Deux ans après le brutal Take a look in the Mirror, Korn est de retour en studio pour offrir à son public un septième album. Doit-on encore prouver des choses quand on s'appelle Korn et qu'on a 6 disques derrière soi ? Bizarrement, j'aurais tendance à dire que oui étant donné qu'une énorme partie de leur carrière à consister à répondre aux attentes des fans (depuis Follow the Leader, Korn ne cesse de réaliser des albums répondant aux désirs : plus grand public, puis moins grand public, expérimentale, puis moins expérimental). Cet album devrait donc, encore une fois, révélé la complexité de cette position de musicien où ton salaire dépend de ta capacité à plaire au public.
Cependant, et c'est là le grand point positif de See you on the other Side, Korn se fait plaisir en renouant avec plus d'experimental et des sonorités plus proches de Untouchable, peut être trop diront certains. Ceci est la grande question à poser. Là, en effet, Korn assume des sons très différents.

Mais avant toute chose, parlons du changement numéros 1 : Head, guitariste lead du groupe, a décidé de se tourner vers la religion et de lâcher le groupe immédiatement après. Changement moral qui implique des changements majeurs dans le groupe. On doit dire adieu au jeu d'échange entre les guitares. Résultat, on a un son nettement simplifié dans ce disque. Certes, les sonorités sont nouvelles, mais au final, on a l'impression de perdre en complexité et de gagner en une simplicité qui ne va guère à Korn. C'est d'ailleurs un des gros défauts de l'album, mais passons pour le moment.
Ce départ de Head a deux autres conséquences. La première est cette volonté de s'éloigner du son "Korn", se rapprocher de quelque chose de plus expérimental. Rappelons qu'à la même époque, Deftones vient de sortir son album éponyme après un White Pony parfaitement réussi. Pas de rapport ? Deftones sont les autres créateurs du néo-métal, mais à la différence de Korn, ils ont assumé d'avoir leur univers, de ne pas répondre aux attentes et de chercher une approche plus personnelle et unique de la musique. On peut penser que Korn souhaiterait faire pareil, souhaiterait enfin s'assumer et se diversifier et ne plus répéter en boucle la même recette (chose que je reprochais à Take a look in the Mirror). Or, cette sonorité avait déjà été approché dans Untouchable, élément qui avait été critiqué par Head lui-même. Head parti, c'est donc l'occasion de travailler une piste qui ne lui plaisait pas.
Enfin, dernière conclusion suite au départ de Head, le titre Hypocrites qui sonne comme un léger mouvement de colère vis à vis de leur ancien guitariste et de tous les religieux. Même si on peut y voir plus une critique des institutions que des personnes.

Maintenant, parlons de là où ça fait mal : l'album entant que tel. Le gros, mais alors vraiment gros défaut de l'album n'est pas le son. Bien que celui-ci puisse sembler encore mal maitrisé par endroit (amenant une simplification extrême), ce qui est le plus choquant c'est la composition. Elle semble facile, aléatoire et mal dirigée. Le groupe a, certes, cherchait à reréfléchir son son, mais il n'a pas pensé à travailler autant les compositions. Résultat un album qui sonne très très bof ! Le plus criant est bien sur au niveau des guitares de Munky, banales au possible et de la basse de Fieldy ... Totalement absente. Sérieusement, où est parti son slap effréné (présent sur For no one) ? Certes, je comprend qu'il faille une évolution, mais on dirait une disparition de son poste de bassiste.
Jonathan Davis nous offre beaucoup de passage très simple, presque de l'auto-plagiat tant sa respire le déjà vu. Pour cela, je propose les couplets de Liar, manquant vraiment d'innovation. Pour autant, ce morceau n'est pas non plus loupé. Je l'ai même assez aimé. D'autres titres nous montre au contraire des variantes de son travail sur la voix, comme Open up, dommage que le reste de la musique ne suive pas.
Celui qui, sauve l'album en terme d'instrument pur, c'est vraiment David Silveria, qui récupère l'espace sonore laissé vacant par Head (et partiellement par Munky et Fieldy du coup). Résultat : le sentiment d'en avoir trois tonnes. Certes c'est sympa, mais la batterie est limite trop présente, ou plutôt révèle tel un manque d'équilibre dû à un manque de travail de la part des autres.

Preuve de cette simplicité ? Le second single : Coming Undone. Bon, ok c'est accrocheur, mais Korn n'a franchement rien de mieux à nous offrir ? L'album possède quelques pistes très sympas, mais rien d'incroyable non plus. Certes Twisted Transistor est très accrocheur, mais là encore, on se dit que ça reste très simple. Parmi ces pistes qui m'ont paru "bien mais pas suffisantes", il y a surtout Hypocrites, Gettins off et Liar en plus des deux autres morceaux cités précédemment.
Politics et Love Song semblent être les deux morceaux qui se démarquent un peu du lot comme étant plus "finis".
Pour autant, on a aussi quelques passages assez amusant, Throw me away a des sonorités vraiment changeantes, 10 or a 2-Way a un refrain accrocheur et une outro avec de la cornemuse, souvenir pour les vieux fans. D'ailleurs notons que Liar nous ramène les fameux chants animaux. Pas mal du tout.

Certes, ce n'est pas un désastre, mais ce virage, très osé de la part de Korn, n'est finalement pas si bien réussi que ça et révèle que le groupe traverse un peu une période crise qui semble assez dur, avouons le. Le groupe semblait sur la corde raide depuis Follow the Leader où ils étaient continuellement sous pression entre l'envie de changement et la volonté de plaire aux fans. Si ils avaient jusque là bien géré leurs tours d’équilibristes, See you on the other Side révèle le moment de la chute. C'est à mon sens, logique, tant cet album "plus expérimental" aurait dut être totalement assumé après Issues (voir au moment même de Issues). Cette "descente" n'est pas cependant un échec complet, l'album contient quelques pistes sympas et on passe malgré tout un bon moment. Tout n'est pas à jeter, loin de là, mais on se rend bien compte que Korn n'est plus ce que c'était.
mavhoc
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le 21 avr. 2014

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