, certes prolifique, de Will Sheff ne lui permet pas toujours de maintenir ce niveau d’excellence cosmique sur l’intégralité de ce cinquième disque. Pourtant, même les ballades plus lentes et un peu plus convenues ne sombrent jamais totalement dans la banalité. C’est pourquoi, une fois jouées les ultimes mesures, un élan d’enthousiasme impose de saluer Okkervil River, le temps d’une Stand Ins ovation bien méritée.(Magic)
Un an seulement après "The Stage Names", Okkervil River revient déjà vers nous, avec sous le bras, un album très cohérent. Dès les premières notes, on reconnaît le son du groupe de Will Sheff, désormais seul aux commandes. Jonathan Meiburg ayant obtenu la garde du deuxième garnement du couple, Shearwater. Après une intro instrumentale, on entre dans l'album par la grande porte avec le somptueux "Lost Coastlines". Guitare folk en tête, le morceau démarre comme un mid-tempo sympathique, quand peu à peu, les instruments s'invitent. Basse sautillante, rythme enlevé et arrangements ingénieux font de ce titre un single parfait. La voix de Will Sheff, toujours aussi inimitable, mène sa troupe de ballades en rocks assumés. Et l'auditeur dans tout ça, sait trouver sa place. Celle que le groupe lui réserve depuis déjà cinq albums. De 2002 à aujourd'hui, ils ont acquis un brin de gloire, avec les deux derniers opus classés dans les charts américains, mais ont conservé leur identité. Celle qu'on retrouve dans un morceau comme "Our Life Is Not a Movie Or Maybe" en 2007, et qui est encore présente dans ce "Singer Songwriter", riff de guitare country guidant le chant et batterie rebondie martelant les mots de Sheff. La première partie du disque s'achève sur "Blue Tulip", premier moment de répit, respiration en forme de ballade aérienne amenée à imploser. "Pop Lie" remet le couvert dans la foulée, avec une guitare électrique très présente, sur de multiples solos et riffs tranchants. L'apparition finale de la mandoline tranche le morceau et dépose notre oreille sur la douceur de "On Tour With Zykos". Tranquillement, "The Stand Ins" touche à sa fin, avec un petit avantage aux points pour la première partie de l'album, et les titres au rythme enlevé. Jonathan Meiburg était encore de la partie sur quelques chansons, mais assurément, le divorce ne dilapidera pas leur héritage. Cas d'école, il va même sûrement le faire fructifier.(Popnews)
Le nouvel album de Okkervil River "The Stand-Ins" n’en est pas tout à fait un. Cet effort des texans est plutôt un recueil de chutes de "The Stage Names" sorti en 2007, et les deux galettes réunies auraient pu donner un excellent double album. On pourrait discuter pendant des heures sur cette polémique, mais ne boudons pas notre plaisir et abordons ce nouvel épisode de la discographie d'Okkervil River."The Stand-Ins" est une fois de plus une démonstration de force de la part d’un groupe qui pond un disque mémorable tous les deux ans. A chaque chanson, sonne un lointain appel à la campagne, une invitation à un road trip. Une voix éraillée, à la limite de la fausseté par moments vient donner à Okkervil River ce qui fait qu’un vieux vin râpe sur le palet sans pour autant empêcher le plaisir des papilles gustatives. Dans la continuité de son aîné, profondément américain, mélodique, et écrit par un Will Sheff toujours aussi inspiré (Lost Coastlines, Singer Songwriter), les quelques perles de cet opus ne vous laisseront pas indifférents. Même sans son compère Jonathan Meiburg, qui a quitté Okkervil River pour d’autres cieux au sein de Shearwater, le  songwritting de Sheff est affûté, jouissif et drôle. Vous saurez probablement apprécier les quelques perles incontournables comme Starry Stairs, Blue Tulip, On Tour With Zykos, Calling And Not Calling My Ex incroyablement touchantes. On finira sur sur un morceau au titre étourdissant qui donne forcément envie d’être écouté : Bruce Wayne Campbell Interviewed On The Roof Of The Chelsea Hotel, 1979. Le rock des texans donne toujours autant de frissons et face à tant de talent, o(

bisca
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le 11 avr. 2022

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