Sexuality
7.2
Sexuality

Album de Sébastien Tellier (2008)

Le désir : ses ambigüités, ses oxymores et ce qu’il fait naître en nous.

Très sensuel, l’album Sexuality évoque en nous des sentiments amoureux, passionnés, tendres et profonds. Il évoque en nous le bonheur, la joie, la fougue, l’emportement et l’émotion. Pas gnagnan du tout, l’album oscille entre légèreté et gravité, réserve et fougue, insouciance et inquiétude. Il symbolise à la perfection les hésitations, les questionnements – amour ou désir ? – les tentatives, les essais, les espoirs et les déceptions. Le désir y est sublimé, magnifié et étudié dans toutes ses ambigüités et dans toute sa complexité. En effet, l’album de Sébastien Tellier est à son image : il regorge de multiples facettes.

« Roche » et « Kilometer » introduisent le sujet simplement et innocemment : on découvre l’autre, on apprend à le connaître, on l’appréhende. La nouveauté fait naître en nous le désir. « Divine » est ensuite un titre gai et fait naître en nous le bonheur et la fougue ; on s’emporte, on a espoir de voir notre désir assouvi. « Pomme » et « Une heure » sont définitivement charnels et sensuels : le désir est rassasié, on en profite avec insouciance, avec fougue et passion. Mais « Sexual sportswear » est quant à lui un titre plus inquiétant et introduit une certaine tension dans l’album. Le léger et le volage deviennent plus graves. On souffle un temps avec « Elle » avant d’être assailli de nouveau par le doute et l’inquiétude avec « Fingers of steel » et « Manty ». Ces titres sont inquiétants, et mêmes quasi-mélancoliques, comme si l’on avait perdu quelque chose, qu’on s’en voulait et que la culpabilité nous assaillait. Que nous reste-t-il une fois que le désir est assouvi ?
L’inquiétude de ces titres côtoient la tristesse, la mélancolie, une certaine culpabilité et s’achèvent avec « L’amour et la violence », dont le titre suffit à nous faire comprendre de quoi il s’agit. Le piano du début est magnifique, simple, classique et doux. La voix de Sébastien Tellier est très claire, dégagée de tout artifice, nette mais en même temps fragile, fluette. Le synthétiseur, inquiétant, prend finalement le dessus sur le piano : on abandonne la douceur et la fragilité et on s’enfonce dans la violence. Les paroles se répètent, inquiétantes. Le piano refait une dernière apparition pendant les dernières secondes, mais c’est trop tard : le mal est fait. Sublime.
Un titre qui symbolise vraiment l’aboutissement de l’album, de la sexualité, qui marque une « apothéose ». Un titre final vraiment parfait ! Surement le meilleur de l’album avec le sublime « Divine ».

Au final j’aime beaucoup l’album, je le trouve très réussi, vraiment emportant et qui est riche de beaucoup de points de vues et de la multiplicité des sujets abordés. Touchant et marquant, cet album n’est pas seulement cohérent : il est complet et humain.
ulostcontrol
8
Écrit par

Créée

le 10 août 2013

Critique lue 710 fois

6 j'aime

ulostcontrol

Écrit par

Critique lue 710 fois

6

D'autres avis sur Sexuality

Sexuality
Jonathan_Suissa
6

(Critique qui date de la sortie de Sexuality)

Un disque à la "durée de vie" quasi nulle que "Sexuality". Si on peut dire. Parce que pour moi, ça se traduit par "suivant", quand un disque n'accroche pas mon oreille par de premières profondeurs,...

le 25 déc. 2011

6 j'aime

3

Sexuality
SombreLune
8

Before sexuality !

Il était une heure la boîte de nuit commençait à s'échauffer. Sur la piste de danse nous étions si proches, si serrés comme pris dans le filet, le piège de la vie. Remuer, bouger comme des forcenés...

le 8 déc. 2023

5 j'aime

9

Sexuality
denizor
2

Critique de Sexuality par denizor

Faisons un rêve. Regroupons dans un auditorium l’ensemble des critiques musicaux tous présents pour écouter Sexuality…mais sans savoir qui chante. Un blind test géant en quelque sorte. Certains...

le 10 sept. 2015

3 j'aime

2

Du même critique

Regards sur le monde actuel
ulostcontrol
7

A la frontière entre "Histoire" et "Actualité"

Parfois barbant à lire, souvent trop dense et métaphysique pour être lu dans le métro, cet essai recèle pourtant de trésors incroyables. En effet, comme le suggère le titre de son essai, Paul Valéry...

le 9 août 2013

6 j'aime

Apocalypse Now
ulostcontrol
9

Ce que la guerre révèle d'un homme

3h, c’est long. Même avec Francis Ford Coppola, franchement, c’est encore long. Mais finalement, quand on y réfléchit bien, après avoir laissé le film murir dans notre tête, après y avoir bien pensé...

le 9 août 2013

5 j'aime

1

My God Is Blue
ulostcontrol
5

Un album planant.

My God is Blue a une qualité indéniable : la cohérence. Les titres s’enchaînent de manière fluide et harmonieuse, les transitions sont très bien faites, et même, on sent une intensité croissante tout...

le 10 août 2013

3 j'aime