Or Noir Part 3
4.5
Or Noir Part 3

Album de Kaaris (2019)

27 décembre 2018.


Entre des dizaines de publications Instagram proposant à Booba multiples rapports anaux, sexe incestueux et consorts, Kaaris dévoile la pochette du troisième volet d’Or Noir.
Plus qu’une simple pochette designée par Fifou afin de mettre sa famille à l’abri, cette image est forte, et possède une symbolique plus forte qu’on ne pourrait l’imaginer.



Arrivés du bled, on a brisé nos chaînes comme Andromède.



Menottes dorées aux poignets, Kaaris annonce fièrement le troisième opus. Couleurs permettant de faire le lien entre les deux opus précédents, le noir omniprésent pour le premier opus et l’or pour rappeler que le deuxième opus avait quand-même une cover sacrément dégueulasse, tout annonce un retour en grande pompe.
Ce qu’il est amusant de constater, c’est que cette pochette résume parfaitement tout l’état d’esprit de Kaaris, mais aussi sa carrière.
Si on prend les menottes de Kaaris et que par analogie, on considère ces dernières comme Or Noir, tout prend sens. Il est ici question de se libérer du classique qu’ont produit Kaaris et Thérapy, classique qui dans la carrière de l’artiste n’est plus qu’un cadeau empoisonné, un fardeau qui empêche l’artiste d’avancer et de proposer une formule nouvelle sans qu’on lui rabâche en permanence « ok mec mais Or Noir c’était mieux ».
En voyant ces menottes et en comprenant qu’une des deux menottes, hors-champ, n’est absolument pas explicitée quant à l’endroit où elle se situe, la question est la suivante : Est-ce que Kaaris s’est libéré de son fardeau en proposant un opus différent, qui n’a d’Or Noir que le titre ? Ou est-ce que Kaaris est condamné à parler d’Aventador, de son passé artistique et de l’époque du Clos ?



Pute ne trouve pas le sommeil, pourtant l’anus porte conseil.



Quoi qu’on en dise, et qu’on qu’en diront toutes les personnes n’ayant entendu de Kaaris que quelques phrases de ce dernier, l’écriture reste une donnée importante dans Or Noir. Je pense que Bizon, les couplets sur L.E.F, A l’Heure et plein d’autres mesures le prouvent assez facilement. Il n’y a pas besoin de revenir sur ça.


Sur ce point-là, « objectivement parlant », je pense qu’on sera tous d’accord sur deux choses.


La première, c’est qu’il y a toujours quelques fulgurances, notamment le « on t’arrache le cœur par le trou de balle » que je trouve personnellement très drôle (je suis bon public) ou « Une éclaircie et mon coeur prend feu ».


La deuxième, c’est que malgré ces quelques fulgurances, les textes sont beaucoup moins forts qu’Or Noir, et même moins bons que toute la première partie de discographie du rappeur Sevranais, c’est-à-dire de Z.E.R.O à Double Fuck. Les gimmicks et adlibs sont devenus totalement ridicules. Entre les « hey-hey » -présents sur Or Noir, certes - servant de remplissage, les « SUCE » et « PUTE » dont je soupçonne une forte inspiration sur Alkpote et les « sku », tout suinte la facilité. Les références sont téléphonées : Scarface, le Moët, les Bugatti Veyron, GoT, etc. Même si ça ressemble beaucoup à du pinaillage et qu’on ne reproche pas à des rookies comme Leto de répéter sans cesse qu’ils vont prendre le rrain-té d’en face, dans le cas de cet album, il est difficile d’apprécier ces références, surtout quand elles sont moins bien amenées qu’auparavant.


Toutes ces tares, c’est Monsieur Météo qui le caractérise le mieux.

Kaaris est dans une volonté de mimétisme et de reproduction de son classique telle qu’il cherche à être toujours aussi impactant dans ses textes, sans jamais réussir à reproduire l’exploit.

