Power of Soul
7.9
Power of Soul

Album de Idris Muhammad (1974)

Découvert au détour d'une session de recherche de samples, cet album d'Idris Muhammad fait partie de ces disques pour lesquels je me demande régulièrement comment j'ai fait pour passer à côté pendant si longtemps.
Pourtant, il y a tout ce que j'aime dans la musique en général, et, ô joie, exactement ce que je recherche en ce moment.

Idris Muhammad, c'est d'abord un batteur. Et s'il n'est pas extrêmement courrant qu'un batteur soit à la tête d'une formation, il est intéressant de constater que dans le cas qui nous intéresse, Muhammad n'a pas tiré la couverture à lui, loin de là. C'est simple, à part le premier morceau (Power of Soul), plus rythmé que les trois autres, la batterie est probablement l'instrument le plus discret, le plus effacé de ce disque. Il parait n'être qu'un marchepied pour que les autres instruments prennent de la hauteur.

C'est d'autant plus vrai que Muhammad a su s'entourer de Grover Washington Jr au saxophone et de Bob James au clavier. Alors, certes, je ne suis pas spécialiste de ces deux musiciens (et pour tout dire, ce n'est que récemment que j'ai véritablement prêté une oreille plus attentive au premier), mais Bob James étant l'auteur d'un de mes titres préférés dans le genre (Nautilus), j'aurais du tomber bien avant sur le nom d'Idris Muhammad et sur cet album.

Inscrit pleinement dans la mouvance jazz-funk de l'époque, les quatre titres de Power of Soul s'étirent au delà des formats radio, ce qui donne l'opportunité à chaque instrument de trouver son refrain et ses solos. Pour peu qu'on aime une composition en particulier, c'est du coup un bonheur de la voir atteindre au minimum 7 minutes.

Cet espace laissé à chacun, permet de donner une épaisseur à la présence de chaque instrument, de chaque musicien. Surtout avec une telle palette : entre la guitarre toute en légèreté qui va du motif funky purement rythmique au solo espiègle en passant par le soutien à un autre solo, la basse discrète, mais ronde et parfaitement complémentaire de la batterie, les cuivres complétaires qui dialoguent (saxophone/trompette) et un rhode toujours présent dès qu'il faut donner du corps à une composition ou appuyer une rythmique, l'éventail des textures est large.

Mais cette façon d'étirer un morceau, c'est aussi un bon moyen d'isoler des phrases tantôt simples, tantôt complexes, ce qui explique pourquoi certains titres ont été particulièrement souvent samplés. Rien que sur mes deux titres préférés de l'album (Piece of Mind et Loran's Dance), je crois bien avoir reconnu une bonne dizaine de samples utilisés principalement pour des boucles hip-hop.

Je dois d'ailleurs préciser que le morceau qui m'a amené à découvrir Idris Muhammad, c'est "Casse la Baraque" des X-Men. La base de ce titre des X-Men est simplement basé sur les premières mesures de Piece of Mind, ralenties pour donner descendre d'un ton ou deux, et ainsi offrir plus de masse au couple basse/Rhodes.

En faisant un rapide retour en arrière, je me suis rendu compte que cet album des X-Men, je le connaissais depuis 1999. Il aura donc fallu 14 ans pour qu'il me mène à l'album d'Idris Muhammad, lui-même sorti en 1974.

Détail amusant, le photographe qui a réalisé le cliché utilisé pour la pochette de Power of Soul n'est autre que Duane Michals, photographe que j'ai découvert également en 1999. Qui sait, peut-être qu'en tirant cette ficelle-là, j'aurai découvert Idris Muhammad plus tôt et plus rapidement ?

Un vrai jeu de piste, je vous dis.
Mais c'est aussi ça qui est bon.
G_Savoureux
8
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Créée

le 8 juin 2013

Modifiée

le 8 juin 2013

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G_Savoureux

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Critique de Power of Soul par xeres

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