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Rouge fer
6.2
Rouge fer

Album de Joseph d'Anvers (2011)

Joseph d’Anvers est de retour. Pour un troisième album, pour un retour à Paris après une escapade au Brésil pour Les Jours sauvages produit par Mario Caldato jr. D’Anvers est bien ce genre d’artiste à vouloir sans cesse faire évoluer sa musique et chercher une nouvelle manière de la produire, tout en restant égal à lui-même. En compagnie de Benjamin Biolay avec qui il partage un double intérêt pour Gainsbourg et pour le rock anglo-saxon, il arrive à obtenir les moyens de ses ambitions, allant jadis enregistrer à Sao Paulo et Los Angeles. Pour Rouge Fer, il est à Paris certes mais sur certains titres avec les 40 musiciens du Budapest Symphony orchestra, les mêmes que pour le dernier Arcade Fire et dans une formation identique à celle de Melody Nelson (petit clin d’œil malicieux au grand Serge). Ma Peau va te plaire ouvre l’album avec ampleur et élégance à la manière du Je reviens d’Autour du Lucie. Ecrit à la base pour Bashung et son Bleu Pétrole, le titre, annonce le ton général sombre de l’album. Il devait d'ailleurs s'appeler la Résilience pour ce qui reste néanmoins le thème général du disque.


Mais ainsi troussé, Rouge Fer n’est pas non plus désespéré ou plombant car il est comme le précédent enrobé de programmations qui dynamisent les mélodies en mode mineur de D’Anvers. Comme Biolay d’ailleurs, il utilise la modernité comme une évidence, sans que cela paraisse artificiel : parfois cette machinerie est juste un habillage discret, parfois cette électronique prend plus de pouvoir (le claustro et rugueux D.A.N.G.E.R). De toute façon et c'est là la grande force de Joseph d'Anvers : derrière des refrains efficaces qui se retiennent parfaitement, les couches se superposent donnant un cadre riche à des titres "radio-diffusables" (le bien-nommé Radio). C'est vrai que certaines compositions sont plus faiblardes, un peu faciles, mais les arrangements justement les sauvent de la banalité ( Las Vegas, La résilience) : même dans ces moments-là, D'Anvers n'est pas Marc Lavoine. Il doit autant à Bashung qu'à The National ; à la chanson, à la pop qu'à certaines musiques black qui, par touches, font entrer le musique du Parisien dans de nouvelles dimensions : il y a donc Paranoid, sa soul blanche et ses guitares en cocottes ; il y a aussi la Chute et son emballage qui pourrait rappeler TV on the Radio.


De toute façon, chez Joseph d'Anvers, tout est fondu ensemble en parfait exemple de ce que la pop à la française peut avoir de moderne aujourd'hui, prenant à droite à gauche les sources de son propre enrichissement. Comme toujours, Joseph D'Anvers s'est bien entouré pour cette nouvelle livraison avec des membres de Tahiti Boy and his Palm Tree Family et de Phoebe Killdeer &the Short Straws. Mais c'est vraiment en duo avec Troy von Balthazar que le Français donne son meilleur titre : (I caugh an exotic) bird prend vraiment aux tripes. D'Anvers vient bel et bien du rock et ce petit point toujours conscient dans sa tête et son sang le sauvera à jamais du syndrome "variété".

denizor
7
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le 29 sept. 2016

Critique lue 60 fois

denizor

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