The Dark Side of the Moon c'est un petit peu le Harvest de Neil Young ou l'album noir de Metallica, sous prétexte qu'il a réussi à atteindre un plus large public et à quitter la scène underground londonienne, les inconditionnels de la première heure ont eu tôt-fait de le considéré comme une hérésie.


Il faut resituer le contexte, on est en 1973, Sir Barett aussi brillant fut il n'est plus qu'un souvenir et son influence rebelle et psyché commence à s'éloigner. Le groupe n'en est plus à son coup d'essai puisque deux ans auparavant sortait le dantesque Echoes, drainant à eux les lumières des projecteurs du monde entier.


La barre est donc très très haute pour Waters et sa bande. Mais malgré cela, ils vont incroyablement bien négocier le virage et sortir The Dark Side of the Moon, album d'une créativité et d'une virtuosité rare qui survole pas moins de 30 genres musicaux différents. Outre son succès commercial sans précédent, celui-ci redéfini l'album-concept en suivant en un seul morceau le cours d'une existence, de la toute première respiration au crépuscule de la vie. Plus intriguant encore, on retrouve les mêmes lignes harmoniques à plusieurs endroits de l'album.


Le floyd commence donc en douceur avec Breath et l'orgue planant de Richard Wright. Parfaitement maîtrisé, ce morceau pop fait place au très expérimental et électronique On the Run. Sans doute le plus oppressant de l'album, il fait la transition avec Time et les incessants tic-tacs de ses horloges dans lequel on retrouve le mythique solo de guitare de David Guilmour. Cette première phase de l'album se conclue par une composition de Richard Wright et une interprétation gospel de la mort signé Clare Torry Quipassaitparlà dans Great Gig in the Sky.
L'enchantement se poursuit avec Money, titre désormais culte abordant le côté absurde dont l'être humain s'escrime à amasser de l'argent. Vient ensuite le religieux Us and Them et son saxophone ainsi que Any Color You Like qui pose les bases du prochaine album grâce aux synthétiseurs spatiaux de Rick Wright.
La conclusion est amenée de la manière la plus envoûtante et épique possible lors d'un diptique musical d'une majesté et d'une emphase sans précédent! Tout d'abord en abordant la folie de leur ancien capitaine dans Brain Damage où Waters fait part de ses propre angoisses et de sa peur de rejoindre la face cachée de la lune. Eclipse enfin, porte un point final à l'album en un crescendo incantatoire dans un tourbillon d'instruments et de cœurs toujours marqué par cet inlassable pouls.


Sobre et tout en puissance, The Dark Side of the Moon parvient à acquérir un côté quasiment universel grâce à des thématiques et des bruitages compréhensibles de tous (la respiration dans Breath, l'effet Doppler utilisé dans On the Run, les horloges dans Time, le tintement des pièces dans Money ect).

C'est aussi incontestablement l'oeuvre la plus "carré" des Pink Floyd. Ca parait dingue de dire ça en parlant d'un groupe dont la légende dit que l'acide était leur principal moteur créatif et pourtant il revête une dimension presque cartésienne aussi bien dans sa structure, la logique des thèmes abordés que dans l'esthétique de sa pochette qui n'est pas sans rappeler l’expérience de Newton.


The Dark Side of the Moon est un chef d'oeuvre d'élégance et d'intemporalité, fruit d'une alchimie à nulle autre pareille entre les 4 hommes d'un groupe devenu culte. C'est en quelque sorte la perfection faite du disque, une perfection qui peut sembler parfois un peu froide mais qui se doit d'avoir été écoutée au moins une fois par quiconque prétend connaitre la musique pop contemporaine.


Mais le plus fascinant et le plus déconcertant dans cette histoire c'est qu'ils parviendront tout de même à éclipser cet album 2 ans plus tard. Cette fois-ci avec une oeuvre certainement moins structurée mais à mon sens beaucoup plus personnelle et touchante.


Et là pour le coup, on touchera au mythe.

AxelManiez
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le 3 sept. 2016

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Axel Maniez

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