Spirit
6.2
Spirit

Album de Depeche Mode (2017)

Introspection des "Emotional Machines" portée par Spirit

Attention ceci est ma première (et peut être dernière) critique. Elle se base sur l’album Spirit et à travers cet album je tente modestement (re)définir ce qu’est Depeche mode.


Voilà nous y sommes, le 14ème album de DM, qui sont toujours à la barre de leur univers de sonorités et genres hétérogènes, afin de nous livrer des reliques musicales uniques et comparables qu’à elles-mêmes. Décrié à leur début et … toujours aujourd’hui mais pas dans la même mesure. Et cela est une de leurs caractéristiques, le clivage depeche modien (peu d’avis sont péremptoires avec eux), prenez 10 personnes qui sont toutes aussi fans du groupe, vous n’aurez jamais les mêmes avis, préférences et approches de la discographie, de même pour ceux qui n’aiment pas. Hors les mauvaises fois, tous ont raison, à l’image de ce dernier album, SPIRIT.


Je vais tenter d’être le plus concis et exhaustif possible. Rappelons déjà comment s’approprier un album de leurs albums, du DM ça s’apprivoise (plus que la plupart des autre groupes), la plupart du temps c’est au fil des écoutes que les appréhensions évoluent ou se fixent afin de dénicher tout le potentiel (cacher) de l’album. Et dans un second temps vous avez peu de chance d’apprécier du DM de manière objective (et oui) ; en écoutant avec la raison on ne peut qu’apprécier quelques albums, comme Violator ou Music for the Masses, voire Playing the Angel. Alors qu’en se jetant, s’enveloppant, se berçant, tel un psaume dédié à ce que vous désirez, là seulement vous viserez leur empyrée musical. Oui ce que vous désirez, je vais tenter une métaphore peut être un peu osée : écouter du Depeche Mode c’est comme passer le test du Rorschach, ce que vous verrez vous appartient totalement, certaines personnes penserons comme vous sur certaines planches, mais au final la définition de chaque chanson sera propre à votre ressentie et à vos émotions. Tous ceci peut paraître chiant pour des gens (et ça l’est) mais c’est en tout cela que réside la touche unique de Depeche Mode. En comparaison (gratuite) il y a U2 qui fait une musique beaucoup plus raisonné et de consommation qui est donc moins sujette à interprétation ; et avec le peu d’autodérision et d’innovation qu’ils ont dans leur œuvre, ça donne des choses pas très marquantes surtout depuis les années 2000. Pour reprendre une phrase que j’ai lu dans un magazine « si U2 gérait sa musique comme ils le font pour leur multinational ils seront le meilleur groupe de tous les temps » (gratuit vous dis-je).


Back to Spirit : je vais commencer par les points négatifs de l’album. Il n’y a pas de tubes qui se démarquent vraiment. Oui en effet, objectivement il n’y a pas de tube comme master and servant, enjoy the silence, strangelove, policy of truth et autres. Mais depuis Songs of Faith and Devotion quelles chansons ont marqué l’univers musical comme ceux de l’époque Alan ? Precious où elle est décriée comme étant trop proche d’une certaine chanson sur Violator ou à la rigueur a pain that i’m used to ? Évidemment non, on se souviendra toujours des plus anciens, mais pourquoi alors Ultra ou Delta Machine, sont des bons albums ? Parce qu’il y a de bonnes chansons tout simplement et que ce sont les fans qui ferons de leurs chansons favorites des tubes (l’exemple le plus flagrant étant fly on the windscreen) pour ma part c’est sister of night pour Ultra et alone pour Delta Machine.


L’autre critique (négative) majeure est qu’ils se sont « parodiés » en faisant ce qu’ils savent faire et sans trop se mouiller (oui vous verrez des gens qui pensent tous le contraire de l’album mais repensez au clivage). C’est vrai que je trouve qu’au niveau musical l’album se place entre Some Great Reward et Black Celebration ; mais ce sont peut-être ces mêmes gens qui se plaignaient que depuis le départ d’Alan Depeche Mode s’était perdu musicalement… il paraitrait aussi que du fait que l’album soit sombre, qu’il ressemble à Songs of Faith and Devotion. Oui mais non, DM nous offre des déclinaisons du sombre, avec SOFAD nous avons un album sombre de rédemption amoureuse et religieuse sur batterie et guitare, un album assez maniaco-dépressif jonglant entre chanson de révolte personnelle et de désespoir personnel. Avec Ultra nous avons, du sombre crade, sale, mêlant électro saturée avec guitare et batterie minime pour chanter la dépravation et l’errance d’un Dave au plus bas. Puis nous avons Spirit avec de l’électro très fermée, anxiogène, aux beats parfois agressifs et puissants, on nous chante là aussi une dépravation et errance mais de l’espèce humaine avec les valeurs qui disparaissent (et d’amour aussi comme toujours).


