Open Your Eyes
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Open Your Eyes

Album de Yes (1997)

Comme une boite de chocolats...(correctif 2020)

Les gens, instinctivement, n'aiment pas cet album.
Et la raison en est simple : le son est horrible, compressé et épuisant.
Il est marrant de noter que c'est finalement le critère prioritaire chez l'auditeur, même si c'est inconscient. Marillion avait vécu le même déboire avec un très bel album, rempli de superbes chansons, mais qui fut traité "étrangement" par le mixeur. Et cet album fut Radiation. Il sera complètement retraité et remixé en 2013. Heureusement.
Ainsi les gens n'ont pas tort avec cette question du son, mais généralement ils mélangent leur ressenti avec la qualité de la chanson elle-même. Et en ça, ils ont tort.


Cet album a un grand problème, et il a un nom et un prénom : Billy Sherwood, clone officiel de Chris Squire, éventuellement guitariste, ingénieur son à ses heures perdues, malheureusement clavier sur cet album et amateur de sons de synthé dégueulasses. Il appliqua la même recette "son boite à chaussure"pour son propre album "Euphoria" de World Trade en 1995, deux ans auparavant. D'ailleurs "Euphoria" et "Open your eyes" se ressemblent fortement. Ecoute, tu verras, c'est saisissant, ou comment un fan de Yes a vampirisé son modèle...


Il sera à la fois à l'enregistrement ET au mixage final de Open your eyes, plus communément appelé Close your ears, ou pour les initiés Close to the edge, finally
Et c'est une erreur que Yes commet là.



Ce disque aura un son écrasé.




Égalisation, mixage, spatialisation, mastering : tout un art



Le nerf de la guerre pour les grandes maisons de production ? Le son. Ils placent beaucoup d'argent dans cet aspect, avec des ingénieurs, des producteurs, des mixeurs réputés, car ils savent que c'est ce que les gens entendent en premier.
Crois-tu que les Beatles auraient été aussi bon sans l'apport de Georges Martin et les studios d'EMI, Abbey Road ?
Et cet album Open your eyes, tout en étant sur un petit label, a un gros problème de son, d'égalisation, d'équilibre entre les instruments.
Je crois qu'ils devraient faire remixer cet album par Steven Wilson, par exemple, rééquilibrer les aiguës et les médiums, repenser la spatialisation des instruments, ouvrir plus le mixage, et pourquoi pas se pencher à nouveau sur les parties de synthé désastreuses. Et vous verrez : cet album reprendra des couleurs, une image stéréophonique plus large, un son moins écrasé...


Encore merci, donc, au Label qui a voulu sortir cet album dans la précipitation, et qui ne leur a donc pas laissé le temps de peaufiner et d'arranger, ou ne leur a pas donné un producteur digne de ce nom. Car au final, ce que nous avons, c'est l'album Yes le plus mal produit, de toute sa discographie (avec Heaven & earth), alors qu'il y a pourtant un bon matériel de base...
Je l'ai déjà dit concernant le nouveau mix de Fly from here : return trip, un mauvais mix peut te flinguer un album.


Cela a été un gâchis, mais ce n'est pas irrécupérable.
Alors qui aujourd'hui prendrait en charge le fait de remixer et remastériser cet album ? Steve Howe ? Jon Anderson a-t-il encore droit au chapitre ? J'ai l'impression que plus personne ne veut entendre parler de cet album. Et pourtant, à ma grande surprise, en réécoutant cet album , je réalise que la plupart des chansons sont vraiment pas mal !



Open your eyes, titre par titre



New state of mind: Titre d'ouverture puissant, bien balancé, accompagné de choeurs magnifiques. On peut déjà déplorer les synthés...Le son est trop ramassé et fait presque mal aux oreilles. Il propose de bons passages mélodiques ("are you ready for love ?"). Seule la guitare en solo de Steve Howe arrive à sortir par moment. Mais tout est écrasé, c'est incroyable. Bonne chanson, et beau final.


Open your eyes : même verdict sonore, décidément Sherwood n'y va pas de main morte. Cela fait mal dans les médiums aigus. Je souffre. Sinon la chanson en soi est un bon titre. Le refrain tout en douceur est bienvenue. après ça sature : passe- moi le flingue, putain ! Il est où Billy ? Pendant ce temps t'entends dans la mélasse sonore Chris Squire chanter "it's time to face reality". Ben ouais il serait temps. Le son est mauvais, c'est assez réel ça pour toi ? Purée, il n'y a vraiment rien qui survit à la moulinette Sherwood dans le mixage. Et dire qu'ils braillent "you got a great imagination" ou "open your eyes". C'est paradoxal, non ? Pourquoi n'ont-ils pas plutôt ouvert leurs oreilles ?


Universal garden : superbe intro de Howe à la sèche, enfin un titre qui respire, plus émouvant, plus fin. Chanson aux paroles cosmiques, avec une structure complexe : on est dans la tradition des chansons de Yes. Encore une fois le son est rempli d'effets nuisibles, de médiums dégueulasses et le son synthé est juste passable, tout au plus. Purée, donne-moi un Efferalgan ...J'adore la conclusion avec cette jolie résolution harmonique à 4'28 : belle émotion.


