Depuis deux albums, Joseph Arthur se plaît à décrire le produit de ses méditations guitaristiques comme une forme de folk expérimental, un pont jeté entre tradition et modernité. Une autodéfinition contestable puisque, en matière de recherche pure, on ne trouve ici, comme à l'habitude, que quelques boucles venues rehausser les tonalités résolument acoustiques de compositions somme toute très classiques. Pas de quoi prétendre à un poste de permanent en blouse blanche dans les laboratoires sonores de l'IRMA. On ne peut rester cependant insensible aux petites audaces d'écriture et d'arrangements qui émaillent les neuf minutes de Termite Song ou à la beauté sobre et sombre de Honey And The Moon. C'est surtout la justesse de ton et la force de conviction du songwriter d'Akron qui finissent par emporter l'adhésion. Animant les seize morceaux ici présentés, elles suffisent amplement à susciter intérêt et émotion. Capable d'évoquer son propre malheur ou celui de ses personnages sans complaisance ni démagogie, Arthur se montre toujours aussi à son aise dans l'exercice délicat de l'écriture pour adulte et de la gestion de l'héritage dylanien. Moins pontifiant que Ben Harper, plus original que David Gray. (Magic)


Auteur-compositeur prolifique, Monsieur Arthur n’a de cesse de semer aux quatre vents son étonnante production. Déjà présent dans les bacs il y a moins de deux mois avec les délicieusement boiteux « Junkyard Hearts », ce cher Joseph déboule aujourd’hui avec un nouvel album sorti de son chapeau décidément sans fond. Débarrassé de ses multiples masques d’artiste torturé, Joseph Arthur nous revient apaisé, prêt à en découdre avec tout ce que la pop-folk américaine compte encore de vivace. Manifestement, l’ex-chantre de l’autodestruction, spécialiste de la flagellation artistique en public, a rencontré l’âme sœur. Ou en tout cas une muse un peu moins vacharde. À l’évidence, nous ne sommes pas encore dans le domaine de la franche gaudriole, et il reste encore un bon bout de chemin à notre teigneuse chrysalide pour se métamorphoser en joli papillon (de nuit, forcément), mais le petit protégé de l’archange Gabriel a semble-t-il laissé sur le bord de la route ses valises pleines de bile. Autrefois semés d’embûches en tout genre, les chemins buissonniers que notre homme continue d’arpenter en notre compagnie ont aujourd’hui l’allure de ces sentiers champêtres où il fait bon flâner au sortir de l’école. On y est certes pas complètement à l’abri des mauvaises rencontres, mais c’est tout de même plus agréable que ces anciens chemins caillouteux où le minéral le disputait à l’aridité, et surtout moins ennuyeux que ces grands boulevards où se bousculent déjà les apprentis vedettes d’après-demain. D’aucuns reprocheront d’ailleurs à notre cow-boy solitaire de délaisser son univers bricolé pour une musique plus léchée et de gommer ce qui faisait autrefois le charme suranné d’une musique sans âge. Force est de constater néanmoins que ce grand échalas de Joe s’en sort avec les honneurs, et parvient encore à nous émouvoir avec quelques accords pourtant usés jusqu’à la corde. Certainement pas l’album de l’année, « Redemption‘s son » s’avère toutefois la B.O. idéale pour vos randonnées estivales. Celles qu’on fait à l’ombre d’une pinède odorante, les patogasses en guise d’oreiller, le sac à dos plein de ces indispensables romans de l’année que vous vous êtes jurés de lire et qui n’ont toujours pas vu la lumière du jour. Eux.(Popnews) 
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le 10 mars 2022

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