Merci pour tout, c'était sympa

On peut le dire clairement, cet album est sans doute le moins bon, ou plutôt le moins fantaisiste, de Stupeflip. Stup Virus n'a rien de vraiment surprenant, pas de sons ou de concepts renversants pour toutes personnes ayant déjà écouté les cds précédents, pas de musiques qui sonnent forcément emblématiques ou qui partent en délire total; il y a comme une forme de sobriété. Tout semble plus calculé et moins bordélique, il y a un aspect quasi chirurgical qui renvoi au titre de l'album ou bien à cette voix d'ia de Sandrine Cacheton. Et pourtant ce sont ces quelques éléments qui passent comme des défauts qui donnent son grand charme à l'album.

En effet le Crou est moins énervé, King Ju ne crie plus vengeance; la rage laisse ici place à l'espoir et non au cynisme, sans tomber dans la naïveté pour autant, loin de là. Le grain de folie Stupeflip est toujours bien présent, et est très bien dispersé dans ce que veux être cet album. Fini la trilogie des différentes ères du Stup et ses histoires abstraites, ici on est sur quelque chose de plus concret, mais le Crou n'oublie pas pour autant son passé. Parsemé de références à la mythologie mise en place durant des années, Stup Virus ne tombe jamais dans le fan service putassier, l'album est toujours juste. Les différents beats et aires de musiques sont toujours "tentaculaires" et hypnotiques, de façon à faire bouger les nuques. Les lyrics tournent souvent autour des mêmes thèmes au long de l'album, elles sont très belles et nostalgiques, parsemés d'un peu de mélancolie, mais avant tout de positivisme, juste ce qu'il faut pour ne pas tomber dans l'excès. Si Stupeflip regarde parfois en arrière ici ce n'est que pour mieux aller de l'avant, pour enfin achever ce qu'il avait débuté. On tient ici l'oeuvre la plus uniforme du Crou.

De nombreux fans vont sans doute regretter le manque d'éclat fulgurant de l'album, ça peut sans doute se comprendre, et pourtant c'est la meilleure et la plus belle manière de dire leur dire au revoir pour de bon. Stup Virus ne se cache pas d'être un dernier tour de piste pour la bande à King Ju et en profite pour être une ode à ce qu'ils ont construit et à tout ceux qui les ont écouté et vieillit à leur côté, tout en étant dans son uniformité l'oeuvre la plus intemporel de Stup pour ne pas qu'être un cadeau pour ceux-ci. Un au revoir qui ne tombe pas dans le mauvais goût.
Ce n'est pas l'album qu'il nous fallait pour revivre une expérience digne de l'âge d'or du Crou, mais celui nécessaire pour lui dire au revoir pour de bon et n'en garder que le meilleur tout en étant une oeuvre à part entière malgré tout.
On lâcherait presque une larme à la fin de ce cd et pourtant à ce moment là il nous le rappelle bien qu'on doit pas chialer, donc on va pas en venir là hein ? Nan !...Si ?