Sketches of Spain

Cet album a été enregistré juste après Kind of Blue.
Déjà, le dernier morceau de "Kind of Blue" s'appelle "Flamenco Sketches". Y-avait-il déjà quelque chose dans l'air ?
Dans "Sketches of Spain", on est dans un registre différent, presque classique, le premier morceau "Concierto de Aranjuez" étant carrément du répertoire classique. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'il n'y a pas énormément d'improvisations. L'arrangement fait la part belle à Miles Davis.
L'orchestre qui accompagne ne correspond pas du tout au quintette habituel sinon qu'on retrouve le contrebassiste Paul Chambers et le batteur Elvin Jones (ou Jimmy Cobb).
Le reste de l'orchestration est une série de trompettes et cuivres dont le travail n'est pas non plus jazzy (on n'est pas du tout dans le tumulte de Duke Ellington ou de Count Basie...). Miles Davis et l'arrangeur Gil Evans font plutôt dans de la dentelle...
Dans la même veine, le deuxième morceau "Will o' the Whisp" est de Manuel de Falla.

Les morceaux suivants ont des rythmes beaucoup plus jazzy et répétitifs laissent une large place à la trompette de Miles Davis.
Mais autant j'apprécie vraiment "Concierto de Aranjuez" qui se prête merveilleusement (ou miraculeusement) au style de Davis, autant les morceaux "Saeta" et "Solea" , dont le style est peut-être plus ambitieux musicalement me paraissent peut-être un peu moins réussis. Ou peut-être que je les apprécie un peu moins car ils sont un peu dans l'entre deux...

Aux professionnels du jazz qui refusaient de considérer cet album comme du jazz, Miles Davis aurait rétorqué : "It's music and I like it".

Cet album est une espèce de parenthèse, un peu unique, dans la longue carrière de Miles Davis. Dès l'album suivant Il avait retrouvé son quintette habituel.