Un peu à l'image d'un Devendra Bahnart ou de Jolie Holland, voici un homme, Sam Beam, qui s'est fait remarqué grâce à une collection de chansons enregistrées chez lui, et sorties telles quelles par son label (Subpop tout de même). Peut être que cela correspond à une soif nouvelle pour le "vrai", le "brut de décoffrage", très loin de MTV, ou des "Star Academy" et autres. Hasard du calendrier, les trois pré-cités sort leur deuxième album respectif en même temps : 3 merveilles, pour 3 albums enregistrés avec des moyens plus conséquents, en studio. On reparlera plus tard d'"Escondida" de Jolie Holland et de "Rejoicing the Hands" de Devendra Bahnart, mais pour le moment, place à la douce mélancolie d'Iron and Wine. C'est assez agréable d'avoir l'impression qu'un musicien nous chante au creux de l'oreille, juste pour nous, ses petits secrets. Secrets bien gardés évidemment, musique hors-mode trop fragile pour survivre en milieu hostile, mais Sam Beam est comme cela, et le fait d'enregistrer son album en studio ne l'aura pas changé.Comme fatigué du bruit du monde, il a pris le parti du chuchotement, de l'économie. Une guitare, un banjo, un piano...est c'est à peu près tout, plus sa voix et celle d'une jeune fille, toute aussi douce. Et le charme opère une fois de plus, "Our Endless Numbered Days" est sans doute son plus beau disque jusqu'à ce jour, plus abouti et riche que "The Creek Drank the Cradle" et le "The Sea & The Rhythm EP", pourtant deux merveilles. Parmi les merveilles présentes sur ce disque citons "Cinders and Smoke" longue ballade hypnotique, "Teeth In The Grass" et "Free Until They Cut Me Down", deux blues arides comme le désert, et pour finir, la plus belle "Each Coming Night", comme du Simon & Garfunkel joué avec un Banjo. Superbe. Il faudra un jour voir sur scène Iron & Wine pour tenter de comprendre la genèse de ces chansons, si simples mais tellement profondes…manque de chance la tournée européenne ne passera pas par la France. (indiepoprock)


Résident à  Miami, ex-étudiant en cinéma enseignant aujourd'hui le métier de chef opérateur à  la Florida State University, Sam Beam, dont l'activité discographique relèverait presque du passe-temps (pour s'accorder à  la discrétion de sa musique ?), n'est pas loin, non seulement d'être le secret le mieux gardé actuellement de la scène folk américaine, mais aussi et paradoxalement la révélation la plus éclatante d'une année 2003 qui n'en aura certainement compté que très peu. En à  peine plus d'un an, ce sont successivement un premier Lp, The Creek Drank The Craddle,un Ep à  la brièveté essentielle, The Sea And The Rhythm, et un nouvel album, Our Endless Numbered Days, qui se seront posés sur notre platine avec une grâce désenchantée sans équivalent. Quel est le secret de Sam Beam ? D'abord, sa voix, d'une douceur inimaginable dans un landernau folk américain décharné qui, par habitude, prise toujours moins le chant du merle que le sifflement du crotale. Ensuite, son sens minimaliste du songwriting qui, loin de la sévérité, permet au contraire à  l'auditeur d'imprimer sans violence chaque mélodie, déjà  remarquablement agencée, comme une voûte étoilée au-dessus de sa tête pensive et éplorée. Une guitare acoustique, un banjo occasionnel et tant de sentiments aussi pudiques qu'élégiaques à  transmettre sont les seuls lapins que Beam peut sortir de son chapeau, et pourtant ils suffisent à  transformer le folk triste de Our Endless Numbered Days en une complainte absolument lunaire et magique. Ce disque est à  chérir, pour contempler sans trop d'encombre l'interminable mouvement du sablier qui nous sépare du paradis. (magic)
bisca
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le 1 avr. 2022

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