« Assieds-toi sur ma pisse »
« Ta pute a froid parce que jla baise sur le carrelage »
« Je les préfère siliconées parce qu’elles ont plus de seins »
« Pute ne trouve, pas le sommeil… »
Si certaines phrases peuvent faire sourire – le contraire étant mathématiquement impossible au vu des quantités de phrases qui se veulent golmon – et acquiescent d’un certain retour vers la formule Or Noir, force est de constater que cela s’arrête là.


Quel est alors l’intérêt d’écouter Or Noir part 3 si les textes sont devenus moins bons ?
La DA, les choix de prods, les feats, les publis Instagram affiliées ?



J'tourne en rond comme une peine à deux chiffres, qu'attend pour son appel aux assiettes.



Les feats sont carrés. Bendo. Si le premier avec Mac Tyer et Sofiane est assez insignifiant aux yeux des gens – malheureusement-, le feat avec SCH est quant à lui le meilleur son de l’album. Et il est encore la preuve que si nous voulons écouter Kaaris au niveau d’Or Noir, il ne faut plus l’écouter sur long format mais sur featurings.


Au-delà des feats, que penser des prods ?
Le retour de Therapy 2031 via MōC (qui est sur Chiens de la Casse notamment) ramène aux ambiances déjà proposées sur LBDMA. Étrangement, et là on rentre beaucoup plus sur du subjectif : j’aime bien ces morceaux. Gun Salute est cool. Je n’ai absolument pas d’avis plus développé.


Et c’est à peu près tout. Les autres morceaux sont soit totalement insignifiants et absolument pas desservis par les performances de Kaaris (Livraison, AieAieOuille), soit trop dozoesques pour ma part.


Une dernière question se pose : le public n’est-il pas la véritable pute dont Kaaris parle inlassablement dans son album ?



T’es la plus grosse pute qu’une chatte n’ait jamais expulsé.



Même si cela n’a pas énormément à voir avec l’album et sa qualité intrinsèque, force est de constater que le public a surement joué un rôle dans tout ça, aussi mineur soit-il.

Loin de moi l’idée de tirer sur le public rap – dont je fais partie et dont on sait tous qu’il est cancérigène, car « rap is shit » selon un très bon rappeur -, j’aimerais simplement émettre un constat sur le contexte de cette sortie.

Depuis LBDMA, Kaaris est toujours sujet à la même remarque se résumant à un grand « Refais du Or Noir, refais du sale, ton album est naze ». Clamant le départ de Therapy pendant la période LBDMA // Double Fuck et réclamant le retour de ces derniers un an plus tard, répétant depuis 4 ans vouloir du Or Noir, n’écoutant les albums qu’en le comparant au classique instantané qu’est ce dernier, comment Kaaris peut s’en sortir ? Bloqué entre la demande incessante des fans de trap « bresom » (sisi man), la lassitude rapide que peut provoquer ce genre de musique auprès des gens, sa propre identité artistique et ses limites, il semble difficile pour Kaaris de rebondir et encore plus quand on voit son sort auprès du public rap. Comme s’il avait accouché de sa propre fin.


Au final, qu’est donc Or Noir part 3 ?
Une volonté de tuer Or Noir pour mieux rebondir ?
Un coup marketing foireux de la part de Def Jam ?
Baisons-nous Chulvanij ? (oui)
Ou simplement un nom que Kaaris a trouvé après une branlette et deux joints ?


Or Noir part 3, au-delà d’un symbole, est un fardeau que s’est imposé Kaaris et qui aura déçu.

Dommage, car l’album, même s’il n’est ni incroyable ni calamiteux, aurait pu jouir d’une aura beaucoup plus positive s’il s’était appelé autrement de par ses propositions nouvelles et son envie de moins fricoter avec les chichas et les clubs.

(Et de par le fait que ce n’est pas Dozo, mdr.)



J'serais debout jusqu'au clap de fin.



Edit : flemme d'écouter les sept titres bonus, la promo est tlmt naze que je comprends que dalle au séquencing comme disent Amin & Hugo, Exo Planète était lourd mais je crois que le reste c'est juste pour tourner en chicha.

adriyain
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le 28 janv. 2019

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adriyain

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