Fan des années 80, vrai fan jusqu'au bout des synths

Loin de moi l'idée de me présenter comme un fan légèrement détraqué d'Adèle Castillon qui suivrait ses projets depuis des années. Cependant...

Adèle Castillon, à l'origine, est une Youtubeuse qu'on peut dire de ma génération. Je me rappelle, plus jeune, regarder ses vidéos dans le lot des podcasts auxquels on avait droit. Une période assez étrange sur YouTube quand on y repense, un temps que les moins de 20 ans ne connaissent pas forcément. La période où tout ne semblait être qu'humour et naïveté sur la plateforme. Cette naïveté qu'on retrouve d'ailleurs dans les paroles de son premier album, ce qui lui confère le même charme qu'on décelait déjà dans l'album de Vidéoclub. Cependant, les temps ont changé, et la balade romantico-mélancolique qu'était son premier groupe est devenu un voyage planant au sein de la génération née aux environs des années 2000. Un voyage parcouru d'embûches, de drames, et de légèreté aussi. Ce voyage, c'est Plaisir Risque Dépendance.

Comme à son habitude, Adèle Castillon nous présente une floppée de titres bien ancrés dans son univers, et parfois un peu inégaux. Côté paroles, une deuxième écoute nécessaire permet de déceler une vraie identité. Même si tous les titres ne possèdent pas nécessairement de fulgurances littéraires, il faut saluer leur bon rendu avec la partie instrumentale quand on sait à quel point le français est dur à manipuler en dehors de la variété française.

L'accompagnement musical de ses paroles adolescentes sonne quant à lui très adulte, très bien formé dans une majorité des chansons. On y retrouve de nombreuses influences, essentiellement de la french touch des années 2000. La meilleure pièce de l'album, Promis, est ainsi très proche d'œuvres de Vitalic, avec une richesse musicale peut être même supérieure au reste des titres. Souvenirs, elle, rappellera l'ambiance un peu hors du temps de Fantasy (DyE).

Ainsi, la signature sonore de l'album va au-delà du simple hommage aux années 80 qu'on pourrait attendre d'un album électro-pop de l'ancienne chanteuse de Vidéoclub. On y retrouve certes les claviers bien typiques et les rythmes peu surprenants mais toujours efficaces. Cela dit, ce serait ignorer les arpeggiators et progressions d'accords qui portent les chansons dans cet univers bien défini qu'est le sien.

PRD est le produit de multiples influences, c'est indéniable et c'est ce qui fait en général de ce genre d'album un plaisir auditif pour qui sait les repérer. Oui, je l'avoue, je me suis souvent senti DiCaprio sa clope à la main en train de pointer la piste Spotify avec un grand sourire. J'ai parfois cru y déceler un peu de naïveté Voulzyesque (autant dire que niveau nostalgie et retour en enfance j'étais comblé) et de la mélancolie très synthwave évidemment, qui tend même vers la vaporwave. A ça, on peut aussi mentionner des influences un peu plus modernes, parfois trop pour moi, et un côté plutôt variété française sans jamais tomber dedans. Enfin, j'avais entendu qu'un de ses titres était tiré d'une chanson d'Italo-disco, ce qui en soit est un petit miracle: qui de moins de 30 ans - à part moi - connaissait encore ce genre incroyable?

S'il fallait être un peu négatif, il faut reconnaitre la faiblesse de certains titres. Impala, qui avait beau être un succès en single (plus gros succès sur Spotify parmi les chansons de l'album, ce qui s'explique aussi par son contexte de parution), est selon moi légèrement surcoté. Hormis un passage très bon vers la moitié de la chanson, c'est avant tout un titre calibré, un peu trop pour moi. Sensations semble prendre le même chemin, alors que l'album a tellement plus à offrir. Un titre comme Je t'aime, aux paroles très simplistes, a lui au moins le mérite de proposer un environnement sonore intéressant.

En opposition à ces calibrages (qui permettraient cela dit une meilleure exposition d'Adèle, ce qui serait mérité), je reste grand fan d'Alabama et de Rêve, entre autres parce qu'ils sont survenus au moment où j'avais besoin de ça, mais aussi pour ses instrumentales percutantes et dont je ne me lasserai jamais. Pour le coup, ce sont parmi les meilleures chansons de l'album alors qu'elles sont sorties en single, choix pertinents.

être sensible à la mélancolie, aux synthétiseurs, aux progressions en arpeggiators et aux voix féminines qui sortent des carcans habituels est une situation qui ne pouvait pas déboucher autrement que sur une forte adhésion à son univers. Ceci explique probablement cette critique fleuve pas toujours objective mais je l'espère, représentative de mon intérêt pour la musique d'Adèle Castillon.

Une question demeure cela dit en suspens: quid de l'avenir? Comment pourrait-elle évoluer, alors que tout ce qu'elle avait de plus fort à transmettre a déjà été transmis dans un album qui fait l'effort de dépasser les dix titres? Il faut espérer un succès d'estime et de vente pour PRD, mais aussi une sagesse de sa part pour transformer ça en encore plus qualitatif dans les années à venir, quitte à se concentrer des années sur la scène avant de revenir écrire la suite de cette histoire. Et parlant de scène, j'attends avec impatience une venue en Alsace. J'aime bien son univers, mais Paris ou Nantes c'est un peu loin pour moi.

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le 30 oct. 2023

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lordwraith

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