Summer Make Good
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Summer Make Good

Album de múm (2004)

Il y a deux ans, le groupe Múm sortait un album hanté, le toujours beau Finally We Are No One, qui comportait un morceau, Green Grass of Tunnel, à la beauté pastorale, se dénouant doucement pour mieux embrasser, puis embraser, les oreilles. Ce disque s'est vendu à 100 000 exemplaires (dont 10 000 en France) : un exploit pour un groupe indépendant. Depuis, Múm a légèrement muté. Sa formation de base s'est réduite à trois personnes, les deux bidouilleurs Orvar et Gunnar et la chanteuse Kristin, la sœur de cette dernière ayant décidé de quitter la formation. Malgré son titre, Summer Make Good est un disque hors saisons. Il débute par un morceau court où se mêlent les craquements d'un bateau en bois, pris en haute mer, et les notes d'une guitare furtive. Le disque se poursuit avec une grâce nonchalante et une fluidité envoûtante, mi-électronique et mi-pop, mi-diurne et mi-crépusculaire. Múm prend plus que jamais son temps pour construire ses atmosphères chavirées, placer ses rythmes et ses mélodies instrumentales graciles, au centre desquels le chant de Kristin délimite invariablement une zone d'apaisement feutré. Summer Make Good n'est pas un disque d'ordinateur, mais un album d'artisans sonores à la limite de l'autisme. Il se feuillette délicatement, à la manière d'un carnet de croquis intimes, dans lequel la nostalgie se mêle à un intense sentiment de modernité en marche. Ecrire le futur au passé : armé de sa grammaire islandaise, Múm fait cela mieux que personne. (Inrocks)


Éparpillés entre Reykjavik et Berlin, les membres de Màºm viennent de donner suite aux splendides Yesterday Was Dramatic, Today Is Ok (Thule Music, 2000) et Finally We Are No-One(FatCat Records, 2002) qui les firent connaître en Europe. Au bord de l'asphyxie, la voix haut perchée de Kristà­n Ann Valtysdottir - sa jumelle Gya a pris la poudre d'escampette et manque cruellement au générique vocal - continue de nourrir une matière électronique raffinée dont la joliesse n'a d'équivalente recensée qu'en terre islandaise, nichée quelque part au creux des disques de Björk et d'Emiliana Torrini. En effet, s'il ne rajoute guère de vocabulaire à  la prose de son prédécesseur, Summer Make Good émeut toutefois par ses thèmes à  la mélancolie communicative et son abandon de toute notion de rythme au profit de longues nappes éthérées. Les douze titres s'enchaînent ainsi pour se fondre en un seul et même rêve délicieux auquel on s'abandonne sans retenue, certain d'avoir trouvé là  le compagnon idéal de crépuscules douillets. Précisons d'ailleurs aux plus fervents adeptes de ce groupe à  géométrie variable que l'édition japonaise de Summer Make Goodoffre en bonus quelques films Super-8 de son cru, comme pour mieux démontrer encore l'aspect éminemment visuel de ces compositions aériennes. Enfin et pour conclure, on ne saurait que trop recommander d'aller goûter la qualité de cette musique logicielle sur scène, Màºm sillonnant ces jours-ci les routes de notre beau pays avec pour unique bagage quelques claviers analogiques, guitares acoustiques, ordinateurs portables et autres mélodicas vintage. (Magic)
Le fan de Múm que je suis a hésité avant de se lancer dans la chronique de ce nouvel album. J'aurais presque préféré faire preuve de l'enthousiasme béat et aveugle du fan. Pourtant, au bout de quelques écoutes, il fallait se rendre à l'évidence : je ne pouvais qu'abonder dans le sens des quelques critiques négatives lues de-ci de-là sur "Summer Make Good". Oui, la recette semble similaire sur des morceaux qui paraissent tous construits sur le même moule ; oui, l'utilisation des glitches et autres sons (soi-disant) étranges est plaisante un temps, mais finit par lasser ; oui, la voix de Kristín Valtysdóttir est agaçante à force de puérilité ; non, ces sons venus d'ailleurs (les craquements du pont d'un bateau, le vent qui s'engouffre dans les escaliers du phare) ne sont pas inquiétants bien longtemps... Je regrettais les précédents albums, les lumineux "Finally We Are No One" et "Yesterday Was Dramatic, Today Is Ok", qui excellaient en faisant évoluer Múm en équilibre sur une corde raide, tendue entre l'électro pure et l'électropop chantée, avec la cerise sur le gateau, l'étrangeté islandaise. Mais l'équilibre était précaire et "Summer Make Good" était l'album de la chute. J'ai persévéré, je suis allé voir Múm en concert et c'est sans doute grâce à cette expérience hallucinogène que j'ai fini par changer d'avis. Je me suis rendu compte que "Summer Make Good", plus encore que les précédents, est un album sans compromission, sans demi-mesure, à mille lieux de la tiédeur et de la grisaille (a fortiori du succès). C'est un disque tout noir que j'imagine enregistré principalement la nuit, quand il fait très froid et très sombre en Islande en hiver. C'est un disque exigeant qui ne se comprend pas à la première écoute, dans lequel il faut se plonger et s'immerger, tous les sens en éveil. Je me suis rappelé la voix délirante de Mia Farrow dans Rosemary's Baby, si glaçante, si inquiétante, si proche du chant de petite fille de Kristín Valtysdóttir. Et j'ai fini par comprendre que Múm n'hypnotise que ceux qui y croient, qui ont envie de voyager au milieu de paysages sonores fort éloignés de nos contrées grisâtres, sur des vaisseaux fantômes peu confortables mais pleins de rêves (de cauchemars ?) d'enfants.(Popnews)
Mum revient deux ans après “Finally we are no one”, un album magnifique qui les avait fait connaître. Cette fois, « Summer make good » est plus sombre, plus teinté d’émotions et de mélodies. Le son de Mum semble avoir un petit peu changé. Les sons sont moins froids qu’avant et laissent plus de places aux instruments classiques. Un album très cinématographique, qui après plusieurs écoutes se révèle être réussi. La voix de Kristin est magnifique, bien posée, et fait frissonner le corps et le cœur. Dès le deuxième titre, on reconnaît l’habileté des Islandais à nous faire partir dans un long voyage d’ou l’on n’aimerait pas revenir. Les instruments ne s’arrêtent plus, on est pris dans la musique, dans ces sons magnifiques et entêtants. La musique de Mum est toujours aussi belle, toujours aussi mélodique, mais il y un seul reproche que l’on pourrait faire à ce « Summer make good » : il peut être ennuyeux sur la longueur. Les plages se succèdent sans imposer un rythme, et il est difficile de rester dans ce monde pendant les 46 minutes.(liability)
bisca
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le 10 avr. 2022

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