Re-Entry
5.9
Re-Entry

Album de White Noise (1980)

Nous avions laissé David Vorhaus, unique dépositaire du groupe White Noise, six ans plus tôt avec le très intéressant Concerto For Synthesizers, fresque labyrinthique où les possibilités du synthé ESM VCS3 étaient poussées à leur extrême. Désormais, toujours avec l'aide de son clavier favori avec en suppléments quelques voix et l'intervention d'un batteur, Vorhaus décide de projeter son entité dans les hautes sphères spatiales. Oui, c'est dès lors vers le space-rock que se dirige White Noise, comme le laissait deviner l'immonde pochette digne d'un étron de Yes. Et si la perspective plaira aux amateurs de Tangerine Dream, Klaus Schulze, Hawkwind ou même de Gong période You dont je fais partie, le résultat sur disque en revanche est loin de me convaincre.

Là où l'opus précédent étalait sa pléthore de mélodie sur 4 longues plages, celui-ci contient pas moins de 20 morceaux différents. Dès la première écoute on a déjà l'impression que quelque chose ne tourne pas rond. Les écoutes suivantes, dans mon cas, ne feront rien pour arranger les choses. Je dois me rendre à l'évidence, la magie de White Noise a disparu. Le monument de folie sombre d'Electric Storm et la fièvre versatile de Concerto semblent bien loin, à côté de cette chose indigeste qu'est Re-Entry.

Les pistes se succèdent et ne semblent être rien d'autre que des bluettes synthétiques sans grand intérêt, où les notes s'enchaînent de manière bien conventionnelle, les climats plus calmes laissent un désagréable sentiment de déjà-vu. Déjà-vu, déjà-vu... voilà bien ce qui pose problème dans ce nouvel opus spatial ! Car jusqu'à présent, White Noise regardait vers l'avenir, Electric Storm et Concerto For étaient précurseurs et hors du temps, ayant leurs spécificités uniques inimitables et inimités. À présent, White Noise regarde non pas vers le futur mais vers les clichés épuisés de la S.F. Rien ne neuf sous le soleil de Pluton. Des compositions comme "Leaving Song", Gong les as déjà expérimentées, en plus abouti, le "Black Hole Blues" avec la voix crispante de Vorhaus nous fera sourire une fois, le reste n'est en grande partie qu'égarement spatio-médiocre.

Peut-être Vorhaus a-t-il réalisé là un fantasme d'adolescent, qu'en sais-je ? Mais toujours est-il que l'on a perdu là l'explorateur sonore qui avait tantôt fait nos joies et nos frayeurs.
TWazoo
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le 6 mai 2014

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T. Wazoo

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