Lymbyc Systym est un duo de Brooklyn qui, de manière un peu facétieuse, donne en fin d’album la clef de sa musique. Ce qui ne vaudra de tout réécouter depuis le début avec cette fois la bonne oreille. Late night classic est donc un morceau tout simple, pétri d’émotion et comme son nom l’indique classique dans ses arrangements : la guitare y reprend ses droits dans un album où elle était presque totalement absente. Lymbyc Systym s’inscrit ainsi dans une ligne folk / sadcore sur des rythmes syncopés que n’aurait pas renié Idaho. Précédemment, sur Shutter release, le duo avait d’ores et déjà laissé un indice pour nous mettre sur la voie de son moi profond, cette fois dans une version plus agressive. Tout l’album aurait pu sonner ainsi entre le calme et mélancolique late night classic et l’impétueux Shutter release. Et pourtant, Lymbyc Systym fait différemment au risque de perdre son identité. Ils rangent donc ses guitares et sa batterie et sort ses machines. Cela aurait pu être un désastre, c’est une pleine réussite. Car à son sadcore originel, Lymbic Systym rajoute une couche supplémentaire de formes et par delà, d’esprit et de musique. Le duo pratique donc, un assemblage subtile de sons, de ruptures qui mettent d’autant plus en avant la force des mélodies.
Lymbyc Systym évite les écueils qu’il s’est lui même employé à créer. Les effusions qui auraient pu lester l’ambiance faisant dériver la musique vers trop de pathos sont tempérés par un traitement électronica net et précis digne de la petite horlogerie. Il y a parfois de la grandiloquence mais là aussi la traitement fait retomber le duo du côté d’une saine modestie. Jouée par des sons électroniques, fussent-ils énormes comme chez M83, la musique reste ce qu’elle est : un humble ersatz électronique comparé à un orchestre de cuivres et de cordes. Bref, tout cela reste à taille humaine et cette simplicité touche en plein cœur. D’autant plus salvateur que les structures peuvent être complexes et les rythmiques jazzy. Bref, on pourrait avoir affaire à un groupe élitiste, un peu difficile d’accès (Trichromatic nous met tout de suite au parfum) et on tombe sur un groupe sensible, qui trouve le juste équilibre entre substance et traitement formel. Vyve le Y !