Revenge
6.7
Revenge

Album de Eurythmics (1986)

   Ah, les années 80. Celles du pire, et du meilleur du pire. Les années fric. Quand on a autant de fric à disposition, quand on peut tout se payer, on fait tout ce qu'on veut. On se paye un chœur d’amazones, sur un tempo rock d’enfer. Pourquoi pas? Quand on peut travailler des heures en studio, et manipuler à sa guise la voix puissante d’Annie Lennox, avec une palette d’effets sonnants et trébuchants. On le fait. La démultiplier, la mettre à droite, à gauche. Annie partout, partout, jusqu'à en abuser. Sa voix résiste quand même, et reste suave. Heureusement. Heureusement qu’elle est là pour insuffler un peu de vie dans tout ça. Et même si le rythme est binaire voire brutal, ça reste lisse, verre dépoli, pour que soit rutilant comme des tuiles en plein soleil. Pop clinique. Missionary Man.
Après le rock cintré dans un bain d'électronique, voici la ballade pop inspirée des sixties. Binaire jusqu’à n’en plus pouvoir: Thorn By My side. Rempli de guitares folks aux cordes neuves d'une brillance métallique. La mélodie reste simple, comme d’hab. Répétitive, comme d’hab.
When Tomorow Comes....
Eurythmics me laisse le souvenir insatisfait  d’un groupe capable, du meilleur comme du pire. Annie, the Voice, et Dave, aux manettes, compositeur, l’arrangeur. Le pire c'est que c'est pas mauvais. Même quand la chanson est banale à pleurer, sur le moment, il y a toujours un petit truc qui accroche. Et la voix de la miss guérit de tout, donc on va pas chercher plus loin.


  The Last Time. Quand ça reste purement "électro", donc bourré de synthé gonflés a la testostérone, ça ne m’emballe pas des masses. C’est froid, calculé au décibel près, collé sur un rythme, dansant, mais sans l’être vraiment. On navigue entre deux mondes, et ça fonctionne moins bien cette fois-ci. Mélodiquement ça n’arrache pas. On va dire qu'ils étaient moins inspirés. Techniquement, c’est autre chose. C'est du pur luxe skaï. Et même dans l’album le plus banal d’un groupe d’envergure mondiale (de l’époque), il se doit d’y avoir un petit miracle.


The Miracle Of Love. Le morceau le plus équilibré de l’album. Le tube le plus solide, et qui résiste au temps, bon signe. La richesse de l’arrangement, au service d'un thème qui en vaut la peine. La tonne de reverb, on n’y pense même plus, on se laisse emporter; c'est bon. Répétitif, mais de plus en plus sensuel. Belle mélodie. Ballade pour danser à deux. C’est le miracle de l’amour.


Let’s Go! Oh non. Retour aux (vieilles), mauvaises habitudes. De la musique d’usine, comme fait à la chaîne. Dépêche Mode ou Eurythmics des débuts, même combat. Pas très subtil, un peu lourd. Bom.Tchak. Bom. Tchak. Take Your Pain Away. Le beat tout puissant qui n’a besoin de rien, et puis c'est tout. Et la voix d’Annie, qui devient presque superflue. Elle ne sert plus qu’à balancer le riff. Elle dit :

" Take your pain away. Take your pain away." Et c’est gonflé à l’hélium. Du Madonna avant l’heure, de mal en pis. A Little Of You...bof.
   Et soudain, le duo se reprend. Il se dit qu'il est en train de rater l'album, et qu’il faut retourner au basique. Vite. Basse, batterie, violons, pour ballade. Pas des plus ambitieuses, la ballade, mais typique de chez Eurythmics. Ce qu'ils savent faire bien. Faire le job, et enjoliver le tout de petits trucs électro-nickelés.
In Town, ce morceau, on dirait Missionary Man, revu et corrigé, mais en live. Il fait un peu remplissage donc, en live. I Remember You? Pas dégueu. Ce kick de batterie, très martial, très inattendu. Et cette mélodie intimiste. Très douce. Cette capacité chez Annie, de pouvoir chanter « FORT », sans avoir besoin de gueuler. J'adore. Il est tout en nuances ce dernier morceau. Très original. Plus que tous les autres. Peut-être même le meilleur de la galette.

Angie_Eklespri
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le 6 oct. 2016

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