Révélés par leur deuxième Lp, In Case We Die, paru en France début 2006 et consacré “album du mois” dans les pages de ce magazine, les Wallabies d’Architecture In Helsinki refont aujourd’hui surface. Forte d’une reconnaissance internationale qui, à l’instar de leur musique inclassable, s’est bâtie au-delà des chapelles (le disque de remixes We Died, They Remixed témoignait du phénomène en réunissant des artistes aussi variés que Hot Chip, Mocky ou Dj Mehdi), la formation désormais réduite à six membres (exit Isobel Knowles et Tara Shackell) est attendue aux quatre coins de la planète dans une certaine agitation. Malheureusement, les espoirs placés en Places Like This sont vite déçus. Le morceau introductif Red Turn White, qui sonne comme du Prince chanté par Isaac Brock (Modest Mouse) au sortir d’un open bar, a d’ailleurs le mérite d’annoncer la couleur : les mutins australiens se sont transformés en grandes gueules braillardes et jouent ici une comédie assez dramatique. S’ils ont notoirement peaufiné les instrumentations, les ambiances et la production, et élargi un peu plus encore leurs sources d’inspiration, les voix opèrent tout au long du disque un travail de sape sans précédent. Et les compositions semblent elles aussi avoir été privées, sinon d’attention, en tout cas d’inspiration. Car hormis l’entêtant Same Old Innocence qui fait office d’épilogue, aucun morceau n’arrive ici à la cheville des titres, même les plus dispensables, de leur précédent méfait. Si le single Heart It Races tente de renouer avec la magie qui habitait le remuant Do The Whirlwind, il s’essouffle bien vite dans sa course. Quant à l’irrésistible légèreté de Wishbone, celle-ci n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. En espérant qu’il ne s’agisse que d’une mauvaise passe (de trois), laissons pour l’instant Architecture en plan.


Affublés d’un nom structural, enneigé et, il faut bien l’avouer, assez peu sexy, ces Australiens cachent bien leur jeu et s’amusent comme des fous du choc thermique qu’ils provoquent à coups de percussions des Caraïbes, cuivres en rafale, synthés eighties et cris de guerre inévitables (“hayaya wouh wouh” et autres “boum tada tada tada”). L’exotisme n’est qu’une question de point de vue : Cameron Bird, fondateur à l’imagination aussi débordante que celle d’un enfant hyperactif de 6 ans, a choisi la capitale de la Finlande pour évoquer un lieu abstrait, propice à des divagations qui commencent toutes par : “Il était une fois, dans un pays fort, fort lointain…” Après trois albums, dont un de remixes, le songwriter central du groupe décide de s’installer à New York pour de nouvelles aventures. Il envoie des squelettes de chansons aux cinq autres, restés en Australie, qui explorent les sons de tous les instruments qui ont le bonheur de tomber entre leurs mains – peut-être une trentaine, ils ne comptent même plus. Vient ensuite le moment où chacun abat ses cartes, surtout atouts : de la pop-song illuminée (Debbie, Hold Music) au hip-hop dur à cuire (Feather in a Baseball Cap), des sauts de kangourous (Same Old Innocence) aux câlins de koalas (Underwater), ces points de vue multiples restent unis par la spontanéité et le fun. Bonne pioche.(Inrocks)
Tâche ardue que de s'atteler à la critique du successeur de "In Case We Die" qui avait suscité chez moi enthousiasme et engouement. Ces fanfarons m'avaient bluffé tant ils avaient travaillé sérieusement à ériger un monument d'originalité et de ludisme aussi déjanté que bien calibré. C'est dire comme j'étais curieux et impatient à l'idée de découvrir leur nouvel album. Et puis là, déception. Si le premier opus avait directement trouvé le chemin de mon cœur, ce nouvel essai m'a, aux premières écoutes du moins, laissé un sentiment d'amertume. Une impression de morceaux enregistrés à la va vite lors d'un rappel de concert, agrémentés de voix trop criardes avoisinant les sommets que l'on peut atteindre sous sa douche. Quel désenchantement donc ! Mais après moultes écoutes attentives, le jugement ne peut que s'adoucir face à ce festival de joie et de bonne humeur. S'ils sont moins novateurs et plus énervants que précédemment, force est de constater que nos amis ne manquent pas de talent et nous ont pondu là une nouvelle bombe, mais à retardement. Ouf, les joyeux lurons d'AIH sont toujours dans la place... mais un peu trop près de l'excès d'enthousiasme mal placé. Puissent-ils ne pas emprunter une mauvaise direction.(Popnews)
Un peu déjanté, créatif, bouillonnant, euphorisant, voilà à peu près les qualificatifs qu'on avait associés à "In Case We Die", l'album qui a véritablement révélé Architecture in Helsinki. Des qualificatifs certes flatteurs et positifs, et il serait facile de reprendre les mêmes pour qualifier ce "Places Like This". Mais le risque serait de trop insister sur le côté festif et dynamique de cette musique, et par là de réduire Architecture in Helsinki à un groupe sympa que l'on écoute pour s'éclater. S'il serait absurde de nier cet aspect, "Places Like This" asseoit surtout la capacité du groupe à écrire des mélodies imparables, à les draper dans des arrangements toujours différents et inspirés, et révèle leur génie de l'interprétation. Leur travail sur les voix est à cet égard parfaitement bluffant. Sur Heart It Races, on a ainsi droit à un chant choral qui donne le tempo et sa couleur au morceau. Sur Hold Music, différentes voix se succèdent, comme pour former une trame et donner encore plus de relief au refrain ensoleillé et accrocheur. Au niveau des arrangements, le groupe affiche une disposition peu commune à emprunter tout ce qui lui tombe sous la main sans jamais tomber dans le jeu de la référence explicite ou de la singerie. Les cuivres cotoient les synthés et les guitares avec un naturel confondant, évident même. La dynamique des morceaux se révèle également plus complexe qu'on pourrait le penser. Sur Feather In A Baseball Cap, le groupe joue sur l'ambiguité entre un rythme electro rapide et une mélodie plus retenue, sur Nothing's Wrong, le groupe démarre sur une dynamique pop classique avant de faire surgir un passage instrumental chaotique.Tout cela a pour effet de créer un disque qui peut s'écouter à plusieurs niveaux : plaisir immédiat, envie de se laisser porter par la fraîcheur des morceaux, ou possibilité de gratter la surface, d'aller voir un peu comment cette belle mécanique s'agence, avec toujours le même plaisir. Et surtout la certitude que si ces australiens savent s'y prendre pour nous laisser penser qu'ils ne se prennent pas au sérieux, cela ne nous empêche pas de les considérer avec le plus grand sérieux justement, sans briser le charme.(indiepoprock)
bisca
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le 10 mars 2022

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