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The Bootleg Series, Vol. 9: The Witmark Demos: 1962–1964 par dylanesque

À sa sortie en 2010, ce neuvième chapitre des Bootleg Series fut une petite déception pour les bobcats. Faut dire que le volume précédent avait mis la barre assez haute et qu'on était en droit d'attendre de Jeff Rosen et sa bande une plongée encore plus étourdissante dans les inédits du Zim. Les versions new-yorkaises de Blood on the Tracks ? Les tournées gospel de 79-81 ? Les sessions d'Infidels ? L'album mort-né de 92 ? Non, désolé les gars, ce sera les Witmark Demos. Et que ça vous plaise ou pas, même si vous avez déjà le bootleg depuis longtemps, on sait que vous sortirez le porte-monnaie pour ajouter notre joli coffret à votre collection. Dur d'être une vache à lait mais, comme souvent avec Dylan, une fois que l'on sait gérer nos attentes démesurées, il y a beaucoup de belles chansons à apprécier.


Malgré l'échec commercial de son premier album, Dylan sentait déjà le pognon dès ses débuts et son producteur John Hammond n'a pas attendu longtemps pour vendre le catalogue du jeune artiste à son pote Lou Levy, éditeur chez Leeds Music Publishing. Une avance de 1000 dollars a suffi pour que Dylan se mette à composer en masse et enregistre tout ça lors d'une série de sessions prouvant à quel point le gamin était prolifique. Même en s'inspirant de ballades irlandaises sûrement transmises par les Clancy Brothers ("Rambling, Gambling Willie"), même en reprenant les codes des vieux bluesmen ("Standing on the Highway") ou en s'inspirant directement de la une du journal (l'amusant "Talking Bear Mountain Picnic Massacre Blues", chronique amusante d'un naufrage, parodie inconsciente de Phil Ochs).


Quand Albert Grossman devient le manager de Dylan, il renégocie le contrat avec Levy, en se gardant une bonne part du gâteau. Et emmène son client dans le bureau d'Artie Mogull, éditeur chez M. Witmark & Sons. Le nouveau contrat motive à nouveau un songwriter de plus en plus demandé et dont le "Blowin' in the Wind" rapporte gros depuis que Grossman l'a refilé à Peter, Paul & Mary, son autre lubie. Entre 62 et 64, Dylan rendra douze visites à Witmark pour enrichir son catalogue avec des classiques bankables comme "Girl From The North Country", "Don't Think Twice" (reprise par Johnny Cash) ou "Mr Tambourine Man" (offrant aux Byrds un ticket pour la gloire). En 65, il va créer avec son manager sa propre maison d'édition, Dwarf Music et, deux ans plus tard, il se séparera de Grossman, réalisant à quel point ce dernier s'est honteusement enrichi sur sa plume.


Si ces démos n'ont jamais eu vocation d'être publiées (d'où l'enregistrement souvent modeste), elles restent un document passionnant sur un songwriter en devenir, de ses débuts très ancrées dans la tradition folk du Greenwich Village ("Ballad for A Friend" et "Man On The Street" qu'on imagine bien dans la bouche de Dave Van Ronk) jusqu'aux envolées poétique qui le place au dessus de toute concurrence ("Hard Rain", "Boots of Spanish Leather" et, surtout, le bouleversant "Tomorrow is a Long Time"). Ce coffret est le seul moyen de posséder des classiques du Zim comme "John Brown" ou "Farewell", le seul moyen d'entendre des vignettes aussi attachantes que "All Over You" et "Gypsy Lou". Un bon achat pour les complétistes donc, une bonne manière de découvrir la variété d'écriture et d'humeurs du jeune Dylan pour les novices.

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le 27 déc. 2016

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