Cachez la date de sortie du disque. Faites écouter cet album à n'importe quelle personne à proximité. Est-ce que réellement quelqu'un peut se douter que nous avons là un album de 1968, en pleine effervescence psychédélique ? (qui retombe, soit, mais est toujours présente)
A la place, j'ai eu l'impression d'écouter un disque de Krautrock milieu/fin seventies. La production est nickel, bourrée d'éléments de musique électronique qui se terrent en fond de disque, timides et peu assurées, mais avec leur petit charme. Au lieu de faire dans le pompeux et le collage psychédélique, on opte ici pour le minimalisme, qui est omniprésent. On répète et on répète souvent la même ligne mélodique avec un effet hypnotisant, étrangement attirant, et on retrouve là exactement la démarche de Neu!. Ces gars ont juste plus de 5 ans d'avance sur leur temps. Et c'est fascinant.
Le seul problème, c'est que le talent du duo comme mélodiste frôle le vide abyssal. Ils arrivent à habilement le cacher sur la première face du disque par la fraîcheur et l'originalité de cette musique hallucinée, et grâce à cette jolie flûte dans le fond. Mais à partir de "Velvet Cave", les dissonances deviennent assez difficilement appréciables, même avec toute la volonté du monde. Et "Dancing Gods" me fait plus bailler qu'autre chose. Ce qui est très dommage pour disque aussi original.
Mais je suis bien parti pour me repasser les quatre premiers titres en boucle. Un album avant-gardiste unique des années soixante, présentant tous les défauts et qualités de ce genre de disque.
A écouter, pour sûr.