Galaxy Bounce

Logic, c’est avant tout un parcours humain. Rapidement séparé de ses parents un peu trop enclins à lui préférer la blanche à son éducation, le kid du Maryland fait son trou depuis maintenant plus de 5 ans. The Incredible True Story, son dernier album, est une pile d’énergie positive.

La pochette est équivoque. The Incredible True Story, c’est avant tout un voyage, une histoire, un projet réfléchi de la part de Logic. Chez le rappeur, peu de choses ne le sont pas, à vrai dire. Grâce à la lumière que lui apporte Def Jam, l’artiste a tout le loisir de proposer ses univers sans entrave, avec une force de production qui lui permet toutes les folies. C’est peu dire s’il exploite toutes ces chances à merveille.

Après plusieurs mixtapes Young Sinatra, The Incredible True Story se place comme le second album du bonhomme après Under Pressure. « Contact », le premier titre de l’album, lance la fusée. Envolée de cordes, voilà donc un morceau entre les percus empruntés à Kanye et son « Amazing » et la niaiserie de Coldplay. Logic aurait-il fait un virage pop ? Non. Il quitte seulement les terrains connus de la Terre. Vers son monde à lui, traversé de quelques messages interstellaires, ces fameuses « Scene » qu’on retrouve en interludes. Allons donc explorer la galaxie Logic, à 62 minutes de la notre.

Forcément, notre regard s’attache sur les étoiles qui ponctuent la nébuleuse. Des soleils qui brillent de mille feux, chaleureux, irradiant le temps, l’espace et les dimensions inconnues entre les deux. Parmi eux, « Fade Away », ses voix chaudes, le flow déifié de Logic en guise de gravité et son final grandiose. Pas radin, The Incredible True Story possède plusieurs de ces brasiers ardents, qu’il se permet de surcroît de baptiser avec goût.

On ne pourrait mieux nommer « Like Woah », expression de béatitude adaptée au break de malade du titre autant qu’à un sampling incroyable du titre « Liquid Sunshine » de John Cameron. Dans le genre bien-nommé, on cite aussi « Innermission ». On vous défie de trouver plus chill, plus cool, plus frais, plus propre en 2015. En prime, un petit shout à tous les fans de trip-hop, avec ce refrain façon Zero 7.

CONJUGUÉ AU PRESQUE-PARFAIT

Logic, c’est aussi une incroyable capacité à caler un flow de malade sur des instru’ rêveuses. Ça tombe bien : le stellaire est aussi beau que dangereux. C’est un peu l’idée de « Upgrade » et de « Lord Willin' », où Logic se met à jour et multiplie les exercices de voix. Parfois, à jouer avec la gravité, Logic se met à vieillir moins vite, un peu comme Matthew McConaughey dans Interstellar. Véritable power house de l’album, « Young Jesus » fait office de rouleau compresseur so 90’s. Si vous souhaitez convaincre quelqu’un d’écouter The Incredible True Story, il faut chercher du côté du sixième sillon.

Comme dans toute constellation, il y a forcément cette étoile malade, cette perturbation dans le formidable chaos qui règne un peu partout. Exercices plus contemporains et moins stylisés, « I Am The Greatest » et « Stainless » méritent peu d’attention et font preuve de peu d’intention. A Logic d’enfin se débarrasser de ces morceaux galeux, présents sur chacun de ses albums. On l’excuse facilement à la faveur du reste.

Deux moyens ne peuvent décemment pas effacer une fin d’album efficace. Le long « City Of Stars » s’aventure vers des terrains que Childish Gambino n’aurait pas reniés, dans un titre lyrique et romantique, tellement efficace lorsque le beat lâche enfin les chiens. « Paradise » emprunte sa basse aux productions de l’anglais Nightmares On Wax avant que Logic n’en prenne directement le contrôle.

Enfin, l’album se termine par son titre éponyme, un retour sur Terre où les cuivres et les Rhodes pètent, avec une orchestration digne d’un Big Band. Tranquillement, le vaisseau revient l’atmosphère, le plancher des vaches, la pluie et les rues pavées. Sortis du vaisseau, une seule envie : lever les yeux au ciel, et repartir.

COEFFICIENT HYPE : EXCELLENT
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