Considéré comme l'album le plus floydien du groupe, au moins dans sa forme, The Sky Moves Sideways est un opus malheureusement inégal, et où l'on retrouve certaines des mauvaises habitudes de Steven Wilson. A savoir, une nette tendance à surdévelopper les séquences, à étirer les ambiances parfois jusqu'à l'ennui. Pour notre plus grand bonheur, cette vision de son art trouve un terme en 1995, et The Sky Moves Sideways marque la fin d'une époque.


Néanmoins, malgré ses défauts parfois rédhibitoires, l'album est une réussite et voit l'arrivée définitive du groupe complet, du moins sur certains morceaux. En quelque sorte, il aura fallu trois albums entiers et plusieurs démos et EP's pour que Steven Wilson aille au bout de son trip ambiant-prog, parfois teinté de psyché et de dub.


Ce troisième opus est de loin le plus progressif, stricto sensu, à tel point que la presse et les fans acclameront le groupe comme nouveau Pink Floyd, au grand dam de Wilson, qui trouvera toujours cette analogie trop réductrice pour son œuvre, et on peut le comprendre. Pourtant, il serait injuste de ne pas signaler que sur ce coup-là, l'homme n'a pas volé cette assimilation parfois un peu rapide. En effet, l'esprit du groupe légendaire est vraiment très présent sur The Sky Moves Sideways. Dans sa structure il rappelle énormément Wish You Were Here, avec une très longue pièce coupée en deux parties situées au début et à la fin de l'album, entourant trois morceaux plus courts. Wilson va pousser encore plus loin la référence en utilisant des sons de claviers bien seventies et même en utilisant certaines formules mélodiques et harmoniques transformant la référence en hommage, parfois carrément à la limite du plagiat.


Sur le morceau The Moon Touches Your Shoulder par exemple, des suites d'accords planants joliment agrémentés de discrets solos qu'on croirait joués par Gilmour brisent un peu la dynamique d'une chanson qui démarrait comme du pur Porcupine Tree. Pourtant le morceau reste très beau, et il évidemment difficile de faire le reproche à Wilson d'avoir voulu s'inspirer d'un groupe aussi génial. De là à pousser la malhonnêteté intellectuelle à ignorer le fait que cet album n'aurait pas pu être signé par un autre que le grand Steve, tellement son style est reconnaissable, il n'y a qu'un pas que certains ont sans doute franchi. Pour autant, la famille Porcupine Tree n'est pas avare de grands moments sur cet opus, parfois héroïques ou sublimes, notamment la deuxième partie du morceau-titre qui nous rappelle que ce petit gars, malgré tout, est complètement blindé de talent, même si parfois, épisodiquement, une rythmique ou un solo nous replonge brutalement dans l'hommage aux géants du soft-prog. Personnellement, je regrette l'ironie et l'humour british des précédents projets mais je reconnais qu'il s'agit là d'un avis très subjectif: Porcupine Tree est devenu un groupe sérieux, pour de bon cette fois, et sa carrière est maintenant bien lancée avec The Sky Moves Sideways, qui sera le premier opus du groupe à paraître aux Etats-Unis.


Considérons donc que cet album est un solde de tout compte, et l'avenir du groupe nous donnera raison. Dans cette trilogie (On The Sunday Of Life – Up The Downstairs – The Sky Moves Sideways) nous aurons entendu les balbutiement d'un futur grand du prog et du prog-metal, et nous auront surtout vu l'émergence d'un génie du rock britannique moderne.

Silvergm
7
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le 20 mai 2021

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Silvergm

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