Ship Arriving Too Late to Save a Drowning Witch par XavierChan

L'éreintante patate de ce nouvel opus de Zappa, probablement le premier véritablement estampillé, tamponné "eighties", c'est son enchaînement contre vents et marrées, de morceaux studios singuliers et provocateurs. Artistiquement assez éloigné d'un You Are What You Is, plus lourd et long à digérer en dépit de quelques belles signatures reprises en masse dans ses concerts d'Halloween au Palladium de New-York en 1981, Ship Arriving Too Late associe ce qui aujourd'hui n'en est plus une nouveauté pour Zappa, le studio et le live.


Divisé en deux segments bien distincts, l'album s'ouvre sur un No Not Now gentiment coquin et à la rythmique claire et funky, un Valley Girl enregistré avec sa fille Moon Unit, une espèce de cochonnerie eighties pastichant les tics de langage des jeunes femmes riches de la vallée de San Fernando, si, vous savez, celles qui disent "awesome" à tout bout de champ, ici enregistré sur une rythmique hard-rock vilaine et répétitive comme tout et finalement plaisir coupable, avant de clore sa première moitié avec I Come From Nowhere, pastiche vocale de Brian Eno et dont le solo foutraque et ahurissant vient, lui aussi, de nulle part.


La seconde partie enregistrée en live et garnie d'overdubs, fait la part-belle aux expressions de jazz-fusion si chères à Zappa depuis véritablement Hot Rats, aux épisodes soniques tout en suspension et mystères. Drowning Witch met notamment Zappa dans une position de crooner flingué comme il s'en amuse souvent en live et confronte les emprunts au classique et à la culture cartoon. Très Mothers, Envelopes officie ici en bon artisanat Zappaien qui par petites touches, petites giclées et boucles sonores synthétiques assoie son numéro d'équilibriste bizarre avant de finir sur un rock opératique déluré clôturant un album totalement décousu mais renfermant au final de beaux passages brutaux. Un bon cru pas ennuyant pour un sou.

XavierChan
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le 2 nov. 2020

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