PAINLESS
7.3
PAINLESS

Album de Nilüfer Yanya (2022)

Je ne connaissais pas Nilüfer Yanya avant de découvrir Painless, ainsi je ne vais pas la ramener et dérouler sa bio, je ne pense pas que vous ayez besoin de moi pour aller sur Wikipédia. Je n’avais donc pas vraiment d’attentes quant à cet album, le second de la Londonienne, dont la musique oscille entre pop, indie rock, funk, et même shoegaze (!!!).

· The Dealer ouvre le disque avec un rythme groovy à souhait, puis des accords de guitare aux couleurs jazzy avec une bonne dose de chorus. La voix de Nilüfer est plutôt grave, elle possède un super timbre. Les différentes couches de voix et leur traitement lui donne de l’ampleur et occupent bien le mix. On n’avait pas forcément remarqué l’absence de basse mais son entrée se fait elle bien remarquer. Un petit break après le refrain et ça repart de plus belle, à noter que la suite du morceau introduit un côté dream pop/shoegaze avec ce son de guitare au loin. Affaire rondement menée par Nilüfer sur ce premier titre, on a hâte d'entendre la suite !

· Le tempo ralenti avec le rythme posé de L/R. Le chant de Nilüfer est straight to the point sur le couplet et devient terriblement accrocheur sur le pré refrain avec les "left, right", qui eux ne se baladent pourtant pas toujours ainsi dans la stereo, on nous a menti ! Mais c’est pardonné car la suite du morceau est bien cool avec ce refrain qui se la joue… cool justement. "How does it feel ?" Great so far, merci de demander.

· Shameless est plus R&B (crossover R&B/Dream Pop, intriguant n'est-ce pas ?), très mélodique, ça passe bien. Je n’ai pas grand chose à dire dessus à part que ce n’est pas ma préférée mais que c’est quand même approuvé. J’en profite au passage pour souligner la qualité du mix et de la production de l’album.

· Retour en force avec l’agité Stabilise, son rythme aux sonorités hip hop et son riff de guitare presque oppressant. (Je ne sais toujours pas comment elle joue ce riff, je la soupçonne d’utiliser une pédale d’effet type arpégiateur (???)) Le pré refrain guitare/voix est super efficace (cette guitare qui rentre au milieu du passage !) et permet de repartir de plus belle sur le refrain qui s’achève sur un mémorable break de batterie. On retrouve encore une fois plein de pistes de voix qui semblent nous encercler. Avec un titre comme ça, non, Nilüfer ne va certainement pas nul part comme elle s’efforce pourtant de le répéter.

· Chase Me introduit un contraste entre beat électronique saturé et le reste de l’instrumentation plutôt clean, toujours avec du chorus sur la guitare. C’est simple sans être prévisible, les mélodies/progressions d’accords semblent familières et sont pourtant subtiles, et forcément le tout est méchamment efficace.

· Rythme de batterie linéaire, arpèges en son clair à la guitare très Radiohead, Midnight Sun commence bien. Cette impression se confirme avec le changement de progression d’accords, très Elliott Smithesque, qui introduit aussi plusieurs pistes de guitare acoustique, formant un magnifique ensemble de guitares. Chorus enclenché, on débarque sur un riff de guitare énergique. Des sons non identifiés carrément trippants agrémentent le tout aux côtés des guitares acoustiques sur le fameux passage à la Elliott avant que le morceau n'explose avec un mur de guitares distordues, génial.

· Trouble démarre sur des guitares brumeuses qui me font fortement penser à Emma Ruth Rundle et débouche sur un très beau riff (dont la sonorité est la même que sur Stabilise), avec le son de grosse caisse type synthé modulaire de Kid A, de Vous Savez Qui. La base du morceau, assez minimaliste, est de temps à autres complétée par des guitares atmosphériques. Ces guitares shoegazy se font encore plus présentes sur la fin du morceau qui nous fait volontiers nous évader.

· Changement d’ambiance avec Try, moins plombante, avec ses notes de guitare suivant la batterie ternaire. Nilüfer montre une fois de plus qu’elle excelle à chanter des mélodies que l’on retient instantanément. Au cas où on avait des doutes, l’usage de reverse reverb sur le pont confirme que la Londonienne apprécie le shoegaze, et arrive habilement à marier cette influence avec d’autres style.

· Company nous laisse en compagnie de la voix (les en l’occurrence) et la guitare (les en l’occurrence) de Nilüfer pour une ambiance plus tamisée. Décidément on a de la chance car Nilüfer nous sert une nouvelle fois un refrain imparable. C'est peut-être juste moi, peut-être que je vois (entends en l'occurrence) Elliott Smith un peu partout mais le passage suivant m'y refait penser dans la progression d’accords, et ce n’est pas pour me déplaire.

· J’aime un peu moins Belong With You, bien que le saxo et la trompette sur le couplet sont à mentionner. A vrai dire pour une fois le refrain, sans être horrible, ne m’emballe pas plus que ça. Après 9 titres de haut niveau c’est pardonnable, sachant que ce morceau serait de loin le meilleur de 95% de ce qui passe à la radio.

· Je ne suis pas non plus un grand fan de The Mystic, quoique le groove est franchement cool, et qu’on se laisse facilement séduire sur le refrain par le chant plus haut que d’habitude de Nilüfer et les subtils accords jazzy de guitare. Ah et la basse est cool. Did I just change my mind ? Sur le pont, Nilüfer troque son chant pour un style plus spoken word, tandis que la batterie devient carrément hip hop. I did change my mind.

· Sample de voix reverbéré, riff de guitare simple, hyper efficace, le tout s’annonce presque "radio friendly" mais il n’y a rien que l’on puisse faire pour y résister, Another Life tue. Nilüfer grave de nouvelles mélodies dans nos têtes, les harmonise, un synthé aérien fait son apparition, le tout sous le rythme entraînant de la batterie dont le son est excellemment bien travaillé. Les arrangements sont tout aussi incroyables, que ça soit des discrètes interventions de guitare, de synthé ou de voix. Le morceau s’ouvre totalement sur la fin de ce tube planant au ton optimiste, qui donne une très belle impression de l’album dans sa globalité.

Bon bah tout a été dit, cet album m’a conquis au fil des écoutes, je vais m’empresser d’aller écouter le premier et je suivrai la suite de près. Painless est très varié au final, mais l’ensemble est cohérent, on a bien l’impression d’écouter un album et pas une dizaine de titres s’enchainant sans réel fil conducteur. Une très bonne place assurée (la première ???) dans mon top 2022 pour Nilüfer Yanya, dont le second album Painless est une véritable réussite.

MB_Drums
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le 3 août 2022

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