Seeing Eye Dog
6.7
Seeing Eye Dog

Album de Helmet (2010)

A quelques exceptions notables, je n’ai jamais trop versé dans le rock metallisé ou le hardcore violent. Parmi les groupes sauvés de la masse, Helmet a toujours eu pour moi une place de choix. Il faut dire que le groupe New Yorkais emmené par Page Hamilton a toujours "sonné" différemment de la plupart de ses congénères et véhiculé une finesse d'exécution trop rarement partagée. Evidemment, Helmet dresse lui aussi son mur du son ; le groupe fait dans le rythmique répétitive en forme de bélier à l'assaut de donjon et propose des solis de guitare assassins. Le port du casque est parfois obligatoire (ce qui explique peut-être le nom du groupe). Mais le groupe ne trimballe pas avec lui tous les clichés couillus du genre : la voix est virile mais jamais gutturale ni même musculeuse ; le dress code est simplement rock us avec un Page Hamilton arborant la même casquette que Kurt Wagner des folkeux de Lambchop. Les pochettes ne jouent pas dans la surenchère violente et en prennent même le contre-pied (rappelons nous Betty et sa jeune fille en fleur). Ce sont peut-être des détails mais ils sont signifiants. Et surtout, il y a la musique. On a souvent mis l’accent sur la formation jazz d’Hamilton, sans trop en déceler les traces dans la musique : peut-être pouvons nous noter quelques accords un peu bancals, quelques harmonies un peu bizarres mais le traitement rock éloigne ostensiblement le groupe de tout ce bagage jazz. Plus notable, comme Deftones par exemple, Helmet est un groupe qui a écouté de la pop anglaise :


cela se ressent surtout dans les lignes de chant pour le moins mélodique, une des forces du groupe à l'instar de Soundgarden. Sur Seeing eye dog, il reprend And your bird can be sing, le titre des Beatles, dans une version respectueuse de l'originale. En plus d'être le leader, songwriter et seul survivant du line up original d'Helmet, Hamilton est aussi compositeur de musique de film ("Saw" par exemple, c'est lui). Et cela se ressent dans la musique : Helmet accumule les couches, les ambiances jusqu'à faire avec Morphing un instrumental où les voix évanescentes, les sons de guitares, les nappes synthétiques et autres bruits parasitent sont agglomérés ensemble pour créer une matière sonore. Mais sans aller jusque là les meilleurs morceaux de Seeing eye dog (Welcome to algiers, La water, White city, miserable), multiplient les pistes et derrière l'énergie du rock, proposent des nuances sans cesse renouvelées. On pense au meilleur de Faith no More. Helmet semble utiliser les sons de guitares électriques comme une matière en fusion dont il est bon de modeler les formes. Les morceaux deviennent riches, profonds voire même émouvants sur juste une subtile variation. Ce qu'on n'imaginait pas en débutant l'album sur les efficaces mais plus classiques So long et Seeing eye dog. 2010 marque donc le retour d'Helmet sur son propre label, histoire d'être encore plus libre de faire une musique personnelle. Et pour les nostalgiques, ces dix nouveaux titres sont assorties d'anciens classiques du groupe en live. Double plaisir.

denizor
7
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le 18 août 2015

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