Cet album a le pire travail du monde : donner envie au public de l'écouter en live à la place d'un set composé à 90% de Rage against the Machine. Disons donc le tout de suite, l'album ne peut relever pleinement ce défis. Pour autant, il n'a guère à rougir de la comparaison et offre un disque qui aurait pu être le quatrième du célèbre groupe.


Attention ne minimisons pas l'apport de Public Enemy et de Cypress Hill. Au contraire, le son est très proche de ce que ces-derniers ont fait dans leurs derniers album. Mais à trop vouloir rapprocher le son de Prophets of Rage, on remarque forcément des différences. Les influences se mêlent et sans jamais s'éloigner des trois formations originelles, Prophets of Rage parvient quand même à ne jamais être trop près de l'une des trois. La proximité avec Suicidal Tendencies sera même frappante sur certains titres tels que Take me Higher.
C'est ainsi que Prophets of Rage représente le mieux sa nature profonde : ne pas révolutionner la musique, incarner un courant mélangeant hip-hop, rock, funk, metal, et offrir surtout un discours contestataire. Le but n'est pas seulement d'ouvrir les consciences, mais surtout de les maintenir ouvertes. Un concert de Prophets fera plus d'effet qu'une lecture du Capital de Marx. Est-ce que le disque est pareil ? Pas loin.


Plus doux, forcément, mais pas oubliable pour autant. L'album est porté par l'excellent Unfuck the World dont la puissance, la technicité, le son, l'agressivité n'est plus à prouver. Forcément, face à un tel morceau, difficilement de combler le disque et c'est peut être là le plus gros défaut de ce premier album éponyme.
On notera pourtant un Radical Eyes qui ouvre l'album avec efficacité et se hisse directement comme une des meilleures pistes. Hail to the Chief parvient également à produire cette rage révolutionnaire que le groupe entend propager avant tout. Ce trio de morceau est efficace à 100%, vrais, sincère. Forcément les paroles sont efficaces.
On appréciera aussi Smash it et Who owns who comme deux titres très agressifs et efficace.
Dans un délire plus varié Legalize me et Take me Higher sonnent très drôle mais ne sont pas du tout perdus sur ce disque pour autant. Comme je le disais, les deux rappellent beaucoup Suicidal Tendencies. Si The Living on 110 parvient à offrir un morceau efficace avant Counteroffensive titre pour le DJ qui enchaîne sur Hail to the Chief et réalise ainsi une première moitié d'album très réussie, on notera que l'on a quand même un peu de remplissage avec tout ça et les quelques morceaux restant.


Globalement on notera surtout que la rythmique est parfaite : Brad Wilk et Timmy C (Tim Commerford ne cesse de changer encore de nom) savent offrir les meilleurs rythmiques possibles, efficace à souhaits, groovy tout en proposant un rythme solide sur lequel rapper sans perdre en agressivité et, encore une fois, en groove.
Tom Morello ne s'endort pas et offre quelques belles nouveautés. Loin de se reposer comme au temps d'Audioslave (bien que j'appréciais son son à cette époque aussi), le voilà réveillé et révolté et ça se sent dans cette volonté de se montrer digne de sa légende.
Doit-on parler de la légende Chuck-D ? Cet homme est une légende et il nous le rappelle à tous avec brio. Heureusement que c'est à B-Real de lui répondre, peu auraient assez de force, de puissance, mais aussi de sincérité dans le discours pour pouvoir y faire face.
Seul DJ-Lord est un peu en retrait tout le long de l'album.


Prophets of Rage aurait pu ne pas faire d'album, se contenter du live. Ils ont pris le risque de l'album, un risque gagnant ! L'album n'est pas parfait mais propose quelque chose qui, plus que de tenir la route, convainc réellement et donne un sentiment de progrès dans les carrières de chacun des membres, tout en ayant une unité qui montre que la formation est tout sauf artificielle.

mavhoc
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le 17 sept. 2017

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