Les points positifs sont, l’homogénéité et la cohérence de l’album qui frôle le paroxysme. Cela nous donne un sentiment d’unité, qui n’est pas cassé par des tubes ou chansons plus basses que d’autres. Ce qui, je trouve, est le cas pour Violator où il y a plein de tube et les autres ; ce qui peut décevoir quelqu’un qui n’écoute pas DM à cause de la Hype autour de cet album qui comme seul point négatif est peut-être d’être trop bien produit (comme le dernier album des Daft Punks). L’écoute de l’album se fait de manière très fluide et d’une traite. Après on rentre surement trop dans le subjectif mais cet album est celui qui me laisse le moins indifférent à l’écoute, l’oppression est maximale, nous émeut, nous fait réfléchir, dur d’y être indifférent après la première écoute. C’est ce que je reproche un peu à Delta Machine, après l’avoir écouté je me suis dit « quel bon album de DM, des titres qui ressortent comme heaven, soothe my soul, soft touch/raw nerve, angel, alone, goodbye. Mais il y a des passages à vides comme my little univers ou the child inside mais c’est un mal pour un bien car l’album est assez long ». Avec spirit pas le temps de trop souffler, going backwards, where’s the revolution, scum, cover me, scum, poorman, poison heart, the wort crime sont plus qu’excellentes dans le contexte de l’album. So much love était une grosse blague pour moi, le début ressemble à un mauvais mix de new life, mais au fur et à meure on se laisse hypnotiser par la rythmique et le chant ralenti de Dave par rapport à cette dernière. Ce qui donne la seule pose de légèreté de l’album (et elle passe fichtrement bien en concert !!) No more et you move sont biens, elles ne font pas taches et ne tirent pas l’album vers le bas, mais vers le haut non plus. Pour les ballades de Martin, elles sont mieux que celles sur Delta Machine et Sounds of the Universe (ça n’engage que moi). Eternal est courte, et l’orgue nous rappelle le fameux mix à l’orgue d’enjoy the silence, sauf qu’ici il fait plus noir que noir. Fail est celle que j’aime le moins de l’album, certains l’apprécient beaucoup ; les arrangements sont assez célestes, et la chanson est triste.


Cet album confirme la maturité que prend le groupe avec le temps. Ils n’oublient pas d’où ils viennent musicalement mais avancent devant en ne regardant (pas assez ?) sur les côtés. Mais je mets au défi de trouver 5 groupes qui, sur une période aussi longue, ont sans cesse créé un album avec sa propre personnalité, ne reproduisant jamais à l’infini la même formule, tout en faisant une musique reconnaissable entre 1000. Alors pour Spirit, oui j’en ai gros et j’aimerai qu’il soit considéré comme tel.


Et oui, je mets un 9/10 mais on s’en fout, je veux juste tirer mon chapeau bas pour un groupe qui contre vents et marrées et pendant tant d’années a su nous proposé de nouvelles choses créant toujours le débat, tout en gardant sa signature spirituelle. Alors merci à Mister Gore, Gahan et Fletcher ; à Mister Wilder et Clarke ; à Mister Daniel Miller ; et surtout à tous ceux qui ont en commun la sympathie, la bienveillance ou l’amour de cette musique post Kraftwerkienne à qui une âme et une voix furent données. Si toi qui n’es pas d’accord avec ceci, et qui pense que cet univers est survendu, qu’il en soit ainsi, car Crom rit du haut de sa montagne en écoutant DM (avec Mr Curtis).


P.S. on repassera pour le coté concis.

Technicolor-Lemon
8

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Créée

le 20 mars 2017

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