Stories From the City, Stories From the Sea par bisca

Vierge folle et femme f tale au moment de ses arides premiers albums, franchement femme fatale sur le voluptueux To bring you my love, un peu taupe à l'époque du confiné Is this desire , PJ Harvey semble aujourd'hui libre et portée par le vent. Stories from the city, stories from the sea commence par le puissant Big exit, où la voix tombe comme la foudre sur des rafales de guitare. Il se terminera en plein soleil avec We float. Entre les deux, le splendide blues rouge sang de Beautiful feeling, quelques titres qui ressemblent au lever du soleil sur Manhattan (et donc à Patti Smith), le duo escarpé avec Thom Yorke, des chansons brumeuses ou fiévreuses, entre apesanteur et déchirement : un grand disque de rock incandescent, intelligent et indompté. Ici, Polly Jean retrouve sa guitare et son feu intérieur, une façon de faire irradier la colère, de faire cingler la simplicité qui n'appartiennent qu'à elle, qu'elle n'aurait jamais dû abandonner. Aujourd'hui moins femme au bord de la crise de nerfs que fille du bord de mer, PJ Harvey a trouvé une issue, la Big exit du premier titre de l'album. A la fin, elle chante "we float, take life as it comes", "on flotte, on prend la vie comme elle vient." (Inrocks)


Autant être clair : il ne fera pas bon réécouter les cinq albums précédents de PJ Harvey à la lumière de ce Stories From The City, Stories From The Sea. Non pas que la rudesse de Dry et 4-Tracks Demos, la sécheresse de Rid Of Me, la surprise To Bring You My Love ou les expérimentations sonores de Is This Desire? ne nous aient pas procuré de sacrés frissons, mais ce nouvel album surpasse de loin, de très loin même, les précédentes livraisons de Polly. Comme souvent dans pareil cas, on parle alors d'album de la maturité. Une idée qui, d'un côté, n'est pas fausse, tant PJ Harvey n'a jamais paru aussi libérée qu'aujourd'hui mais qui, de l'autre, n'est pas facile à défendre au regard de sa discographie (sans compromis et intense) et des personnalités (Steve Albini, Flood, Eric Drew Feldman ou John Gore côté producteurs, Nick Cave ou Tricky côté artistes, excusez du peu) à qui elle s'est déjà frottée. Et pourtant, il faut se rendre à l'évidence, Polly Jean Harvey a franchi un cap. Et pas seulement celui de Land's End à la pointe des Cornouailles lorsqu'elle est partie s'installer à New York où ont été composées ces douze nouvelles chansons. Stories From The City, Stories From The Sea s'affiche comme l'oeuvre flamboyante d'une artiste affranchie de ses oripeaux arty, de son complaisant et soi-disant autisme. Il faut l'entendre sur l'épique The Whore Hustle & The Hustlers Whore, morceau emblématique de ce changement, qui doit autant... à U2 qu'aux Chameleons. Mais attention, soyons clairs et rassurants, PJ Harvey n'a rien perdu de sa personnalité rebelle, de son incandescence. Au contraire. Plus mélodique (Good Fortune, A Place Called Home), plus flamboyante (Kamikaze ou Big Exit en ouverture), plus combative (One Line, This Is Love) mais aussi plus sereine (Beautiful Feeling, Horses In My Dreams, This Mess We're In en duo avec Thom Yorke), elle a juste pris conscience de son immense talent, pris confiance en son incroyable potentiel. Inévitablement, l'ombre de Patti Smith plane sur ce Stories From The City, Stories From The Sea mais les influences d'un Nick Cave (pas étonnant lorsque l'on sait que c'est Mick Harvey, son fidèle bras droit, qui coproduit le disque aux côtés du fidèle Rob Ellis) ou, plus surprenant, d'une Kristin Hersh (que l'on jurerait entendre sur le très beau You Said Something) ne doivent pas être sous-estimées. C'est en ape-santeur que s'achève le meilleur disque de l'une des plus grandes artistes de notre époque avec ce We Float à l'image de Stories From The City, Stories From The Sea : magistral.(Magic)
PJ Harvey vieillit. Lentement, doucement, une ride par ci, un peu de poids par la, comme tout le monde elle change. Et sa musique change aussi, une ride par ci, un peu de poids par là, beaucoup parfois. "Stories from the City, Stories from the sea" a été enregistré entre New York et le Dorset. PJ Harvey, la jeune fille hargneuse de "Dry" a quitté sa campagne (rude et jolie) pour gagner la ville et ce voyage l'a transformée. Au contact des New-yorkais elle s'est policée. Elle a perdu ce côté "sauvageonne pleine de charme qui ne sait pas si elle va griffer ou embrasser". Elle y a gagné une certaine maturité même si maturité n'est pas vraiment le mot qui convient. Pour être bref je dirais qu'elle s'est découvert un fort penchant pour les poétesses urbaines de Patti Smith à Venus Falling. Le problème de "Stories from the City, Stories from the sea" c'est que Polly Jean ne semble pas bien maîtriser ses nouveaux atours, qu'elle s'empêtre parfois dans les ourlets de ses manches trop amples et que ses créations en pâtissent en prenant des traits balourds (This is Love, Good Fortune). Pourtant, quand elle laisse de coté le maniérisme forcené, elle réussit sans peine à surprendre et enthousiasmer (A Place Called Home, The whores hustle and the hustlers whore, Kamikaze). Malgré cela "Stories from the City, Stories from the sea" reste un album un tantinet bancal ne tombant jamais dans le pire mais rarement dans le meilleur. Je n'ai pas retrouvé la lumière crue de "Dry" qui m'avait révélé les charmes de la miss. Un peu comme après la sortie de "Rid Of Me" et la semi déception qui suivit les premières écoutes,  je vais attendre patiemment la sortie des demos qui doivent être superbes.(Popnews) 
bisca
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le 28 mars 2022

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