L’an dernier, sur l’album Dark Developments, on avait découvert, pour la première fois en près de vingt ans, Vic Chesnutt en plein air, orienté pop, presque joyeux. C’était pour rire, c’était pour de faux. Aujourd’hui, l’éclaircie est passée. Retour à la mine avec deux albums qui saignent et pleurent au fond du puits. At the Cut est un peu la suite de North Star Deserter, son album de 2007 : Vic Chesnutt retrouve Montréal, le ciel plombé du label Constellation et la nébuleuse de musiciens de A Silver Mt. Zion. La suite, ou son fantôme. At the Cut est aussi gothique que North Star Deserter, mais moins flamboyant. Même bien entouré, Vic Chesnutt reste un grand solitaire qui écrit des chansons et chante comme d’autres s’ouvrent les veines. Avertissement au lecteur non averti : Vic Chesnutt est un chanteur en état de décomposition avancée. Pour un peu de légèreté, on comptait sur Skitter on Take-Off, une vraie curiosité sur le papier : un album live en studio, enregistré avec Jonathan Richman et de son fidèle batteur Tommy Larkins. Qui commence par Feast in the Time of Plague : la fête, oui, mais au temps de la peste. Sans oublier la tuberculose ni la grippe A. En quasi solo (on entend à peine Jojo et Toto), la mâchoire serrée, Vic Chesnutt égrène ses terribles histoires de défaite et d’amertume. Un grand moment d’émotion, et de damnation. Pour la légèreté, c’est raté. (inrocks)
À voir débarquer un nouveau nouvel album de Vic Chesnutt alors qu’on n’a pas encore décellophané le tout frais At The Cut, on est prêt à diagnostiquer chez l’Athénien un début de SFB (Syndrome Frank Black : affection atteignant certains auteurs-compositeurs prolixes incapables de stopper l’infernale cadence de publications pas toujours essentielles et de projets plus ou moins aboutis). Mais il n’y pas ici la moindre trace de désinvolture ou de complaisance dans cet album austère. Vic Chesnutt est là tout entier et tout nu. Skitter On Take-Off est le fruit d’une collaboration avec deux amis de longue date : Jonathan Richman et son fidèle batteur patibulaire, Tommy Larkins, ont souhaité produire ce disque et offrent accessoirement leurs services de backing-band fantôme. Car ce qu’on entend surtout ici, c’est Vic Chesnutt seul à la guitare, à peine soutenu par une rythmique minimaliste, déroulant des chansons désolées dans un dépouillement effrayant, sans arrangements ni fioritures. Tout à sa litanie de désastres intimes, le chant dérape parfois et appuie là où ça fait mal. Sur Worst Friend, Vic dresse un catalogue déroutant et cru de camarades aux défauts plus ou moins rédhibitoires, avant de s’attribuer le titre de pire ami du monde ("When you are down, I’m nowhere to be found"). Le seul moment où le chanteur laisse entrer un peu du soleil qui suit Jonathan Richman en permanence, c’est Society Sue, avec rythme chaloupé et guitare chaleureuse au menu. Le disque s’achève sur une nouvelle version de Sewing Machine, déjà interprétée en groupe sur l’unique album de Brute, Nine High A Pallet (1995). Un souvenir d’enfance sépia encore plus touchant quinze ans après sa première incarnation électrique. (Magic)


Juste avant de se donner la mort le jour de Noël, Vic Chesnutt a enregistré deux chefs d’œuvre, le flamboyant "At The Cut", réalisé avec Guy Picciotto et les musiciens de Thee Silver Mt. Zion, et "Skitter On Take-Off", produit par Jonathan Richman. Ce dernier possède un dépouillement qui égale l’élégie de "At The Cut", un admirable contrepoint qui restera malheureusement comme le dernier album de Vic Chesnutt. Joué à fleur de peau, totalement dénudé dans sa composition, Vic Chesnutt a réalisé ce disque quasiment seul avec sa fidèle guitare acoustique. Sur quelques titres il est accompagné par le batteur de Jonathan Richman, Tommy Larkins, tandis que l’ancien Modern Lover pose de temps à autre une guitare discrète. La production est légère, minimaliste et relâchée, elle permet à Vic Chesnutt de nous tirer quelques larmes avec des histoires tristes comme la mort, des histoires hantées par une forme de délabrement. L’émotion est là, palpable et ne nous relâchera qu’à la fin de l’album, avec Sewing Machine. Sans chichis, "Skitter On Take-Off" risque d’être l’un de ceux où pour l’auditeur où l’émotion est sans cesse parasitée par le malaise de se sentir voyeur. Ce que l’on y entend semble joué d’avance, malgré quelques accès de violence et de fureur rentrée, comme ce My New Life et son texte qui prend aux tripes, « I Don’t Have to Listen Your Bullshit Anymore, I Don’t Have To Be With No Asshole Anymore, In My New Life », chanté avec une évidente douleur.A l’instar du "Pink Moon" de Nick Drake, ou encore de certains disques de Syd Barrett, Vic Chesnutt réalise là un dernier grand album, sensible, vulnérable, triste. De ces grands disques qui vous emportent par son émotion tangible. Un chef d’œuvre qui sonne malheureusement comme une forme de testament … (indiepoprock)
Que ce soit au sein de l’underground ou des multinationales de la musique (Madonna, REM, ou les Smashing Pumpkins ont déjà repris un de ses titres), Vic Chesnutt attise les convoitises. Conforté par quelques tournées en sa compagnie, même Jonathan Richman, influence de toujours pour certains punks et révélés pour d’autres par sa contribution au film “Mary à Tout Prix” (sic), s’y met. Sur la route avec son batteur Tommy Larkins, il leur vient alors soudainement l’idée de produire un nouvel album d’un Chesnutt dans son plus simple appareil, soit en guitare-voix, et rien d’autre qui puisse ternir sa poésie, son émotion, et son timbre unique. Le spontané “Skitter On Take Off”, comptant finalement leur discrète contribution (”Society Sue”) et enregistré dans des conditions live, vient réaliser leur souhait, renvoie le songwritter à ses humbles débuts, et s’impose maintenant comme un des disques les plus sombres de sa longue discographie. Dans sa musique, mais aussi dans ses textes. Car qui connait Chesnutt sait à quel point son jeu de guitare, simple mais juste, souligne avant tout les histoires qu’il a à raconter, quand il n’est pas là uniquement pour les servir (”Feast In The Time Of Plague”, “Rips In The Fabric”, “Dumples”). Pourtant, on ne peut s’empêcher d’imaginer l’impact de certaines de ces compositions (les vibrants “Unpacking My Suitcase” et “Worst Friend”) si elles étaient appuyées par les musiciens qui l’accompagnent actuellement pour “At The Cut“, son superbe album sorti il y a seulement quelques semaines chez Constellation. Car après une telle démonstration d’émotion musicale, ce “Skitter On Take Off” peine à provoquer le même effet, et par la même occasion à convaincre la frange de son public qui l’aurait rejoint tardivement. Les autres, les plus assidus, y trouveront plus certainement leur compte. (Mowno)
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le 19 mars 2022

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