No way you can lose : comment peut-on détester une chanson qui dit "we can all find a way to resolve our differences, there's no way we can lose" ? Moi, j'adore cette chanson, c'est une joyeuse ballade, fraîche, et mes oreilles respirent. Le secret tient dans les paroles, vois-tu. Faut être simple parfois dans la vie. C'est une chanson proche de "Saving my heart" de Rabin, que j'aime beaucoup aussi. Alors, "ready or not" ?


Fortune seller : Basse imposante, superbe ligne vocale, superbe dynamique rythmique. Puis à 0'50, tout se gâte. C'est quoi ce son ! Les chœurs bavent et la guitare de Steve déboîte carrément les oreilles. Ainsi le couplet est remarquable, mais la seconde partie arrache complètement l'oreille. Puis, moment magique à 2'49 : break, on retrouve la magie de Yes. Puis retour finalement à la partie dégueulasse. T'es épuisé à fin de l'écoute, je te jure. Le solo de Koroshev est court mais très bon. Dommage qu'il n'officie pas sur tout l'album, au lieu de qui tu sais : purée passe-moi l'arsenic.


Man in the moon : ce titre est intéressant car dès le début, tu te demandes franchement, mais qu'est-ce que ce morceau fout ici ? Je te passe la qualité des sons de synthés à faire passer les claviers d'un groupe de Raï pour de l'art contemporain. Je te passe bien sûr le mixage qui en fait n'a pas du tout été fait.


Wonderlove : petite merveille d'introduction. Tu commences à y croire. Puis tu commences un peu à douter. Puis vient le refrain. Là tu détournes la tête. Pourtant le couplet qui reprend fonctionne bien. Je me répète, mais le synthé est mauvais, et la guitare de Steve bave dans les aigus. Puis O surprise, superbe break modulé, sauvé de justesse de la réussite par le massacre en règle de Sherwood au mixage et au synthé, puisqu'il est crédité. Le morceau ne casse pas des briques, mais aurait pu bénéficier d'un meilleur traitement. Tiens ! Retour du break. J'aime vraiment bien ce passage...


From the balcony : Steve & Jon, comme à l'époque, avec une pièce proche des classiques Turn of the century ou Madrigal, guitare et voix. Une beauté. C'est vraiment un fantastique duo.


Love shine : d'entrée, passe-moi la carabine, putain ! C'est quoi ce synthé, purée ? Malgré tout, le son, le synthé, le mix - c'est à désespérer cette production - et bien malgré tout, j'aime bien la chanson, celle qui se cache derrière, hein...
"Give me hope...when I need it". Bien traitée, cette chanson aurait pu être un tube, vois-tu.


Somehow...someday : j'aime beaucoup ce morceau. La structure rythmique me fait penser à "City of love" extrait de 90125. La production respire, même si le son carton et mastoc typique de Sherwood à la batterie fatigue...C'est un bon titre de Jon Anderson.
"Hearts we'll be chosen..."


The solution : La claque introductive, le mystère dessiné dans le couplet. Ce morceau est une profession de foi. "We all know deep inside the solution". C'est un morceau puissant, épique, ample, magistral, et super bien balancé rythmiquement. Tout le monde est présent, et c'est pour moi le morceau le plus émouvant et le titre le plus réussi de cet album. Et le plus poignant aussi.
"Looking for the solution. You hold the key" Le final est un peu chaotique, mais je me suis fais une version edit...


(hidden track) : ...C'est vingt minutes de bonheur, qui nettoie tes oreilles, après ce mix lamentable infligé par Billy Sherwood. Le vrai album se tient peut-être là, qui sait... Entre bruits d'insectes de la jungle, d'oiseaux et de mer, et quelques réminiscences vocales. Une vraie détente. Enfin la vie, la vraie, sur une île déserte... loin de tout.


Allez, ferme-les yeux, et écoute...


Correctif 2020 :
Je viens de me procurer le nouveau packaging de "Open your eyes" sorti cette année chez Earmusic (le label de Marillion). Et bien, belles surprises : le packaging en carton a été retravaillé, le lettrage rééquilibré. Mais la grosse surprise vient du mastering. Bien qu'ils ne l'annoncent pas, l'étalonnage musicale est beaucoup profond et équilibré, et tous les défauts qui m'insupportaient dans le son disparaissent. Du coup, c'est un album que j'écoute beaucoup en ce moment. Ah mon dieu ces basses....


Titres favoris : "The solution", puissant, étonnant
"No way we can lose", "Somehow, someday", "New state of mind", "Universal garden" et "From the balcony"


"Open your eyes"...parfois appelé "Close your ears"
ou pour les initiés "Close to the edge, finally",
ou encore "Too close to the edge",
ou parfois "The non-tales of the non-topographic oceans"
ou encore plus prophétique "Sink from here",
ou le très Bilbo "Yes, an unexpected album"
ou tout bonnement et un peu familièrement : "l'album de Chris et Billy"

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le 31 mai 2018

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