Ressenti publié dans le cadre de mon classement intégral de la discographie de David Bowie, composée de 26 albums studio.

Numéro 10 : Scary Monsters (and Super Creeps)


Après une décennie ô combien pleine, Bowie démarre une nouvelle dans un contexte particulier. Il sort de sa "trilogie berlinoise" qui aura été acclamée artistiquement mais qui ne se sera pas aussi bien vendue que ces albums précédents. À cette époque, de plus en plus d'artistes, certains directement inspirés de la musique du chanteur, répondront aux chants des sirènes et se feront une nouvelle santé dans les contrées du commercial. Bowie y jette un regard attentif et s'il ne met pas encore les deux pieds dedans, il se donne comme objectif d'apporter un nouveau son dans sa musique à travers ce nouvel album: Scary Monsters ( Super Creeps). Le pari de Bowie sera réussi car l'album sera aussi bien un succès commercial que critique.


L'album s'ouvre avec le très bon "It's No Game(Pt.1) avec ses notes de guitares si efficaces et les envolées lyriques hallucinées de Bowie. Une entrée en matière efficace qui donne tout de suite le ton sur ce que sera majoritairement l'album. Une entrée suivie par un titre sympathique mais dispensable, "Up The Hill Backwards", qui aura tout de même le mérite d'entretenir une dynamique et de ne pas s'étendre en longueur. Vient le titre éponyme et nous sommes ici sur une autre paire de manche. D'un rythme effréné et d'une efficacité totale, nous sommes pris par ce tourbillon d'énergie ô combien entrainant tout en étant agrémenté d'étrangetés. Un vrai plaisir qui non seulement ne s'arrête pas là mais prend une toute autre proportion avec le morceau suivant. "Ashes To Ashes" est un excellent exemple de ce que pouvaient être ces bizarreries de Bowie qui avaient la faculté d'être appréciées par le plus grand nombre. Reprenant ici le personnage de Major Tom, figure créée par le chanteur dans son "Space Oddity", le titre est plus terrestre que la chanson de 1969 mais procure tout de même une sensation d'évasion stellaire. Si "Fashion", la chanson suivante, clôt la première face de l'album, il n'en reste pas moins que selon moi elle correspond davantage à ce qui viendra ensuite. Nous avons quitté la fantaisie et l'étrange pour le groove et les paillettes. Ce titre en est la représentation la plus marquante en étant en totale rupture avec ce qu'il y avait avant. Cela n'empêche pas à la chanson d'être très bonne, bien que pas autant que certaines du prochain album, dont elle est clairement la grande soeur. Avec "Teenage Wildlife", nous sommes sur ce qui pourrait ressembler à une ballade, du moins en comparaison avec le reste du projet. Le morceau avance doucement mais sûrement avec une progression bien appréciable. Le titre me fait penser au second de l'album en étant plus abouti et mieux incarné. Le climax est un très beau moment. "Scream Like A Baby" prend le relai et je vois en ce morceau une petite bombe, m'emportant dans son passage et me guidant à sa guise. Une réussite qui n'a pas finie de me dynamiter. Place désormais à la reprise de l'album, initialement de Tom Verlaine, il est question ici de la chanson "Kingdome Come". Si la reprise n'est pas exécutée de manière très originale, l'essentiel est fait avec le filtre du projet qui est passé dessus et le moment est bien appréciable. On repart sur du très bon avec le "Because You're Young" qui me fait penser à "Scream Like A Baby", lui aussi étant très entraînant et dégageant une énergie similaire, bien que j'y sois un poil moins impliqué. Les couplets peuvent d'ailleurs faire penser à la chanson "Blue Jean", qui viendra plus tard dans la carrière de l'artiste et sera d'ailleurs parmi ce que l'album dans lequel elle s'inscrit aura fait de mieux. L'album se conclut comme il a commencé avec "It's No Game (Pt.2)", avec la même instrumentalisation, les mêmes thèmes et paroles, la manière de Bowie, plus fatiguée, et la principale différence entre les deux versions. Une bonne conclusion mais qui de par sa nature n'est pas la plus fascinante.


Un album à la croisée des chemins, qui reprendra ce que Lodger, l'album précédent, a parfois laissé apercevoir tout en donnant un aperçu sur ce que sera la suite de sa carrière avec notamment l'album qui suivra, Let's Dance. Le tout en étant supérieur en tout point au deux albums cités. Scary Monsters a aussi son propre son, avec une singularité qui rappelle celle de la musique de Bowie durant les dix années précédentes. Un album qui pourrait donc faire office d'une bonne porte d'entrée dans la discographie de David Bowie, plusieurs de ses caractéristiques musicales et d'images y font parties intégrantes. L'ambiance du projet n'est pas ma préférée dans ce que j'ai pu trouver dans la musique de ce caméléon, j'en ai d'ailleurs préféré un certain nombres. Peu importe, Scary Monsters (Super Creeps) est une réussite, et pas une petite..

nassim-starless
8
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le 28 févr. 2023

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