Ótta
7.6
Ótta

Album de Sólstafir (2014)


We come from the land of the ice and snow, from the midnight sun where the hot springs flow.



C'est avec cette citation toute droit sortie d'un zeppelin de plomb que le groupe s'est présenté au début de leur concert au Hellfest de cette année. La suite du concert étant tout aussi classe, autant dire que j'en suis ressorti soufflé, et je ne vous raconte donc pas mon impatience quant à cette nouvelle galette du plus célèbre groupe de cow boys islandais.


Car Sólstafir est un groupe captivant, aux multiples facettes. Officiant au début des années 2000 dans le Black metal à tendances viking à la façon d'un Bathory, le groupe a glissé au fil des albums vers le post-metal : morceaux plus longs, ambiances travaillées, déconstruction des structures classiques (ouais, c'est juste comme le post-rock mais avec du metal), tout en chantant de plus en plus exclusivement dans leur langue : l'islandais. Ainsi sont nés les albums Köld et Svartir Sandar, dont est issu le chef d’œuvre Fjara, que je vous conseille d'aller écouter si ce n'est pas déjà fait. Non c'est pas un conseil, c'est un ordre en fait.


Et voilà que nos guerriers du froid se mettent à se déguiser en cow-boys (ils ne cachent pas leur amour du western) pour nous sortir Ótta. La pochette en noir et blanc, qui n'est pas sans rappeler un film d'Ingmar Bergman, nous indique d'emblée que cet album sera celui de la maturité.


Il y a aussi ce clip de Lágnætti où l'on voit un 4x4 écarlate estampillé d'une faucille et d'un marteau emprunter les pistes boueuses islandaises pour finalement arriver à cet endroit précis au milieu de nulle part où des cow-boys jouent sur un piano en flammes...


Ótta est pour moi comme un concentré d'Islande en musique. Il est à la fois glaçant et captivant, âpre, mais magnifique, à l'image des sublimes paysages du pays. Comme sur les précédents albums, tout y est chanté en islandais, cette langue si particulière dont Sigur Rós ou Asgeir ont déjà révélé l'âpreté exquise, une belle étrangère qui vient nous caresser l'oreille.


À l'écoute des deux premiers morceaux et notamment des banjos d'Ótta, on croirait que Sólstafir s'est définitivement calmé, laissant loin les racines metal pour se concentrer sur du pur post-rock, tout en émotions et montées en puissance. Et en effet, les rythmes ralentissent, le piano remplace souvent la guitare des albums précédents. Cependant, çà et là, un rythme de batterie ou un riff de guitare surgissent tels des geysers pour nous rappeler le magma qui sommeille sous ce calme apparent. Et puis, il y a toujours la voix du chanteur, poignante, torturée comme une roche de lave solidifiée.


Voici donc mon album préféré de l'année 2015, parfois maladroit dans ses dosages (trop de voix saturée peut faire saturer) mais toujours captivant, novateur et stimulant, et plus que jamais accessible au grand public. Un grand album de post-rock, miroir à émotions, mi-viking, mi-western, tout comme l'Islande est à cheval entre les plaques eurasiatiques et nord-américaine.

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le 15 sept. 2014

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Nordkapp

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