Restless and Wild
7.2
Restless and Wild

Album de Accept (1982)

Il existe des albums qui marquent plus que d’autres. Je me souviens parfaitement du jour et des circonstances qui ont présidé à ma découverte de cet album incontournable d’Accept. Je ne m’étendrai pas dessus, mais cela prouve que ce disque, à l’instar d’une poignée d’autres, demeure une pierre angulaire de ma collection qui comporte plus de 10 000 CD et vinyles. A l’époque, la sortie de Restless And Wild fait l’effet d’une bombe, tant le heavy metal n’a jamais été repoussé dans ses derniers retranchements de la sorte. En effet, les Allemands ont tout mis de leur côté pour parvenir à enregistrer le disque parfait : un titre qui claque, une pochette qui symbolise son genre musical, une production efficace concoctée au studio de Dieter Dierks et dix titres qui balaient toutes les mouvances du genre.
Dès l’introduction folklorique Ein Heller und ein Batzen, le ton est donné. Le groupe a envie d’en découdre, en créant un contraste entre cette chanson à boire et le déferlement « Fast as a Shark », pur speed metal qui relègue à des années-lumière les autres formations de metal de l’époque. La section rythmique envoie du lourd en soutenant un riff implacable, joué sous adrénaline, pendant qu’Udo hurle comme si sa vie en dépendait. Ultra rapide, furieux, écrasant, ce morceau symbolise l’entrée du heavy metal dans les années 1980, en reléguant tous les autres groupes au rang de second couteau. Même Judas Priest attendra 1984 pour lui répondre avec son « Freewheel Burning ». Après ce déferlement de violence, n’importe quel autre titre aurait pu paraître fade. Pourtant, Accept nous prouve qu’il est capable de nous livrer des chansons aussi puissantes, à commencer par l’excellente « Ahead of the Pack » au refrain fédérateur, qui s’appuie sur un riff saccadé du plus bel effet. Plus rapide, « Flash Rockin' Man » est porté par la voix hystérique d’Udo et des riffs qui donnent envie de secouer la tête en cadence.
Etrangement, Accept n’est jamais aussi bon que dans ses titres mid-tempos ou lents qui donnent envie de secouer la tête en cadence, comme sur le somptueux « Princess of the Dawn » qui joue avec différentes intensités, pour clore cet opus avec brio. Tout aussi fédérateur, l’incontournable « Restless and Wild » nous emporte dans sa ronde folle, en jouant avec nos nerfs, pour une promenade furieuse dont le point d’orgue est ce refrain aux chœurs martiaux. Autre hymne des Allemands, « Shake Your Heads » est typiquement un titre écrit pour les concerts. Destiné à faire se dresser les poings, cet hymne metal se construit sur une montée en intensité jusqu’au refrain, spécialement concocté pour ceux qui désirent chanter avec le groupe. Le rythme binaire fait mouche.
Parfois oublié, le superbe « Ahead of the Pack » se révèle plus subtil qu’il n’en a l’air, avec son riff subtil, ses lignes vocales ciselées qui permettent à Udo de prouver qu’il est capable de se montrer à la fois explosif et plus raffiné qu’on le pense. Oublié par beaucoup de critiques, le hard rock « Get Ready » dénote un peu dans cette atmosphère apocalyptique et nous montre un groupe un peu différent, capable de gorgée sa musique de groove. Plus insidieux, « Demon's Night » est une composition pleine de nuances, qui alternent différentes intensités pour nous livrer un metal intelligent, assez éloigné de l’idée que les gens se font de ce groupe.
Plus étonnantes encore sont le subtil « Neon Nights » et le mélodique « Don't Go Stealing My Soul Away ». Si le premier est un vrai morceau de heavy metal, lent, bourré de feeling, qui joue sur des ambiances angoissantes et montre déjà des influences classiques dans ses parties de guitares, le second lorgne plutôt vers le hard rock avec son refrain mélodique et son riff presque dansant. Ces deux chansons attestent de l’ouverture d’esprit d’un groupe prêt à exploser et qui le fera réellement avec Balls to the Walls, l’année suivante.
Plus de trois décennies après sa parution, Restless And Wild fait partie des dix albums de heavy metal à posséder dans sa discothèque. Imaginez alors le choc des fans de l’époque qui l’ont découvert.

DenisLabbe
10
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le 14 août 2020

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