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The Bootleg Series, Vol. 13: Trouble No More 1979–1981 (deluxe edition) par XavierChan

Ecrire sur Trouble No More, live(s) exhumés du fond de tiroir pour combler les Bootleg Series annuels qui mettent à jour depuis deux ans notamment quelques unes des plus belles pages de rock souterraines des sixties (The Basement Tapes, The Cutting Edge), et accessoirement de l'Histoire tout court, c'est comme écrire sur l'une des plus sidérantes contradictions artistiques d'un des auteurs les plus définitifs de la contre-culture. Rien ne va plus, Dylan est passé à l'électrique, merde, chante comme un dieu et maintenant du rock chrétien. Du Rock Chrétien, mec. South Park s'en moquera vingt ans plus tard, réduisant au ridicule séduisant tous ces adorateurs pour qui Jésus est le meilleur programmateur musical.


L'une des plus incompréhensibles et inabordables pages, d'un point de vue artistique, de son auteur qui a toujours voulu écrire des textes et des chansons sans arrière pensée. De premier abord, le terme bien cheapos de "bootleg" passe toujours pas. C'est un terme putassier devenu gemme dorée auprès des complétistes fous. Ensuite, une jaquette exposant Dylan au micro probablement lors d'un des multiples concerts donnés entre 1979 et 1981, arborant fièrement un style vestimentaire prônant des "Shine a Light" (Precious Angel, enregistré ici en novembre 79) à tout va derrière des lunettes d'aviateurs fumées, dans un enrobage digne des disques afros qu'on pourrait trouver à la sauvette Rue Marcadet.


Il y a aussi ces titres embarrassants, pas très bons franchement à l'instar d'un Man Gave Names to All The Animals (sic) ou de quelques blues funky juste hyper anonymes. C'est tout de même Dylan au micro, pas Dire Straits. Et puis, en tendant l'oreille de plus près, parmi des ritournelles sorties tout droit de l'imaginaire d'un groupuscule clandestin à but lucratif genre Chiasse et Prêche, un grand moment de rythmique rock "When You Gonna Wake Up", montrant un Dylan vocalement à l'abandon face à Dieu, croyant dur comme fer en ses prières rock, une belle balade digne des Basement Tapes (cet orgue sur "Covenant Woman", à se damner), ou encore un "When He Returns", dont on jurerait qu'en ce soir de 16 novembre 1979 Lou Reed était à la guitare.


Que l'on soit absorbé ou pas par les textes quasi évangélistes de Dylan, bien au-dessus de ce qu'un George Harrison avait pu pondre pour ses différents guides spirituels du moment par exemple, juste pour vous présenter l'étendue des dégâts, force est de constater que musicalement, cette compilation de soirées chrétiennes, avec gospel et tout le grand jeu, est un éclaircissement de l'ambiance du moment et de la capacité qu'à Dylan de se renouveler après une période creuse (après Blood on the Tracks, rien). L'occasion aussi de signer une quantité une nouvelle fois indécente de morceaux mêlant adroitement rock pur et dur, gospel, blues, funk ou romantisme tout plein de poésie et d'amour.


Sinon, une chanson, "What Can I Do For You", qui vaut à peu près tout ce qu'on peut entendre de mollasson depuis 500 ans lorsque l'on pousse l'immense porte d'une cathédrale découverte au détour d'une rue.

XavierChan
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le 14 nov. 2017

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XavierChan

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