Les explorations sonores de Midnight Oil continuent avec l’aide de Nick Launay, mais Red Sails In The Sunset est assez différent de son prédécesseur, avec un côté bien plus calme et des chansons plus pop, tout en étant beaucoup moins accessible. La faute peut-être à des sonorités datées années 80 qui viennent parfois parasiter la production, mais ces défauts sont très mineurs et l’album apparaît petit à petit comme un nouvelle réussite. C’est en effet une œuvre moins immédiate que les précédentes du groupe mais qui dévoile peu à peu une grande ampleur.


Plus pop qu’auparavant, avec des compositions moins élaborées à la première écoute, Red Sails In The Sunset se démarque finalement par de puissantes envolées lyriques qui transcendent quelques chansons, notamment « Sleep », « Kosciusko » et « Jimmy Sharman’s Boxers », magnifique crescendo critiquant la transformation d’Aborigènes en gladiateurs modernes dans le cadre de matches de boxe et qui est peut-être le sommet de l’album. À côté, on a droit à quelques morceaux rock parfois un peu hargneux (« Best Of Both Worlds ») mais en général plus pop que ce dont le groupe avait l’habitude jusqu’alors, et néanmoins tout à fait réussis. Midnight Oil continue aussi à explorer la culture de son pays (« Kosciusko », « Jimmy Sharman’s Boxers », « Who Can Stand In Line », entre autres) tout en promouvant une idéologie progressiste, et s’amuse même à faire du didgeridoo un instrument de rockabilly sur « Helps Me Helps You ».


L’album est finalement assez varié, d’autant plus que Peter Garrett délègue le chant à deux reprises à Rob Hirst. Il s’achève même sur trois chansons atmosphériques qui atteignent une qualité équivalente à celles qui terminaient 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 : tour à tour, « Harrisburg », « Bells And Horns In The Back Of Beyond » et « Shipyards Of New Zealand » plongent l’auditeur dans des ambiances hypnotiques aux rythmes changeants (cf. l’accélération délirante sur « Bells And Horns In The Back Of Beyond » et les envolées de « Shipyards Of New Zealand ») et font définitivement de Red Sails In The Sunset un digne successeur de l’œuvre précédente de la formation.

Skipper-Mike
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le 17 sept. 2017

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Skipper Mike

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