Paranoid, ou la mort qui vient frapper à votre porte

Après la méga claque reçue par leur album éponyme en février de la même année, Black Sabbath revient 7 mois plus tard pour nous pondre un chef d'oeuvre devenu depuis LA référence ultime en terme de doom.

Je suis un fan inconditionnel du Sabbath et Paranoid, plus de 40 ans après, est unanimement reconnu comme étant la pierre angulaire, le sceau de ce qui peut se faire de mieux dans le domaine du doom/heavy/hard. C'est la base. La mesure-étalon de la discipline. La bitte d'amarrage sur laquelle on accroche son navire en cas de tempête tellement le cordage est épais, lourd et solide.

Le précédent album est bien différent. Plus dark, plus sombre. Avec Paranoid, on monte la température de plusieurs degrés pour atteindre celle d'un sauna. C'est chaud, c'est sec et ça picote dans les recoins. L'opus débute par "War Pigs" et "Paranoid", deux chefs-d'oeuvre du Sabbath mis bout à bout. C'est magique ! C'est unique ! C'est fou ! La face A est dingue de toute manière, et encore je pèse mes mots. Peu de mots pourraient correspondre à cette face. "Planet Caravan" est elle aussi absolument superbe. On sort du doom pour fourrer son nez dans un trip psyché de plus de 4 minutes. On sent les effluves de l'encens se dégager de la chanson. C'est tellement évident et palpable à son écoute. Idéalement placé avant Iron Man afin de reposer les esprits. Car ce qui vient d'être présenté relève de l'insolente perfection !

Donc je disais, "Iron Man" enchaîne dans une incandescence de l'enfer avec une guitare iommiesque de folie ! Iron Man les gens, Iron Man quoi ! Vous prenez feu avec ce morceau, littéralement. L'Homme de Fer vous broie la tronche comme c'est pas permis. Ça fait mal hein ? Eh ouais on est dans la cour des grands là, pas dans la courette de la variétoche à deux sous. Va falloir vous y faire si vous souhaitez vivre après ce brulot. Car la face B va vous achever si vous n'avez pas pensé à vous parer de votre armure.

La face B - "Electric Funeral" - commence fort avec la guitare wah-wah de Iommi. Allez hop c'est parti d'emblée. Ozzy prend le relai avec sa voix d'outre-tombe. C'est flippant ! Autant flippant que magnifique de maîtrise. Put*in quel génie n'empêche. On ne se rend pas compte du taf qu'y à derrière tout ça nom de dieu pour parvenir à un tel niveau ! Bref, Les Obsèques Électriques, fallait le trouver ce foutu nom quoi. En français ça en jette, surtout que la suite est "Hand of Doom" qui est reste dans l'esprit de la chanson précédente. On se balade dans la mort. J'trouve ça sympa comme promenade. Autant la faire de notre vivant afin de ne pas en avoir peur à l'orée de notre perte. (entendez par-là la fin, la mort) On y est préparé au moins. Ça se finira de toute manière donc autant en écouter des bribes pour déjà avoir un pied dedans.
Hand of Doom est composée de deux parties distinctes où la deuxième est beaucoup plus rythmée. Elle galope, chevauche dans la prairie, scannant alentour les ténèbres approchant. Puis elle se calme car elle est face à cette fameuse Main de la Mort. Oulala j'ai peur Samy. Mais non t'inquiète mon pote, ça va bien se passer si tu la fixes droit dans les yeux sans détourner ton regard de mortel. Easy stuff, man.
Surtout qu'après y a une Salade de Rat, alors garde une place dans ton estomac pour la becquetance. Certes une salade de 2'30 minutes mais elle est consistante la bougresse. Elle te donne à bouffer pour la sortie en fanfare que sera Fairies Wear Boots. Le trou normand du menu.
Avachit après un repas bien copieux, vous voilà fin prêt pour déguster le dessert et le digestif. Pas belle la vie ? Car Fairies Wear Boots clôt à merveille Paranoid. Oui à merveille ! Elle fait partie de mon Top 10 des chansons de Black Sabbath. Sans problème. Pourquoi ? Ca me semble assez clair et limpide. T'as 6 minutes où t'as le droit à tout. Tout ! La chanson de doom par excellence. Tellement de variations dans un enchevêtrement instrumental de par sa rythmique lourde par essence, de la puissance jugulée. On pousse les décibels mais pas trop afin de garder cette teneur propre au Doom Metal qui se doit de rester dans un univers plombé en apportant des touches heavy (à distinguer en cela du Traditional Doom Metal, plus lourd et moins métallique aux entournures). C'est là toute la difficulté de ce 'sport'. Trouver l'équilibre parfait pour ne pas tomber de l'autre coté de la barrière (comme disait Alain). Je dis ça car perso, le doom doit rester le doom. Pas de mélange. On ne met pas d'alcool de térébenthine pour diluer la peinture dans le doom metal sinon on a droit à des choses horribles...et là je tairai les noms.

J'en reviens à mes brebis pour ne pas les égarer.
"Fairies Wear Boots" est un titre majeur dans le doom. Il appartient à cette catégorie de morceau qui transcende un être humain. (en tout cas moi ça me transcende)
Quand t'écoutes le Sabbath, tu en as pour ton argent, et tu fais pas le trajet pour que dalle. FWB clôt et parachève un chef d’œuvre. Ni plus ni moins. Cet album est une pièce unique dans la musique, dans son acception la plus large (au même titre que Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band ou encore Wish You Were Here). Il est ancré dans le patrimoine de l'humanité musicale à tout jamais.

Avoir cet album chez soi est le minimum qu'on puisse faire pour lui rendre hommage !